Expo de Milan : Que restera-t-il de la participation de l’Afrique ?

Vendredi 9 Octobre 2015 - 15:33

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La manifestation universelle qui se tient depuis un peu moins de six mois dans la capitale économique italienne s’achemine vers l’heure des bilans.

C’est dans trois semaines, le 31octobre, que l’Exposition universelle de Milan va fermer ses portes. Ce sera alors l’heure des bilans pour une manifestation qui s’est voulue universelle, et dont les premières données confirment un succès soutenu. L’Expo est une machinerie et un espace à la fois, qui a dégagé « du chiffre » et fait mouvoir des foules facilement quantifiables. Ouverte le 1er mai dernier, notamment en présence du président Denis Sassou N'Guesso, hôte de marque, l’Expo de Milan-2015 n’a pas dû déployer des trésors de diplomatie pour convaincre les pays africains que leur place était aussi là.

Ils se sont inscrits en masse (pratiquement tous les pays de l’Afrique Centrale géographique et politique), attirés par l’opportunité de venir dire au monde comment ils participaient à la lutte contre la faim. Ils en sont souvent perçus comme de simples spectateurs et des consommateurs de stratégies conçues ailleurs. Le thème de la manifestation s’y prêtait : « Nourrir la planète, énergie pour la vie ». Si tous les pays africains ne sont pas des producteurs de ressources énergétiques, ils ont en tous besoin et sont également mis en devoir de penser les solutions pour nourrir leurs populations en croissance elle aussi soutenue.

Chiffres et données tendent donc à confirmer que l’Exposition a été un événement très couru. A la date du 8 octobre, les organisateurs disent avoir comptabilisé plus de 20 millions de visiteurs (cinq fois la population du Congo-Brazzaville !) ayant acheté leur billet d’entrée aux diverses manifestations de l’événement. La seule journée du 7 octobre a vu se déverser sur la ligne de chemin de fer conduisant du cœur de la capitale économique italienne vers la plaine du Rho où est établie l’Expo, en périphérie de Milan, une foule de 87.000 personnes. Un record !

Le bilan n’est pas seulement une quantification, c’est aussi une évaluation de qualité. D’ailleurs, prévoyants, les organisateurs de cette manifestation qui commencent à recevoir les coups de chapeau du monde entier, avaient prévu d’inclure parmi les manifestations conclusives une « Expo des idées ». Sorte d’exposition de l’exposition, elle a consisté vendredi à faire le point de toutes les innovations et des idées émergées en six mois de débats aussi. C’est une initiative du ministère italien des Politiques agricoles avec un titre des plus incitateurs : « L’Expo après l’Expo, l’héritage de Milan 2015 ».

Un premier héritage de cette manifestation restera sans conteste la Charte de Milan qui réaffirme que l’alimentation est un droit pour le citoyen et une obligation pour les nations. Pas seulement une donnée commerciale variant avec les fluctuations du marché boursier, et ne se préoccupant que marginalement de ceux qui en vivent en début de chaîne. Un autre héritage de l’Expo sera aussi cette évaluation menée par les artisans italiens dans la classification des pavillons les plus innovants. Leur Top-4 est composée de l’Equateur, d’Israël (venue présenter une technique révolutionnaire de produire de l’huile d’olive), du Népal et… du Vatican !

Mais les pays africains se posent aussi bien là, avec surtout trois d’entre eux qui laisseront assurément une trace, au moins dans les modes alimentaires. Il s’agit de l’Angola venu avec une présentation montrant combien les modes alimentaires, culinaires et culturales étaient aussi bien imbriquées dans les cultures des peuples. Il s’agit aussi du Zimbabwe, qui a apporté sur la plaine de Rho des produits alimentaires vraiment exotiques, comme le bifteck de zèbre, lançant son fameux zebra-burger à succès.

Il s’agit aussi du Mozambique. Ce pays n’est pas seulement venu avec des produits agricoles innovants et une ambition visible de se sortir de la dépendance aux ressources énergétiques naturelles, le gaz et le pétrole, en misant sur l’agriculture. Les partenariats noués à Milan ont permis à la société nationale Agripec de signer des accords d’exportation annuelle de quelques 50 tonnes de viande de crocodile. Fondée en 2008, cette société possède des centaines de fermes d’élevage autour de la ville de Beira où, annonce-t-elle, quelques 2745 œufs de sauriens n’attendent que les importateurs audacieux pour l’élevage et/ou la consommation.

Lucien Mpama

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