Italie-RD Congo : « Il y a de la mafia dans les organisations d’adoption »

Jeudi 23 Février 2017 - 19:30

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La présidente de l’organisme officiel italien des adoptions semble décidée à mettre à bas un système où se côtoient, dit-elle, concussion et corruption.

Il y a une semaine, Mme Silvia Della Monica a créé la stupeur en s’insurgeant publiquement contre les irrégularités constatées dans l’adoption de petits enfants congolais par des familles italiennes. « Certains de ces enfants ont bel et bien leurs parents biologiques vivant, mais leurs noms ont été insérés dans les listes des adoptables par des personnalités, congolaises ou italiennes, qui ont perçu pour cela d’importantes sommes d’argent ». Cette accusation a suscité de l’émoi en Italie où la question des adoptions est presqu’une cause nationale.

Vice-présidente de la Commission italienne des adoptions internationales, Silvia Della Monica, une battante dont le mandat arrive à son terme, est revenue à la charge mardi dernier. Au micro d’une radio, elle a vigoureusement dénoncé le système mafieux qui, selon elle, a gangrené depuis des années le système des adoptions en Italie. « Je demande au gouvernement d’aller jusqu’au bout, en me donnant les instruments pour cela. Nous sommes en présence d’une mafia de voleurs d’enfants, et des cas de pédophilie ont même été couverts », a-t-elle tempêté sur les antennes de Radio Uno au cours d’un programme de grande écoute et au titre qui va pour ce genre de dénonciations : « Restate scomodi » (Mettez-vous mal à l’aise).

Elle faisait clairement allusion aux adoptions de ces derniers mois à partir du Congo, facilitées par des organismes italiens agrémentés. L’attaque est directe, et ne fait pas de la demi-mesure. « Le problème n’est pas tant le nombre des adoptions internationales qui sont globalement en baisse. Le vrai problème, c’est la qualité et l’éthique de ces adoptions : les enfants ne doivent aucunement être enlevés aux familles d’origine ; ne peuvent être achetés ! », martèle Della Monica.

Pour elle, le cas de ces petits congolais amenés pour adoption en Italie, est une affaire grave qui touche à des aspects pénaux et de caractère sociale. « Nous avons affaire à une mafia de voleurs d’enfants, parce que les trafiquants d’enfants se comportent comme tel. C’est une tragédie pour les familles d’origine et surtout pour les familles italiennes qui ont accueilli ces enfants ; une tragédie pour les enfants eux-mêmes », insiste cette ancienne juge de la lutte antimafia en Sicile. « Le temps est venu de faire le ménage dans ce système », a-t-elle soutenu.

Elle affirme avoir attiré l’attention des autorités judiciaires sur le cas des adoptions des petits congolais dont les dossiers ont été gérés par une seule association aussi bien dans le passé que dans des temps récents. « Les associations agrées doivent s’assurer de l’adoptabilité des petits, faire les vérifications sur place. Ils ont été mandatés à le faire par le gouvernement italien. Et dans un pays comme le Congo, il faut être plus attentifs », a-t-elle soutenu sans plus de précisions. Mais elle parle d’un « trafic qui se poursuit depuis des années ».

 

Lucien Mpama

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