Chine-Afrique : la lutte contre la pauvreté au centre d'un atelier à Addis-Abeba

Jeudi 22 Juin 2017 - 17:00

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Présente sur le continent à travers des investissements colossaux et multiples, la Chine veut explorer d'autres voies de sa coopération avec l'Afrique

 

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, et le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, ont ouvert le 21 juin au siège de l'Organisation panafricaine à Addis-Abeba, en Éthiopie, le dialogue de haut niveau et le forum des groupes de réflexion (Think-tanks) consacrés à la lutte contre la pauvreté. Autour de cette thématique, les deux parties ambitionnent de "contribuer à la création d'une nouvelle ère de coopération et de développement sino-africaine".

Partant du thème principal " Lutter contre la pauvreté pour une prospérité commune", diplomates et experts venus de Chine et de plusieurs pays africains auxquels se sont joints de nombreux journalistes, ont partagé dans deux ateliers leurs vues sur deux principaux sous-thèmes plutôt voisins par leur transversalité: "Les politiques et les pratiques de développement visant à combattre la pauvreté en Chine et en Afrique pour le premier",  et "La problématique de coordination des plans de coopération sino-africaine en vue d'accélérer l'industrialisation et la modernisation agricole de l'Afrique pour le second".

Au-delà du fait que les questions liées à la pauvreté, aux moyens de l'éradiquer ou d'en atténuer les inégalités font depuis toujours partie des agendas des gouvernements à travers le monde ainsi que de plusieurs ONGs et institutions internationales, le dialogue initié par la Chine avec le soutien de l'Union africaine se voulait une plateforme d'échanges entre deux partenaires décidés à oeuvrer ensemble et sur le long terme. Certains intervenants ont alors abondamment fait référence au livre "Sortir de la pauvreté" dans lequel, le président chinois parle de son expérience lorsqu'il dirigeait encore une petite province de son pays avant d'accéder aux responsabilités suprêmes.

Plus concrètement, la Chine, au regard des progrès qu'elle a accomplis ces trois dernières décennies dans ce domaine précis de la lutte contre la pauvreté, voudrait faire profiter ces succès à l'Afrique dans le cadre des partenariats qui la lient au continent. Elle se défend cependant de chercher à devenir l'unique interlocuteur du continent au détriment des partenaires traditionnels avec qui l'Afrique coopère depuis de longues années, et déclare ne pas être en mesure d'apporter à l'Afrique tout ce dont elle a besoin.

Elle rejette  ainsi les critiques de se livrer "au pillage de l'Afrique" et de vouloir "la coloniser" comme le firent naguère les empires coloniaux  qui lui sont souvent adressées. Aux dires de ses délégués, l'idée majeure que soutient Beijing est que les Africains se prennent en charge eux-mêmes, en expérimentant des plans de développement qui épousent les besoins réels des populations de chaque pays.

Dans le discours qu'il a prononcé à l'ouverture de la rencontre, le ministre chinois des Affaires étrangères a établi le lien entre le développement des infrastructures, la formation des cadres et la disponibilité des investissements pour combattre la pauvreté. En trente ans de réformes, a t-il indiqué, "ce sont 700 millions de personnes qui sont sorties de la pauvreté en Chine".

Wang Yi note que depuis sa prise de fonction, en 2013, il s'est déplacé douze fois en Afrique et a visité pas moins de trente pays du continent. Une offensive diplomatique porteuse de partenariats stratégiques qui ont vocation à ne pas qu'être économiques et commerciales. Le diplomate chinois a ainsi évoqué de l'aide de son pays dans les domaines de la défense, de la lutte contre le terrorisme et de la résolution des conflits. Pour le président de la Commission de l'Union africaine qui lui succédait à la tribune,  la Chine inspire l'Afrique par sa " formidable capacité à compter sur ses propres forces, à ne pas verser dans la paresse, la fatalité en espérant tout attendre de l'autre".

Au fond, la rencontre de la capitale éthiopienne posait la problématique de la lutte contre la pauvreté en Afrique en des termes assez clairs. À savoir que l'Afrique recèle d'énormes potentialités et devrait pouvoir se hisser à un niveau de développement appréciable si elle s'y engage véritablement. La solution ne consiste pas à importer des modèles tout faits, comme plusieurs intervenants l'ont rappelé lors des échanges, mais à s'appuyer sur ses propres réalités. Or, elle a un partenaire disposé à l'accompagner sur cette voie au regard de son expérience, et finalement d'un passé assez commun "marqué par des occupations et la colonisation", rappelait-on.

Il reste que les deux parties élaborent des stratégies appropriées dans lesquelles l'une et l'autre ne sortiront pas lésées, ni ne renieront chacune son propre parcours. Tout est-il que le rôle des experts est bien souvent de réfléchir à des stratégies, et celui des politiques de regarder la faisabilité sur le terrain. L'essentiel étant qu'une question aussi actuelle, aussi sensible que la lutte contre la pauvreté ne soit pas le maillon faible par lequel l'Afrique manquera le rendez-vous crucial du développement.

 

 

 

Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

1-Les participants 2-Wang Yi et Moussa Faki Mahamat à l'ouverture du Dialogue 3-Une vue des participants

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