Assassinat des experts onusiens : une vidéo du meurtre relance l’enquête

Mercredi 26 Avril 2017 - 16:52

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La diffusion d’une récente vidéo sur l’exécution sauvage de deux experts onusiens abattus au mois de mars au Kasaï a refroidi les relations entre le gouvernement et l’ONU sur fond de questionnements sur l'opportunité de mettre ces images sur la place publique.   

Pendant que l’enquête sur l’assassinat des deux experts onusiens tués en mars au Kasaï alors qu’ils investiguaient sur l’existence des fosses communes dans cette région en proie à une insécurité généralisée se poursuit, la diffusion d’une vidéo sur ce crime odieux est actuellement au centre d’une vive polémique entre le gouvernement et l’ONU. Jamais les rapports entre les deux parties ne se sont trouvés au plus bas niveau. C’est en âme et conscience que les autorités congolaises ont décidé de publier cette vidéo d’environ deux minutes dans laquelle on voit un homme et une femme correspondant au signalement des deux experts, l’américain Michael Sharp et la Suédo-Chilienne Zaida Catalan entourés par sept personnes coiffés de bandeaux rouges parlant tshiluba et armés de machettes, bâtons et fusils. Les deux étrangers sont contraints à s'asseoir par terre puis abattus. Un adolescent coupe alors la tête d'une des victimes. Des images chocs qui traduisent le cynisme et la cruauté des bourreaux des deux experts.

Toute la polémique réside aujourd’hui sur l’opportunité de diffusion de cette vidéo par le gouvernement qui a toujours réfuté les allégations tendant à imputer aux Fardc la responsabilité de ce meurtre odieux. Dans le milieu officiel, on est convaincu que cela permet, au moins, de lever toute équivoque sur les auteurs de cette barbarie, attribuée non plus aux forces de sécurité de la RDC sur qui pesaient de forts soupçons mais aux terroristes agissant sous couvert de la milice Kamwina Nsapu. D’après le porte-parole du gouvernement, il ne fait l’ombre d’aucun doute que les victimes ont été abattues par des terroristes qui se font passer pour les miliciens de Kamwuina Nsapu avec manifestement l’envie de monter l’opinion internationale contre les autorités de la RDC. « Je suis tout à fait content d’avoir mis le doigt dans la plaie et ces gens-là prouvent qu’ils avaient de mauvaises intentions à l’endroit du gouvernement congolais », a affirmé Lambert Mende Omalanga cité par 7 sur 7.cd. Il met également sur le dos desdits terroristes le massacre des policiers mais aussi d’autres crimes graves perpétrés dans la région. D’après lui, la diffusion de cette vidéo a été fait avec l’aval du Parquet militaire qui, à l’en croire, « en a pleinement le droit s’il considère que cela peut accélérer le dénouement de l’enquête ».

De son côté, l’ONU qui a une autre lecture des évènements, trouve inopportune et même trop osée la diffusion de ces images quand bien même, d’après la communauté des nations,  le but apparent est d’écarter les soupçons qui pèsent sur Kinshasa en cherchant à influencer l’enquête. « La vidéo est une preuve du crime. Nous ne pensons pas qu'elle aurait dû être publiée. Nous ne pensons pas qu'elle aurait dû être montrée » (…) On ne peut qu'imaginer combien cela est traumatisant pour les familles des victimes », a affirmé le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric tout en ne remettant pas en cause l’authenticité de la vidéo. Et d’ajouter que sa diffusion à ce stade risquerait de gêner l’enquête qui n’est qu’à ses débuts. Rappelons que les deux experts de l’ONU tués faisaient partie d'un panel d'experts qui enquêtaient sur l'existence de fosses communes dans la région du Kasaï.    

Alain Diasso

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