Cécile Kyenge appelle à s’insurger contre les massacres silencieux à l’Est de la RDC

Samedi 25 Juin 2016 - 20:53

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La députée européenne d’origine congolaise et de nationalité italienne estime que parler de migrants économiques est une aberration.

Elle était la première femme africaine à avoir fait partie d’un gouvernement en Italie. Elle est aujourd’hui députée italienne au Parlement européen de Strasbourg, en France. Mais son combat pour les droits de l’homme l’amène souvent à croiser les réalités de ses origines congolaises. La semaine dernière à Bruxelles, elle a pris la parole au siège de l’Union européenne pour secouer l’apathie et l’indifférence qui coûtent des millions de vie aux habitants de l’Est oubliés de la République démocratique du Congo.

Elle a prononcé un vibrant plaidoyer notamment en faveur des femmes plusieurs fois maltraitées de cette partie de la RDC. « Aujourd’hui, je suis Béni », a-t-elle indiqué d’entrée de jeu pour attirer l’attention sur la situation des femmes congolaises. « Chers collègues, d’octobre à mars 2016 dans les territoires de Béni, Lubero et Butembo, 1200 personnes ont été massacrées dans la d’indifférence générale. Il y a risque de génocide. C’est une honte ! Pas d’impunité pour les responsables de ces massacres, mais à quand la justice? »

Pour Cécile Kyenge Kashetu, cette justice passe par une évaluation correcte de la situation d’ensemble des immigrés qui aujourd’hui frappent aux portes de l’Europe. Les scinder en deux catégories : les réfugiés et les immigrés économiques est une aberration. L’absence de guerre ne signifie pas paix automatiquement. Pourquoi quelque 400.000 Congolais ont quitté leur pays ? « Mais surtout, où ont-ils tenté d’aller trouver refuge ? En Europe où on risque de les refouler parce qu’ils ne sont pas éligibles aux normes donnant droit à la protection internationale en tant que réfugiés ».

Dans de telles conditions, refouler des femmes violées et agressées aussi bien dans leurs villages qu’en chemin vers l’exil, équivaut à les condamner à la mort certaine. « Et où va-t-on les refouler ? A Béni ? » Reprenant le slogan de soutien qui avait fleuri un peu partout dans le monde à la suite des attaques islamistes contre le journal Charlie-Hebdo de Paris, Cécile Kyenge Kashetu a soutenu elle aussi : « Je suis Béni ». Dans cette partie de la République démocratique du Congo ont lieu des affrontements sanglants entre divers groupes, des violences attisées par l’exploitation ou le contrôle de minerais stratégiques.

Lucien Mpama

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