Musique : Kalama Soul s'en est allé

Dimanche 25 Juin 2017 - 15:01

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L’auteur de la célèbre chanson Balado interprétée par les regrettés Ngeleka et Nzundu se serait éteint rongé par un cancer du poumon le mardi 20 juin à 1h40 à Paris.

Jean Ilunga Kalama, alias Kalama SoulAncien officier dans le service médical au tempérament jovial, Jean Kalama Ilunga, connu du public sous son nom de scène Kalama Soul, s’était engagé dans l’armée pendant quelques années après l’obtention de son diplôme à l’Institut des sciences et techniques médicales (ISTM). Sa passion musicale étant plus forte, il s’était finalement désengagé avant de partir en exil pour la France. C’est donc à Paris qu’il a rendu l’âme quelques treize ans après le griot Ngeleka, disparu lui, le 4 janvier 2004 à Bruxelles. Il était, avec le comédien Nzundu, l’un des deux interprètes du tube Balado dont les premiers clips étaient diffusés sur Télé Zaïre, l’actuelle Radio télévision nationale. Dans cette vidéo où Nzundu et Ngeleka apparaissent dans l’atmosphère de la rue kinoise des années 80 tandis que le premier parodie le parler des habitants de la capitale plaît beaucoup aux téléspectateurs. Ils ont aimé des phrases comme : « Et puis, namoni soki ozali koyiba mingi ezali faute ya matrimoniale na yo. Po éduquement na yo ezali mabe », ce que l’on traduirait par : « Et puis, je constate que si tu voles beaucoup c’est à cause de ta mère. Parce que ton éducation a été mal faite ».

Balado, ce sacré morceau sorti au début des années 1980 présenté sous forme de comédie musicale est l’œuvre mémorable qui justement rappelle au souvenir de plusieurs Kalama Soul. Fort appréciée en son temps, elle est l’une des rares réalisations congolaises du genre que nous a légué la plume de et auteur et qui l’a du reste fait connaître au grand public kinois. « Le succès de cette chanson », comme l’a relevé un mélomane sur le Net, « on le doit finalement au jeu des deux comédiens Ngeleka et Nzundu », plus qu’à l’auteur-interprète Kalama lui-même. Il est intervenu dans le chœur chantant le refrain « Naza Balado te » qui est resté gravé dans plusieurs esprits et que d’aucuns se plaisaient à répéter dans le temps.

Un autre internaute commentant l’article publié sur le site Mbokamosika qui semblait familier à Kalama Soul affirme  : « Jean Johnny Kalama est au départ l’un des meilleurs chanteurs pop du Zaïre ». Le site susmentionné souligne qu’il a commencé sa carrière musicale au Katanga dans les années 70 avec la chanson Hadisi njo, titre qui, aux dires de l’internaute évoque plus haut fut primé entre 1975 et 1977.

Thèmes de société

À propos de Balado, Mbokamosika souligne que la chanson est inspirée du quotidien kinois comme l’on peut aisément le comprendre à travers le dialogue du militaire et du supposé voleur. Notre source en précise le contexte de la sorte : « Depuis la diffusion “d’Angwalima à Wallace : la saga de grands voleurs kinois“, nous sommes en train de nous remémorer l’histoire de la pègre kinoise. L’évolution de notre société a entraîné également l’évolution de la terminologie du “voleur“. Ainsi, si les Angwalima et Ngabidila étaient désignés comme des voleurs ou miyibi durant les années 1960, la nouvelle vague des voleurs (Boudha,Wallace...) des années 1970-1980 était qualifiée de “Balados“. Comme si cette nouvelle terminologie rendait ces bandits moins répréhensibles que les anciens voleurs ». Et donc, soutient-il encore : « C’est pour lever cette équivoque que l’artiste Kalama Soul a fait appel aux comédiens Nzudu et Ngeleka pour interpréter sa composition intitulée “Balado“ ». La pochette du disque d’un concert live de Kalama Soul

Rappelons ici qu’à la suite de Balado, Kalama Soul avait abordé une autre réalité sociale, celle des bailleurs invivables dans Mama lopango monoko. Ce titre récolta presque autant de succès que le premier et renforça donc la notoriété de l’auteur. Il avait littéralement conquis le public kinois, disons congolais carrément. Mais de l’artiste semblait s’être dissout dans la ville sans que l’on sache vraiment ce qu’il était devenu jusqu’à ce qu’il réapparaisse à l’entrée de l’AFDL. Nous tenons encore une fois du site précité qu’il fut conseiller au ministère de la Culture et des arts sous Raphaël Ghenda.

Par ailleurs, sur le Net est publié depuis 2010 un clip libre de droits de Kalama Soul pour sensibiliser contre le VIH/Sida au bas duquel il est mentionné : « Il est destiné principalement à tous les africains... ». Disponible sur YouTube, en deux versions française et anglaise, il est méconnu en RDC. Il a pour refrain : « Je suis la frayeur, je suis le cauchemar, je suis la terreur, je suis la super star », des mots qu’il faut attribuer au virus malfaisant tandis que dans la suite du commentaire est écrit cette recommandation : « Faites connaître ce clip... S’il avait le pouvoir de ne sauver qu’une vie, ce serait déjà merveilleux ! ». L’œuvre a été appréciée et commenté par la suite par de nombreux internautes.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Jean Ilunga Kalama, alias Kalama Soul Photo 2 : La pochette du disque d’un concert live de Kalama Soul

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