Tremblement de terre en Italie: un curé congolais au cœur du drame

Jeudi 1 Septembre 2016 - 18:10

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Les secours continuent de s’activer pour retirer les derniers cadavres sous les gravats dans les bourgs frappés par le tremblement de terre du 24 août dernier.

Dans la région des Marches qui a concentré les effets les plus dévastateurs du tremblement de terre qui a frappé le centre de l’Italie à l’aube du 24 août (293 morts au dernier bilan, jeudi), l’Afrique a eu aussi sa petite minute de gloire dans les opérations de secours. Les membres de la protection civile continuent de s’activer pour extraire des victimes qui ne sont plus, hélas, que des cadavres. Deux funérailles nationales viennent d’avoir lieu ; elles ont drainé la crème de la politique italienne autour des survivants.

Mais sur les tas de ruine, les caméras de télévision se sont braquées aussi sur des volontaires particuliers : des réfugiés africains venus donner le coup de main gratuit qui se doit. Et à Ancône, chef-lieu de la région, des musulmans se sont eux aussi mobilisés pour venir exprimer par mille manières leur compassion et leur solidarité. Et parmi eux, encore une fois, des Africains qui ont été de toutes les délégations pour porter des aides ou se joindre aux déblayeurs.

Parmi les ruines aussi, la presse s’est intéressée à un Noir en soutane. Il s’agit de l’abbé Louis Kangonga, curé d’une paroisse d’Arquata del Tronto, aujourd’hui totalement rasée à terre par l’effet du séisme. Il continue d’errer parmi ses administrés pour réconforter ici une vieille dame désemparée, là un père de famille muet devant ce qui reste des efforts de toute une vie. Des tas de briques et de ferraille là où, il y a une semaine encore, se dressaient de pimpantes villas.

Sur les flancs d’un coteau qui était naguère partie du charme qui attirait des dizaines de touristes dans la région, l’abbé Louis ne gère plus que des amas de ferrailles tordues. Tout comme ses paroissiens, il a, lui aussi, la peine à l’âme devant un phénomène aussi dévastateur qu’imprévisible. Il erre dans le camp de tentes installé dans l’urgence et dit à tous son incompréhension devant un phénomène dont, en apparence, personne ne peut être rendu responsable. « Pas même Dieu », a insisté l’évêque du diocèse.

« Ce n’est pas facile parce que je reste encore sous le choc moi aussi. Quand la terre a tremblé dans la nuit, j’ai eu juste le temps de me jeter au bas du lit et de sortir dans la cour. L’instant d’après, le presbytère était brisé en mille morceaux, et l’église est fortement endommagée. Je suis actuellement logé par un ami prêtre, à la paroisse des Paliari d’où je viens tous les matins pour conforter mes paroissiens. La situation est tellement dramatique que je veux être avec eux en ce moment », confie le curé.

Originaire de la République démocratique du Congo, l’abbé Louis est curé d’Arquata depuis cinq ans. Il confie que ce tremblement de terre est pour lui quelque chose de jamais connu dans sa vie. De sa vie au Congo, et depuis son installation en Italie, il n’a jamais vécu un tremblement de terre. Sentir la terre bouger sous ses pieds, comme si on était dans une barque qui tangue, est une sensation inoubliable pour l’Africain en terres de séisme.

Lucien Mpama

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