Instruments traditionnels : un apport insignifiant dans la musique congolaise moderne

Samedi 28 Mai 2016 - 19:15

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Quoique cela paraisse impensable, mais en dehors de la sanza, que l’anthropologue Mwendanga Musengo tient pour audacieux, il n’en est pas d’autres qui se soient affirmés aussi ostensiblement dans l’expression musicale locale en dépit de leur indiscutable profusion au regard de la mosaïque culturelle dont est pourvue la RDC.

Alona, jouant de la sanza lors du séminaire Le propos du séminaire sur « L’Apport des instruments traditionnels dans la musique congolaise moderne » organisé en marge du Festival Mbonda Elela a été révélateur à plusieurs niveaux. Il a été établi qu’en considération de l’abondance des instruments dans la culture congolaise, leur présence devrait être plus notable. Pourtant tel n’est pas le cas. Pour changer la donne, favoriser leur introduction, le Pr. Mwendanga a préconisé cinq pistes. Il s’agit de promouvoir la fabrique de ces instruments, les réformer quitte à les rendre moins rudimentaires, les maintenir vivants dans leurs sociétés de départ. Ce qui équivaudrait à en populariser l’usage. Et, question de les vulgariser à plus grande échelle et de favoriser leur dialogue, mieux leur cohabitation avec les autres instruments, il faudrait créer des vitrines d’expression. Initier dès lors des festivals à l’instar de Mbonda Elela qui, pour sa part, se focalise sur les percussions. L’anthropologue a, juste titre, jugé nécessaire l’apport des médias, dans l’ensemble de tout ce processus important.

S’il faut en revenir à la sanza, comme l’a démontré le Pr. Michel Ngongo, il existe des « interférences historiques et mélodiques de la sanza » sur la guitare dans la musique congolaise conforte l’affirmation du Pr. Mwendanga. D’ajouter par ailleurs que la musique congolaise moderne a été essentiellement impactée par deux instruments, savoir la sanza et le madimba (xylophone). Mais il n’en reste pas moins qu’il faut noter aussi l’usage du lokole (tambour à fente) surtout et lokombe dans l’orchestre de feu Papa Wemba, Viva la Musica.Un likembe luba autrement appelé la sanza

Si feu Ngeleka Kandanda peut être tenu pour un « puriste » quant à l’usage de la sanza, néanmoins, l’on devrait s’en réjouir, que des grands de la guitare congolaise aient subi une influence de cet instrument. En effet, parmi les cas éloquents figurent Luambo Makiadi Franco, Pépé Felly et Alain Makaba notamment, a souligné Michel Ngongo. De son avis, ces derniers ont procédé à une transposition de sons produits par la sanza sur la guitare. Plus important est de constater « l’approche musicale typiquement locale avec le rapprochement de la sanza transporté vers la guitare solo.  », a-t-il dit. Le musicologue estime qu’elle a fini ainsi par donner naissance à l’usage de la guitare solo dans la musique congolaise. De souligner ici que les Congolais sont « pratiquement les seuls à avoir un musicien qui tient ce rôle dans l’orchestre, de jouer uniquement de la guitare solo, savoir qu’ailleurs le guitariste n’a pas cette spécificité, le guitariste fait tout ».

La démarche à entreprendre pour introduire plus d’instruments traditionnels dans l’orchestration congolaise reste un exercice laborieux. Mais elle n’est heureusement pas impossible à mettre en œuvre. Le projet Etoko reste un cas d’école qui devrait inspirer. En effet, la projection d’un extrait du concert des Nuits de percussions en a donné la preuve tangible. L’usage exclusif d’instruments traditionnels n’a en rien altéré le répertoire exécuté mais s’est trouvé comme sublimé par les sons mélodieux rendus notamment par la sanza et le madimba.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Alona, jouant de la sanza lors du séminaire Photo 2 : Un likembe luba autrement appelé la sanza

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