Défense : un rapport sur les 50 années d’opérations extérieures françaises fait état d’un bilan politique de « globalement mitigé »Samedi 21 Novembre 2015 - 13:54 Deux députés de la Commission des Affaires étrangères, Guy-Michel Chauveau et Hervé Gaymard, ont présenté un rapport d'information sur les Opex (Opérations extérieures). Ils décrivent et analysent « la diversité » et « la multiplicité » des interventions extérieures françaises, et rappellent les « 5 critères cumulatifs » qui doivent, selon eux, prévaloir lors de toute Opex. A l’heure actuelle, 10 000 militaires français seraient déployés en opération extérieure (opex), au Mali et dans la bande sahélo-saharienne, en Centrafrique et en Irak. Au-delà de toutes les controverses qu’ont pu susciter ces engagements, c’est la conception des responsabilités internationales qui a pu pousser la France à intervenir en Afrique « quand ses intérêts n’étaient pas directement en jeu, en vertu d’accords de défense qui ont depuis été renégociés », expliquent les deux rapporteurs. Ces opérations ont permis d’éviter de grands drames tels que ceux qui se sont produits hors de la zone d’influence traditionnelle de la France : Angola, Mozambique, Sierra Leone, selon les auteurs du rapport. Par ailleurs, ils notent que certaines opérations n’ont pas eu le résultat escompté, « ce qui a eu un retentissement négatif en termes politiques ». Ils citent l’opération Turquoise, « car elle intervenait après plusieurs années de soutien au pouvoir en place qui en était l’auteur ». Ils estiment que les opérations de l’ONU en Somalie ont été un échec. En Libye, si l’intervention a permis, « dans un premier temps, de protéger les populations civiles, elle a involontairement fait naître de nouvelles menaces. Cela pourrait entamer notre crédit politique, car nous avons été leader dans cette opération », soulignent-ils. A l’inverse, la France tirerait un bénéfice politique substantiel de son engagement dans la bande sahélo saharienne, notamment auprès des Américains. Dans leur conclusion, ils estiment que le bilan politique de 50 années d’opérations extérieures françaises « globalement mitigé ». Ils expliquent que les Opex ont « fait naître un doute sur l’efficacité de la réponse militaire en situation de crise. Ce doute s’est installé dans les opinions publiques, en France et chez nos partenaires, et fragilise la légitimité des engagements extérieurs ». Mais, ils sont opposés à tout « désengagement extérieur », compte tenu du contexte international, le terrorisme et l’essor des nouvelles technologies, la sécurité internationale et la défense du territoire national « qui se confondent de plus en plus ». Ils invitent à réfléchir aux principes devant guider la politique d’engagement de la France. Au terme de ce chemin, les deux rapporteurs pensent que tout engagement extérieur armé de la France doit respecter cinq critères essentiels, a savoir :
- une intervention militaire doit avoir un intérêt stratégique conforme à la doctrine énoncée dans le Livre blanc;
- elle doit avoir « un soutien large » de la communauté internationale et en particulier de l'Europe;
- les objectifs doivent être « clairs et réalistes »;
- une stratégie de sortie pérenne doit être élaborée en amont;
- les effets sur les populations civiles doivent être positifs. Perçues et critiquées comme l’expression d’une simple défense de l’ancien « précarré », les opex sont, en réalité, bien complexes. En Afrique, elles témoignent aussi de la qualité des liens qui unissent la France et l’Afrique, largement au-dessus l’histoire de la colonisation. Entre le début des années 1960 et aujourd’hui, l’armée de terre française a déployé des troupes en Afrique de l’ouest, en Afrique centrale et dans la Corne de l’Afrique à travers plus d’une cinquantaine d’opérations, baptisées - Verveine, Lamantin etc. La première opération s’est déroulée au Gabon en février 1964. Aujourd’hui, les opex sont des missions d’interposition, de sécurisation, d’évacuation de ressortissants, humanitaires, d’intervention, d’appui, de contre insurrection. Si la France comptait 30 000 militaires en Afrique avant, ils étaient 10 000 en 1990, et 6596 en en 2014. Noël Ndong Notification:Non |