Mariage ou union ? Le débat secoue l’Italie

Lundi 25 Janvier 2016 - 18:00

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Un projet de loi sur les unions homosexuelles passe en discussion à la Chambre italienne cette semaine : adversaires et partisans descendent dans la rue.

Le pape François a réaffirmé vendredi que « la confusion » n’était pas possible ; qu’il n’y avait de mariage que l’union indissoluble « voulue par Dieu » entre un homme et une femme dans l’amour et pour la procréation. Ces subtilités peuvent paraître inutiles dans les sociétés africaines où la notion de mariage n’est pas loin de se rapprocher de ce que recommandent les Eglises, la tradition ne faisant qu’apporter un « plus », pas une déviance. C’est en effet ainsi que l’Africain entend le mariage : une union entre un homme et une femme bénie par Dieu, mais aussi par la tradition qui l’enrichit dans l’intention de l’enrichir et de la solidifier, car le mariage unit des familles bien plus que des individus.

Mais en Occident, l’évolution des comportements a conduit à des bouleversements radicaux conduisant à considérer que, non seulement la notion d’homme et de femme était tout à fait aléatoire, mais aussi que le mariage ne pouvait être un terme exclusif. Hommes et femmes qui se reconnaissent comme tels peuvent contracter mariage, oui, mais aussi des hommes entre eux et des femmes entre elles. Quant à la notion de procréation que soutiennent les Eglises elle vole en éclat, estime-t-on, puisqu’un enfant n’est pas forcément le fruit de l’union d’un père et d’une mère biologiques mais le prolongement de l’amour de ceux qui assument pour lui le rôle de parents, quels qu’ils soient. Dans la très catholique Italie, le débat est aujourd’hui enflammé.

En attendant une manifestation que les chrétiennes annoncent comme « monstre et géante » samedi, le week-end dernier des centaines de personnes ont défilé dans des dizaines de villes pour réclamer une adoption rapide et sans modification de la proposition de loi créant une union civile pour les couples de même sexe. Aux cris de : « Italie, réveille-toi ! », les manifestants ont battu le pavé sur les grandes places à Rome, à Milan, Florence, Bologne ou Naples pour affirmer à cors et à cris qu’une union homosexuelle était aussi un projet d’amour apportant les mêmes garanties d’équilibre psychologique aux enfants grandissant entre un père et un père ou une mère et une mère. Et pas seulement au milieu des genres croisés, car il arrive, en cas de divorces, que des situations soient aussi dramatiques que celles brandies par « les conservateurs ».

« Nous étions des familles fantômes pour des millions d'Italiens, maintenant nous sommes une réalité que personne ne peut nier », ont expliqué à Rome des militantes du mouvement de défense des droits des homosexuels, Arcobalena. De fait, même si le débat a été récurent ces derniers temps sur les travées de l’Assemblée nationale, celui actuel semble devoir gagner en ampleur. D’autant que partisans et adversaires ne sont plus comme de coutume retranchés derrière une ligne étanche, entre une gauche habituellement favorable et une droite en majorité hostile à une régularisation des couples homosexuels. Appuyée qui plus est, par une Eglise qui continue de réaffirmer que toute forme d’union ne vaut pas mariage.

Aujourd’hui, le camp des hostiles au projet de loi en cours s’organise plus que jamais ; les évêques italiens ont donné la consigne de faire converger des centaines d’autobus samedi vers la place du Cirque Maxime, à Rome, pour dire que le mariage ne peut s’entendre qu’entre un homme et une femme. Entre les partisans et les adversaires, le gouvernement de gauche de M. Matteo Renzi semble désemparé. Beaucoup de ses membres éminents se retrouvent dans les deux camps et veillent aux barricades. Même désarroi à droite qui compte autant des partisans que des adversaires au mariage homosexuel. Le match s’annonce heurté. Premier résultat attendu samedi avec la bataille des chiffres sur le nombre de manifestants de samedi dernier et de samedi prochain.

Lucien Mpama

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