Un voyage sur la RN1 : le « colis » de Mâ Catherine…

Jeudi 6 Août 2015 - 17:01

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La débrouillardise est le propre de celui qui cherche. Pour les commerçants sur la Route nationale N°1, elle passe par l’emploi d’un mégaphone.

Vous connaissez Mâ Catherine ? Ne vous fatiguez pas : la réponse unique est non ! Car il ne s’agit ni de votre tante, ni de la voisine à côté, ni de la vendeuse du marché de Ouenzé. La ‘Mâ Catherine’ dont il est question ici (Maman Catherine, dans la forme déroulée de respect qui nous fait honneur lorsqu’on veut parler de femmes d’un certain âge), personne ne l’a vue. Personne ne lui a serré la main, ne lui a parlé : il s’agit d’une formule qui fait rage sur la route nationale N°1, et surtout entre Pointe-Noire et Loutété. Qui est donc cette figure mythique ? Commençons d’abord par situer le phénomène.

On a beaucoup dit sur la route qui relie Pointe-Noire à Brazzaville, et même Ouesso maintenant. Le trafic commence à y être intense, signe d’un intérêt certain chez le Congolais pressé. La route met Dolisie à trois heures de Pointe-Noire, c’est une aubaine pour les commerçants. Aussi, d’abord sous la forme des containers, puis des camionnettes réfrigérées, se sont-ils lancés dans un créneau qui n’étonnera personne : celui de la vente de poisson de mer.

Avec une route aussi rapide en effet, le poisson de mer péché au large de Pointe-Noire n’a plus à subir la torture dans des containers convoyés par le train. Avec d’ailleurs au bout une odeur peu glorieuse à l’arrivée ; puant, presqu’en décomposition. La route de Pointe-Noire à Loutété (et peut-être même au-delà) est désormais sillonnée par des voitures-taxi d’un genre particulier. Elles quittent Pointe-Noire tôt le matin, avec dans leurs coffres à bagages des glacières remplies de glace … et de poisson conservant leur fraîcheur. Jusqu’ici rien que de plus normal.

Où Mâ Catherine intervient est que ces voitures, de plus en plus nombreuses désormais, sont surmontées d’un mégaphone, un instrument capital pour la suite de l’affaire (dans tous les sens du mot). Le long des routes et des villages, celui-ci répète un message enregistré sur MP3 et commun à tous les vendeurs de poisson : « Mâ Catherine, votre colis de poisson est arrivé. A 100F, vous avez du makouala (hareng) frais, savoureux en mouambe ou avec de l’oseille. Amenez vite votre panier ou votre bassine !». On a compris que tous ceux qui accourent pour acheter du poisson de mers livré pratiquement à domicile, hommes ou femmes, seront les Mâ Catherine visés !

Lucien Mpama

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