Application de l'accord de la Saint-Sylvestre : la signature de l’arrangement particulier fait débat

Samedi 29 Avril 2017 - 15:35

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Alors que l’aile dure de l’opposition dénonce la non-inclusivité de cette démarche qui violerait, d’après elle, les procédures prévues dans l'accord du 31 décembre, la coalition au pouvoir pense que la signature de ce document est le dernier acte censé baliser la voie vers la tenue des élections prévues d’ici décembre.  

 

 

La signature le jeudi 27 avril de l’arrangement particulier destiné à régler les modalités de mise en œuvre pratique de l’accord de la Saint-Sylvestre a ravivé de plus bel la polémique politicienne quant à son opportunité. Les réactions enregistrées depuis lors sont contradictoires et reflètent la non-adhésion totale à cette initiative qui, apparemment, ne semble pas avoir résolu l’équation politique qui demeure entière. L’inclusivité, mobile principal qui avait poussé le chef de l’Etat à recourir aux bons offices des évêques catholiques, n’a pas toujours été atteint. En effet, l’absence de l’opposition radicale incarnée par le Rassemblement aile Félix Tshisekedi relativise la portée de cet acte négocié, par ailleurs, sans le quitus des évêques catholiques de la Cénco, médiateurs attitrés dans les négociations ayant abouti à l’accord du 31 décembre.

Pour le Rassemblement aile Limeté, il s’agit là d’une nouvelle violation des procédures prévues dans l'accord de la Saint-Sylvestre. C'est ainsi qu’il l’a déclaré dans un communiqué rendu public quelques heures après la cérémonie du Palais du peuple : « Aucune autre institution ne peut convoquer les parties prenantes pour la signature de l'arrangement particulier en dehors de la Conférence épiscopale des évêques du Congo ». Félix Tshisekedi et ses compères dénoncent par le fait même un « coup de force » de la part du pouvoir en place et, par conséquent, appellent à la mise en œuvre de l’article 64 de la Constitution. D’autres cadres de l’aile dure de l’opposition, à l‘instar du député Jean-Claude Vuemba, rejettent l’initiative pour le simple fait que sur les trente-deux membres qui faisaient office de délégués à la Cénco dont treize du Rassemblement, seuls deux issus de cette frange de l'opposition ont signé.

Ce qui, d’après lui, enlève tout crédit à cette signature négociée du reste en l'absence du Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en RDC, mais aussi des ambassadeurs de grandes puissances occidentales et d’autres forces politiques et sociales du pays. Enfonçant le clou, le sénateur Jacques Djoli note pour sa part que le texte signé au Palais du peuple entre la majorité présidentielle et certaines forces sociales et politiques du pays est totalement différent de celui produit au Centre interdiocésain en ce qui concerne notamment l’incise en rapport avec le mode de désignation du Premier ministre.

Toutes ces jérémiades de l'opposition radicale sont bien  loin d’émouvoir la coalition au pouvoir qui persiste et signe : Cette signature conduira le pays aux élections et à l'amélioration de la situation socio-économique de la population ». En effet, pour les cadres de la majorité, la signature de cet arrangement particulier est le dernier acte censé baliser la voie vers la tenue des élections rejetant ainsi toute perspective des pourparlers supplémentaires. Pour eux, le caractère non inclusif de la signature de l'arrangement particulier est un faux problème car l’unanimité n’existe pas en politique. « Même l’ancien accord n’a pas été signé par tout le monde, il y en a qui sont venus signer après, les Makila et les autres. Donc ça reste ouvert pour ceux qui veulent signer; mais il n’y aura absolument pas d’autres pourparlers », argumente Lambert Mende Omalanga. D’autres langues au sein de la majorité notent toutefois que le refus de Félix Tshisekedi et de ses compagnons à ne pas signer l‘arrangement particulier démontre qu’ils ne veulent « ni aller aux élections, ni accompagner le peuple congolais vers les élections ». Et d’ajouter que la signature de ce document est « l’exécution de la volonté du peuple qui tient à aller aux élections ».

Toutefois, maints observateurs ne s’empêchent d’exprimer leurs inquiétudes par rapport à l’avenir politique immédiat du pays qui vient de négocier là un nouveau tournant avec ce dernier développement. S’il est acquis que la signature de ce document additif de mise en œuvre de l'accord du 31 décembre 2016 donne carte blanche à Bruno Tshibala pour former son gouvernement, il est tout aussi vrai que la démarche risque davantage de crisper la situation sociopolitique du fait de la non-implication de l’aile dure de l‘opposition et du non-accompagnement de la communauté internationale, font remarquer certains observateurs. 

Alain Diasso

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