Terrorisme : une conférence internationale à Olso pour aider les victimes de Boko Haram

Vendredi 24 Février 2017 - 19:19

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Cette conférence organisée par les Nations unies du 23 au 24 dans la capitale norvégienne et à laquelle participent ONG et pays donateurs, a pour objectif de réunir 1,4 milliard d’euros pour aider les populations civiles touchées par l’insurrection islamiste de Boko Haram dans la région du lac Tchad.

Il s’agira de réunir ce montant d’engagements pour la région du lac Tchad, bordé par le Nigeria, le Niger, le Cameroun et le Tchad. Cette région déshéritée et aride est ravagée par huit ans de violences ayant poussé des populations à fuir les djihadistes à pied sans aucune ressource. Il en est résulté la destruction de structures scolaires, sanitaires, et l’agriculture est tout aussi en ruines. Dans ce coin du Sahel, la pénurie alimentaire a atteint des niveaux inquiétants, avec 5,1 millions de personnes manquant de nourriture et plus de 500.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë.

Ouvrant une réunion de la société civile jeudi, le ministre norvégien des Affaires étrangères Børge Brende, a évoqué « un des conflits oubliés » de la planète. « La crise des déplacements de populations dans le nord-est du Nigeria et la région du lac Tchad est vraiment devenue hélas une très grave urgence alimentaire et nutritionnelle », a-t-il souligné. « Plus de dix millions de personnes ont besoin d’assistance (…) Certaines parties du nord-est du Nigeria pourraient malheureusement déjà connaître la famine », a-t-il fait savoir.

Cette situation est décrite par Médecins sans frontières comme la « pire du monde » puisque les organisations humanitaires ne peuvent accéder aux populations en danger qu’à mesure de la progression de l’armée. De plus dans les zones où sévissent les djihadistes, les routes ne sont praticables que sous escorte des soldats nigérians. On accède à certains endroits uniquement par hélicoptère, pour y constater des « taux horribles de malnutrition » parmi les enfants.

La directrice de l’urgence dans l’État de Borno pour MSF, Natalie Roberts a déploré la crise humanitaire qui sévit dans cette partie de l’Afrique de l’Ouest. « Dans toute la région du lac Tchad nous avons vu le combat contre Boko Haram avoir la priorité sur tout le reste, avec des objectifs militaires et politiques dirigés vers lui. Nous nous trouvons maintenant au milieu d’une crise humanitaire immense », a-t-elle précisé.

De son côté, le coordinateur humanitaire de l’ONU pour la région du Sahel, Toby Lanzer, a appelé à répondre à « l’un des groupes extrémistes que l’on peut classer parmi les plus meurtriers », Boko Haram. Les habitants « survivent avec à peine un repas par jour (…). Et nous savons qu’avec la saison des pluies qui arrive, les maladies progresseront, le paludisme deviendra plus prévalent, et il y aura encore plus besoin d’abris », a-t-il relevé.

Dans son intervention, un représentant de la société civile du Nigeria, Ahmed Shehu, a parlé du besoin à plus long terme de développement dans la région. « Je le dis aux donateurs ici : si nous voulons nous attaquer au problème de Boko Haram, réfléchissons aussi au problème sous-jacent de pauvreté », a-t-il insisté. « La deuxième question que nous ne relions pas à Boko Haram est le changement climatique (…) Le lac Tchad s’est asséché. Quel est le problème maintenant ? Une majorité des agriculteurs et pêcheurs ont perdu leur moyen de subsistance », a-t-il ajouté.

Signalons que le lac Tchad a perdu 90% de sa superficie en quelques décennies, passant de 25.000 km2 dans les années soixante à moins de 2.000 km2 aujourd’hui. Il reste néanmoins une source vitale en eau et en poissons pour les habitants de cette région semi-aride.

Boko Haram, qui a pris les armes en 2009 pour imposer sa propre version d’un salafisme radical dans le nord-est du Nigeria, a mené ces dernières années de nombreux raids meurtriers et attentats-suicides dans les quatre pays. L’ONU estime que le conflit dans cette région a déjà fait au moins 20.000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés.

Nestor N'Gampoula

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