Pour l’Italie, la Libye est un volcan à éteindre au plus tôtJeudi 7 Janvier 2016 - 18:18 Le ministre de l’Intérieur estime que les raisons convergent pour que l’Italie ne se tienne pas à l’écart des efforts pour ramener la Libye à la normalité. Combats, terrorisme, impossibilité de former un gouvernement d’union et flux migratoires continus : pour Rome, la Libye est devenue un véritable « volcan » qu’il faut éteindre à tout prix. Tout converge vers un engagement multiforme de Rome dans le bourbier libyen, même si cela devait conduire à une plus grande exposition aux risques de terrorisme. C’est l’analyse livrée à la presse par M. Angelino Alfano, ministre italien de l’Intérieur, au lendemain de l’arrestation au port de Gênes de trois citoyens libyens impliqués dans un trafic de voitures de luxe. Ils voyageaient avec des documents contrefaits et des matériels de propagande de l’Etat islamique. Ces derniers mois, l’organisation Etat islamique a multiplié les menaces verbales contre Rome. La dernière a même visé, en novembre, le ministre de la Justice, Andrea Orlando, auquel les djihadistes promettaient « de couper les oreilles ». Sans parler des vagues de migrants amassés en Libye ou transitant par ce pays devenu ingouvernable depuis la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi, en octobre 2011. Or ces migrants, dont la traversée de la Libye est facilitée ou entretenue par les réseaux, ont de préférence l’Italie comme premier pays d’entrée en Europe. « Nous ne pouvons nous permettre d’avoir un volcan en éruption devant nos côtes. Dans le cadre de l’ONU nous avons le devoir de contribuer, ensemble avec d’autres pays, à la stabilisation de la Libye quitte à assumer même le rôle de coordinateurs de la coalition. Nous y sommes prêts. Cela pourrait-il porter vers plus de dangers pour l’Italie? Je ne crois pas que ces dangers soient plus grands que les risques que nous courons tous les jours avec une Libye profondément instable. N’oublions pas que c’est de là que partent les 90% des personnes qui débarquent chez nous », indique M. Alfano dans une interview au quotidien des évêques italiens. Ancienne puissance coloniale de la Libye et dont elle n’est séparée que par 300 kilomètres de mer Méditerranée, l’Italie y est aussi le plus grand partenaire économique. Le géant pétrolier ENI y est notamment présente en Cyrénaïque, à l’ouest de Libye, qui est devenue la zone où s’exerce l’étau des djihadistes de l’Etat islamique sans avoir cessé d’être celle des foyers insurrectionnels qui ont abouti à la chute du régime Kadhafi. Le représentant de l’ONU sur place, l’Allemand Martin Kobler, n’a pas eu de mots plus durs pour condamner jeudi l’attaque kamikaze contre une caserne de police à Zliten, toujours à l’ouest de ce pays. Il a appelé « tous les Libyens » à s’unir « dans la lutte contre le terrorisme ». Ce message, mouliné par le reste de la communauté internationale, ne court pas de grandes chances d’être mieux entendu maintenant plutôt que par le passé. Car les factions, dans une Libye coupée en trois zones d’influence et comptant deux gouvernements et deux parlements et traversée, qui plus est, par le courant djihadiste, n’ont pas un égal intérêt à voir le chaos actuel de cesser. Il est pour certaines d’elles source de juteux profits. Depuis le début de la semaine, au moins quatre réservoirs de brut sont en feu dans le nord libyen conséquence de combats féroces entre des gardes des installations pétrolières et le groupe Etat islamique (EI). Ces installations relèvent de la Compagnie nationale du pétrole (NOC), qui dépend des autorités de l'Est libyen. Leurs rivaux ne sont pas forcément mécontents de ces déboires qui amoindrissent d’autant plus leur « puissance de feu » dans un pays dont le pétrole est la principale matière d’exportation. Lucien Mpama Notification:Non |