Le pape François dénonce un terrorisme qui n’épargne pas même le patrimoine des peuples

Dimanche 27 Décembre 2015 - 11:13

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La messe de Noël a été l’occasion pour le chef de l’Eglise catholique de réaffirmer le besoin de paix partout dans le monde.

A presque deux mois du troisième anniversaire de son pontificat, le pape François a réussi à camper une image de défenseur des plus faibles. Ses thèmes de prédilection sont désormais connus : les pauvres, les immigrés, ceux qui vivent dans la précarité à cause des saccages de l’environnement, les enfants et les personnes âgées … Ces thèmes sont revenus dans son homélie de Noël jeudi dans la nuit, au Vatican. Il les a déroulés dans un plaidoyer ayant la forme d’un message politique fort invitant les catholiques à avoir avant tout « le sens de la justice » dans « la sobriété, c’est-à-dire la simplicité ».

« Dans un monde qui est trop souvent dur avec le pécheur et mou avec le péché, il faut cultiver un fort sens de la justice. Dans une société souvent éprise de consommation et de plaisir, d'abondance et de luxe, d'apparence et de narcissisme, Dieu nous appelle à un comportement sobre », a dit le Souverain pontife. Cette partie du discours, tournée « en intérieur » vers les catholiques, n’est toutefois pas l’essentiel de ce qu’ont retenu les commentateurs politiques dès le lendemain. Car, l’homélie du pape avait une substance surtout de portée (politique) internationale, ne serait-ce que par son regret, encore une fois, de voir de nombreux chrétiens persécutés dans le monde « à cause de leur foi ».

Il a passé en revue les situations de souffrance dans le monde, appelant la communauté internationale à apporter son aide partout où cela était nécessaire. Et, le jour même de Noël, il s’est dressé contre « les atroces actions terroristes sous les cieux d'Egypte, à Beyrouth, Paris, Bamako et Tunis », dénonçant un terrorisme djihadiste qui « n'épargne pas le patrimoine historique et culturel de peuples entiers ». Il a dénoncé les conflits persistants dans des pays comme l’Irak, le Yémen, la RD Congo, le Burundi ou le Sud-Soudan.

Le chef de l’Eglise catholique a encouragé à l’ouverture ou à la confirmation des processus de dialogue en Syrie et en Lybie : « Que l'entente intervenue au sein des Nations unies parvienne le plus tôt possible à faire taire le vacarme des armes en Syrie. Il est aussi urgent que l'accord sur la Libye obtienne le soutien de tous ». Mais il a également tenté de ranimer le processus de paix au Moyen-Orient en demandant aux Palestiniens et aux Israéliens de reprendre « un dialogue direct » car leur conflit, déjà ancien, a « de graves répercussions » dans toute la sous-région.

Sur les migrants devenus son thème de prédilection aussi avec des gestes symboliques très forts (il a reçu une délégation d’Erythréens au Vatican ; est allé jeter une gerbe de fleurs en mer de Sicile, « le tombeau des désespérés » ; s’est vu remettre une croix de pasteur confectionnée à partir des bateaux de naufragés etc…), le pape a appelé les nations occidentales à ne pas se fermer devant le drame de ceux qui fuient leurs terres à la recherche de meilleures conditions de vie ou de plus de sécurité « pour eux et pour leurs familles ».

« Que soient récompensés avec d’abondantes bénédictions tous ceux qui, simples personnes et États, s’emploient avec générosité à secourir et à accueillir les nombreux migrants et réfugiés, les aidant à construire un avenir digne pour eux et pour leurs proches et à s’intégrer à l’intérieur des sociétés qui les reçoivent», a-t-il lancé. « Là où naît Dieu, fleurit la miséricorde. Elle est le don le plus précieux que Dieu nous fait, particulièrement en cette année jubilaire, durant laquelle nous sommes appelés à découvrir la tendresse que Notre Père céleste a envers chacun de nous», a-t-il conclu.

Le terrorisme repousse les fidèles

Le pape François n’a pas oublié les attentats terroristes du 13 novembre dernier à Paris, en France. Il a demandé à prier pour les victimes du terrorisme, évoquant non seulement la capitale française mais aussi Bamako (Mali), la Tunisie et l’Egypte. Il a invoqué de Dieu le don de sa miséricorde en cette année qu’il a décidé de dédier toute entière à cette miséricorde dans un jubilé extraordinaire qui engage les églises particulières du monde entier depuis le 8 décembre.

C’est d’ailleurs en Afrique, en République centrafricaine, qu’il avait donné le coup d’envoi de cette manifestation extraordinaire censée obtenir de Dieu le pardon des fautes des uns contre les autres. « Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde, et donne-nous ton salut », a-t-il encore imploré mercredi, durant la messe de minuit dans la Basilique Saint-Pierre de Rome.

Le terrorisme, que le pape appelle à combattre partout dans le monde, commence à avoir raison de la ferveur des fidèles à Rome. Depuis les attentats de Paris, en effet, les foules de pèlerins Place Saint-Pierre ont commencé à s’éclaircir, même si le pape continue de jouir d’une excellente image dans l’opinion. Les mesures de sécurité draconiennes prises autour de sa personne et dans les lieux publics où il doit se rendre se sont montrées assez rédhibitoires.

Pour accéder Place Saint-Pierre aujourd’hui tous les pèlerins, et leurs effets sans exception, doivent passer au travers d’un « metal detector » comme dans un aéroport.  Soldats, gendarmes et policiers y sont déployés en grand nombre, tout comme dans toutes les stations de métro et les lieux de grande fréquentation touristique de la capitale italienne. L’organisation Etat islamique a, à plusieurs reprises, menacé l’Italie de s’en prendre à ses intérêts en raison notamment de son implication dans la recherche d’une solution à la crise en Libye.

Lucien Mpama

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