FCFA : Il suffit d'écrire aux autorités du Congo pour mettre fin au franc CFA en Afrique centrale

Jeudi 7 Janvier 2016 - 18:30

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Comparant les pays africains non francophones et aux pays africains francophones, l’économiste Ibrahima Sène, voit  le franc CFA plutôt comme un frein au développement des pays qui utilisent cette monnaie

Ibrahima Sène  s’appuie sur les chiffres : un taux de croissance moyen des pays hors zone franc de 7 à 8 % ; un taux de croissance moyen des pays ouest-africains entre  3,5- 4 % ; sur les quinze pays les moins développés du continent, onze font partie de la zone franc.

Pour lui « avancer que la France aurait moins d’intérêt aujourd’hui qu’hier au franc CFA revient à méconnaître la réalité ». L’économiste soutient que, Paris « gagne toujours et encore doublement, d’une part au travers des réserves placées au Trésor français, d’autre part par le biais des filiales des entreprises françaises installées dans les pays de la zone franc qui rapatrient librement leurs profits. En outre, le franc CFA bloque la politique d’intégration économique ».  Selon lui, cette monnaie hypothèque les ambitions d’intégration régionales.

Les pays ouest-africains s’étaient fixés 2020 pour sortir de la zone Franc, suivi de la création d’un institut monétaire en 2018. Les contraintes du calendrier ne le permettront pas. Plusieurs économistes présentent les avantages d’une monnaie unique régionale : la fin des tutelles monétaires serait un facteur d’intégration, il mettrait fin aux chantages politiques, à l’allégeance à une puissance étrangère.

Ils pensent que les peuples africains devraient être consultés par référendum pour le maintien ou pas du franc CFA. Car la monnaie, comme la Constitution, relèvent de la souveraineté des Etats.

C’est ce qu’a fait la France quand il s’est agi d’abandonner le franc français pour l’euro dans le cadre du traité de Maastricht. Pour certains juristes africains en finance, il suffit d’écrire aux autorités du Congo pour que la messe soit dite, « la fin du franc CFA » en Afrique centrale.

Ils se réfèrent à la convention du 22 novembre 1972 signée à Brazzaville dans le cadre de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), donnant à la banque centrale le droit d’émettre une monnaie commune - ce qu’ils approuvent -, mais condamnent et demandent la levée d’une autre convention dite de coopération entre la France et les Etats membres de la BEAC, signée un jour après,  le 23 novembre 1972.

En application de l’article 17 de la convention du 23 novembre 1972, il suffit d’écrire aux autorités du Congo pour déclencher le processus qui va aboutir à la sortie du franc CFA, selon eux. Ils regrettent cependant, le manque de volonté et de capacité politiques des dirigeants africains.

La crise de l’euro a en effet montré qu’une monnaie unique commune à plusieurs États ne peut mieux  fonctionner que si ces États sont fédérés, soumis à un État fédéral. Les experts africains sont convaincus que « l’Afrique  se fera par la monnaie ou ne se fera pas ».

Noël Ndong

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