Couleurs de chez nous: gris-gris, amulettes et croyances aveugles

Vendredi 20 Janvier 2017 - 21:11

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L’Africain est réputé pour ses croyances ou ses fantasmagories. Le Congolais n’y échappe donc pas. Dire que l’esprit cartésien lui fait défaut n’est pas une offense comme on peut le vérifier à travers les actes qu’il pose. Depuis sa tendre enfance jusqu’au soir de sa vie.

C’est ainsi que pour protéger ses plantations, ou son champ, le paysan congolais recourt, car la pratique demeure, à divers objets censés faire peur aux chapardeurs. Il s’agit d’amulettes, de petites statuettes ou d’épouvantails. Ceux-ci n’effraient pas que les humains car même les animaux et oiseaux sont visés. Avec le vent qui les anime, les épouvantails prennent des allures de gardes champêtres.

Cette pratique est observable sur les arbres fruitiers. Conscients que les fruits font l’objet de convoitise chez les enfants, voire chez les adultes, un planteur n’hésitera pas à entourer ses arbres de petits paquets emballés avec des tissus de couleurs, rouge et noir souvent, sur lequel on a craché de la kola mâchée. Parfois, ce sont des arêtes de poissons ou de petits os d’animaux ramassés et dégageant une odeur pestilentielle.

L’antidote à ces choses existe. Ce sont les urines. Il faut en effet arroser le « fétiche » avec ce liquide humain qui, selon la croyance du pays, a un pouvoir aseptisant et anéantissant. Vrai ou faux ? On ne saurait l’affirmer ni l’infirmer.

A l’époque aussi, pour faire l’école buissonnière, les petits Congolais jouaient eux aussi aux féticheurs ou aux ensorceleurs. Ils écrivaient le nom de l’enseignant sur un bout de papier qu’ils pliaient à leur façon et plaçaient sur un arbre. Le paquet était ensuite percé de clous. Le but du jeu, pour ces élèves, était de faire en sorte qu’un mauvais sort la rende malade afin qu’il renonce à dispenser les cours ce jour-là ou pendant un moment.

Des pratiques risibles, sans un seul fond rationnel, mais auxquelles continuent de s’accrocher certains Congolais en ces temps de modernité accélérée. Les exemples sont légion sur les formes de croyances chez les Congolais. Elles sont encore plus fortes avec l’explosion religieuse comme on a pu le mesurer avec l’agitation qu’a provoquée la coulée de la rouille sur l’obélisque, au rond-point de Moungali à Brazzaville. Un mélange de christianisme et de syncrétisme douteux.

Si les premières formes de croyances avaient un côté dissuasif et moralisateur, celles d’aujourd’hui sont plus qu’aveuglantes et destructives. Hier, elles permettaient d’étouffer toutes velléités de vol et servaient de rempart contre certains travers et, partant, de garde-fous à la société. Bref, certaines croyances pouvaient être considérées comme une forme d’éducation. C’est le cas de certains principes : « un garçon ne s’assoit pas sur une pierre » ; « on ne tient pas les genoux en grimpant une montagne » ; « une femme ne mange pas la tête du signe » ; « on n’indexe pas un cercueil ou un corbillard » ; Etc. 

Ainsi allait la société congolaise dans ses vices et vertus. Telles étaient et sont les croyances en épousant, chaque fois, les couleurs du temps.

 

 

Van Francis Ntaloubi.

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