Guy Gilbert, le prêtre des loubards, « impressionné » par le pape

Vendredi 11 Septembre 2015 - 18:22

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

À 80 ans, le curé français des loubards est resté fidèle à lui-même : proche des marginaux, habillement de motard. Vendredi, il a rencontré le pape François.

Jamais personnalités n’auront été aussi dissemblables au Vatican que le pape François, tout en bonhomie et rondeurs et le père français Guy Gilbert qui, gourmettes et santiags au pied, a poussé son idéal de prêtre jusqu’à ressembler à ceux dont il défend la cause : les loubards. Pourtant les deux hommes se rejoignent dans leur volonté de servir les humbles et, surtout, les marginalisés. À la veille de ses 80 ans, le père Guy Gilbert a été invité à célébrer la messe de vendredi avec le pape dans sa petite chapelle de la Maison Sainte Marthe, dans la résidence simple et ordinaire où il loge au Vatican.

Aussi bien l’un que l’autre ont été dans leur image habituelle, le pape disant sa messe et le père Gilbert écoutant et priant. Aussi n’est-ce pas sur la messe que la presse l’a interrogé, mais sur ses impressions après. « Le prêche était en italien, je n'ai donc rien compris mais cela avait l'air chaleureux. Il a même fini sur une note d'humour. Enfin, je crois », a dit le curé-loubard qui a même déjeuné avec son « chef » hiérarchique. « Le pape m'a impressionné. Je ne m'attendais pas à le voir manger avec nous, aller choisir ses plats et griller lui-même ses tartines! Il est comme un curé de campagne mais vêtu de blanc », a indiqué le prêtre français.

Pour lui la marque qu’imprime le pape argentin à l’Eglise catholique est faite pour durer. « François est le pape qui humanise et transfigure l'Eglise. Finies les cérémonies fastueuses, l'Eglise a besoin maintenant de simplicité. Chacun des papes avait un charisme puissant. Mais lui, François, a un charisme déboulonnant. Après lui, je n'imagine pas que l'on recommence comme avant », a-t-il ajouté, reconnaissant que Benoît XVI, par « l'audace et le courage » de sa démission, a permis ce vent nouveau d’entrer dans l’Eglise catholique.

Les deux icônes vivantes opposées dans le style mais unies dans l’idéal de pauvreté et l’obéissance à l’Eglise ont eu un bref tête-à-tête. « J'ai cru qu'il allait me demander des pins’s », a plaisanté le père Guy Gilbert. Prêtre des banlieues, il a lui aussi incarné une autre manière de faire le prêtre, en se rapprochant des jeunes sans rechercher à tout prix à les enrôler dans l’Eglise chrétienne. Il dit limiter son apostolat au fait de prêcher l’Evangile « aux cabossés de la vie ». Le pape François ne le dirait pas de cette manière mais lui aussi sait à l’occasion appeler à porter la parole de Dieu au milieu des « blessés de la vie » : prisonniers, divorcés, croyants déchristianisés. Autres mots, mêmes objectifs.

Lucien Mpama

Notification: 

Non