Centrafrique: le chef des Casques-bleus limogé suite aux allégations d’abus sexuels

Jeudi 13 Août 2015 - 13:30

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Le viol d’une fillette de 12 ans et l’assassinat d’un père et son fils mineur par des soldats onusiens entre les 2 et 3 août, à Bangui, ont été une bavure de trop. En limogeant ce mercredi 12 août, le patron des Casques bleus, le général Babacar Gaye, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a voulu afficher un message de fermeté.

Depuis la révélation par le quotidien britannique The Guardian de plusieurs cas d’abus sexuels attribués aux soldats onusiens, il ne se passe une semaine à Bangui, qu’une accusation de ce genre soit dénoncée. En effet, le rapport de l’ONG internationale Aids Free World cité par The Guardian fin avril 2015, accusait la mission onusienne en RCA d’avoir voulu dissimuler des informations sur des multiples viols et agressions sexuelles commis depuis 2014 par des soldats français de la Sangaris, des militaires tchadiens et équato-guinéens.

Les habitants du 5ème arrondissement de la capitale centrafricaine Bangui, se sont terrés chez eux entre le dimanche 2 et lundi 3 août, à cause de violents affrontements qui ont opposé un groupe armé affilié à l’ex-séléka et des soldats de l’ONU. C’est une tentative d’arrestation d’un chef rebelle qui a tourné  aux heurts : cinq personnes dont un Casque-bleu y ont perdu la vie. Le secrétaire général Ban Ki-moon a dit regretter la mort d’un soldat onusien.

Or, au cours de cette opération de police, dévoile un récent rapport de l’ONG Amnesty international fondé sur des témoignages recueillis auprès des victimes et leurs proches : un soldat onusien aurait violé une fillette de douze ans. Dans la chronologie de l’évènement, des Casques-bleus auraient tiré froidement sur un homme de 61 ans et son fils de 16 ans, sans raison apparente, avant de refuser d’emmener les deux blessés à l’hôpital, rapporte RFI.

                L’heure des sanctions a sonné

Au siège de l’ONU à New York, c’est la consternation. « De nouvelles graves allégations sont apparues concernant le comportement de soldats des Nations unies en République centrafricaine. Je ne saurais exprimer à quel point je suis angoissé, en colère et honteux concernant ces informations répétées d'abus et d'exploitation sexuels commis par des troupes de l'ONU au cours de ces dernières années», a déclaré mercredi dans un communiqué, le numéro un de l’ONU Ban Ki-moon.

Depuis fin avril, l’ONU avait promis de sanctions à l’encontre des coupables d’abus sexuels sur les enfants centrafricains et des crimes présumés dont se seraient rendus coupables certains contingents étrangers présents en Centrafrique. Dès l’instant, le ménage vise les hauts commandements de la Mission onusienne en RCA: « Je veux des leaders qui savent qu'ils sont responsables de leurs troupes, de leurs policiers et de leurs employés civils. Ils doivent s'assurer également que tous reçoivent une formation concernant les droits de l'Homme», a précisé Ban Ki-moon.

              L’État centrafricain exige des réparations    

Le premier fonctionnaire international a, par ailleurs, reconnu que l’exploitation sexuelle attribuée aux troupes de l’ONU, est devenue « un fléau global et un problème systémique qui nécessite une réponse systémique ». Pour cette cause, il a ordonné au Conseil de sécurité d'organiser une réunion spéciale sur la question jeudi, à l’issue de laquelle il compte animer une téléconférence avec les hauts responsables des missions de maintien de la paix des Nations unies afin de mettre en lumière leur responsabilité dans les bavures sus citées.

Se réservant de tout commentaire sur la révocation du général Babacar Gaye, le ministre centrafricain de la Justice a fait savoir que l’Etat pourrait saisir le tribunal civil pour réparation si les enquêtes en cours aboutissent. Les poursuites pénales sont du ressort des pays où seront originaires les coupables des abus sexuels et crimes présumés.

Fiacre Kombo

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