La communauté Sant’Egidio au cœur de la lutte contre le sida

Samedi 3 Décembre 2016 - 12:41

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L’organisation non-gouvernementale se veut une vitrine de l’Eglise catholique pour défendre sa méthode de lutte sans préservatif.

L’Eglise catholique a souvent été mise en cause pour participer, malgré elle, à la multiplication des cas de sida en Afrique. Son refus, maintes fois répété, d’encourager l’usage du préservatif pourtant prôné par les organisations internationales pour freiner la propagation de la pandémie, a été au cœur de nombreuses accusations et polémiques. Sa défense, constante, a été dire que le préservatif « n’est pas la solution, mais le problème », pour reprendre des mots mondialement décriés du pape Benoît XVI.

L’ancien pontife, mais aussi son très médiatique prédécesseur Jean-Paul II, voulait souligner que l’usage du préservatif donne un faux sentiment de sécurité aux malades. Comme un encouragement à ne pas se protéger davantage. Ce débat s’est atténué avec le pape argentin et jésuite actuel, François pour qui, la lutte contre cette maladie doit puiser aussi bien dans l’éthique que dans les mesures « mécaniques » ou chimiques, dont dispose la planète  contre un mal aussi terrible. Sans discriminer les malades.

C’est pourquoi l’action de l’organisation non-gouvernementale catholique Sant’Egidio de Rome est devenue décisive, aussi bien dans la lutte contre le sida que dans le message que tente de faire passer la hiérarchie catholique sur la maladie. Sant’Egidio, très connue en Afrique pour des missions de médiation pour la paix et son engagement pour la suppression de la peine de mort, a lancé un programme original de lutte contre le sida, DREAM. Projet et programme tout à la fois, il est aussi un protocole thérapeutique. Dans plusieurs pays où il fonctionne déjà, ses résultats sont spectaculaires.

Le programme DREAM repose, bien entendu, sur la prise régulière et scrupuleuse d’antirétroviraux (vendus moins chers ou offerts) par la personne atteinte du sida. Mais il y allie aussi des facteurs améliorants, telle une alimentation normale et surtout une prise en charge du malade par lui-même. Chez DREAM, les médicaments sont distribués avec des outils aratoires pour permettre au malade de cultiver son propre verger et assurer une agriculture qui lui fournisse ses propres aliments sains. Ils sont réputés aussi essentiels que les médicaments. La prise en charge permet en plus de regagner l’estime de soi, et de ne pas assister à ces drames dans le drame que sont les nombreux morts de faim et d’abandon auxquels on assiste dans les villages.

Au Mozambique, au Lesotho, au Malawi, au Kenya, en République démocratique du Congo ou au Cameroun où DREAM fonctionne, le programme n’est qu’éloges. « Plus de réseaux et moins de murs pour ne laisser personne à l’abandon », a été le leitmotiv des animateurs de DREAM, lors de la célébration jeudi de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Ils se sont unanimement réjouis des résultats atteints, ambitionnant d’étendre le programme à plus de pays encore.

Aujourd’hui présent dans 10 pays d’Afrique, DREAM a permis de sauver la vie de 300.000 séropositifs et de permettre à 70.000 enfants de naître non-contaminés par leurs mères infectées. Le programme fonctionne dans 46 centres désormais. « Plus de 25,5 millions de personnes vivent avec le virus en Afrique, mais moins de la moitié reçoit le traitement qui pourrait les sauver. DREAM s’occupe aussi de la prévention et des soins d’autres maladies infectieuses et des pathologies chroniques. Il investit dans la formation du personnel africain pour mieux faire face à la lutte contre la pandémie », précise Sant’Egidio.

Lucien Mpama

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