Gabon : le ministre de la Justice démissionne

Mardi 6 Septembre 2016 - 14:00

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Le ministre de la Justice gabonais et deuxième vice-Premier ministre, Séraphin Moundounga, a annoncé sa démission le 5 septembre, demandant le « recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote et procès-verbal par procès-verbal. »

La crise au Gabon a vécu un nouveau rebondissement avec une première défection de haut niveau dans l'entourage d'Ali Bongo Ondimba, son ministre de la Justice. En première ligne dans cette crise, la France s'est inquiétée d'être sans nouvelles de plusieurs de ses ressortissants ou binationaux, après les troubles violents qui ont suivi l'annonce de la réélection contestée du président Bongo. Des dizaines de personnes se sont regroupées devant le Palais de justice de Libreville dans l'espoir d'obtenir des nouvelles d'un proche introuvable depuis le début des violences, alors que le parquet doit entendre des centaines de personnes arrêtées lors des troubles de la semaine dernière.

« Des arrestations ont eu lieu ces derniers jours. La France est sans nouvelles de plusieurs de ses compatriotes », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, qui exprime « sa vive préoccupation ». De source diplomatique, une dizaine de personnes, possédant toutes la double nationalité franco-gabonaise, ne peuvent être localisées. Pour sa part, l'Union africaine a annoncé qu'elle était prête à envoyer une délégation à haut niveau au Gabon, dès que les conditions pour une visite seront établies.

Manuel Valls suggère un nouveau « décompte » des résultats

Le Premier ministre français Manuel Valls a souhaité ce mardi un nouveau « décompte » des voix du scrutin présidentiel au Gabon. « Il y a contestations et doutes. Les observateurs européens sur place ont émis des critiques sur la base de faits objectifs. La sagesse commanderait de faire un nouveau décompte des résultats », a-t-il déclaré sur la radio RTL.

Comme l'opposition, l'Union européenne et les Etats-Unis, la France, ancienne puissance coloniale, avait déjà demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon, sans aller jusqu'à évoquer un recomptage des voix. Ce nouveau décompte est en revanche réclamé par le candidat d'opposition Jean Ping, qui se déclare « président élu ». De son côté, le pouvoir refuse tout recomptage en arguant que la loi électorale ne le prévoit pas et invite l'opposition à se tourner vers la Cour constitutionnelle.

Manuel Valls a par ailleurs demandé aux autorités gabonaises que « tout soit fait » pour retrouver une quinzaine de ressortissants français, souvent bi-nationaux, dont Paris est sans nouvelles depuis le début de la crise.

Timide retour à la normale

La vie a repris lundi dans un calme précaire après une paralysie totale de l'économie due aux violences postélectorales accompagnées de pillages massifs. A Libreville, le centre de la capitale a retrouvé son animation habituelle, malgré un appel lancé la veille par l'opposition aux Gabonais à rester chez eux « pour des raisons de sécurité ». Mais les habitants doutent que la crise post-électorale soit achevée.

Les commerces ont également rouvert, souvent avec des rayons dégarnis. Le secteur de la distribution a été frappé de plein fouet par la paralysie des transports. « On a l'impression d'un faux calme », témoigne à Lambaréné un cadre d'une société de distribution de produits frais, qui déplore deux à trois millions de FCFA de pertes.

Dans la capitale pétrolière, Port-Gentil, seule la moitié des salariés au siège de Total ont repris le travail. Pays d'environ 1,8 million d'habitants, le Gabon importe 80% de sa nourriture, notamment du Cameroun voisin. Or, le trafic en provenance du Cameroun reste interrompu, les transporteurs redoutant les pilleurs.

Josiane Mambou Loukoula

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