Enjeux politiques : l’alliance Palu-MP au bord de l’éclatement

L’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs organisée le samedi 26 août par la Céni n’aura pas été une partie de plaisir pour les candidats alignés par la MP dont certains se retrouvent en situation de ballotage, sans grande assurance de remporter face à des challengers bien appoint. À la Tshuapa, la Tshopo et au Sud-Kivu, les candidats de la MP n’ayant pas atteint la majorité absolue lors du premier vote devront se mesurer au second tour. C’est donc ce mardi 29 août que le vote sera organisé dans les Assemblées provinciales concernées et rien ne présage un triomphe des candidats MP dans cette épreuve électorale qui n’est pas exemptée de toute surprise. Le cas de la province du Kwilu, qui a vu le ticket Floribert Luboto (Palu)-Bulukungu (PPRD) être évincé au profit du candidat indépendant Michel Balabala Kasongo avec Mapanda pour colistier, continue à alimenter la polémique dans les milieux concernés.

Le Palu misait sur son alliance avec le PPRD pour se hisser au gouvernorat du Kwilu via son candidat Luboto qui bénéficiait des faveurs des pronostics. Instructions avaient été données pour que les candidats de la majorité passent sans encombres. Mais hélas ! C’était sans compter avec les aléas de la vie politique et ses quiproquos qui font que même les évidences peuvent parfois tourner au vinaigre, lorsqu’elles ne sont pas en phase avec des intérêts politiques. C’est exactement ce qui s’est passé au Kwilu où le Palu a été  tourné en bourrique par une majorité présidentielle qui, dans cette séquence, n’aura pas joué franc-jeu. Dans ce fief naturel du Palu que représente le Kwilu, la MP a joué aux trouble-fête en jetant son dévolu sur un candidat indépendant en la personne de Michel Balabala Kasongo. Un scénario signé, d’après certaines indiscrétions, Aubin Minaku, secrétaire général de la MP qui, par ce tour de passe-passe, tiendrait à faire basculer le Kwilu dans le giron de la plate-forme-présidentielle en marchant sur les cendres du Palu. Réputé proche de Minaku, des analystes pensent que la casquette d’indépendant qu’arbore Balabala ne serait qu’une trompe-œil visant à désorienter l’opinion quant à sa proximité avec la MP.

Pour le Palu, cette douche froide a été ressentie péniblement des lors que le parti d’Antoine Gizenga est resté constant et fidèle par rapport aux engagements pris dans le cadre du partenariat politique qui lie, depuis 2006, les deux regroupements politiques. Le secrétaire général de la MP, en quête de leadership dans l’ex-Bandundu, aurait-il fait un cran au candidat Palu pour défénestrer un parti allié devenu un peu trop encombrant, lui qui nourrit des ambitions - somme toute légitimes -, dans ce bled qui l‘a vu naître ? Les députés de la MP ont-ils été adoubés pour hisser Michel Balabala au perchoir du Kwilu en contre partie des espèces sonnantes ? Nul ne sait. De quoi s’interroger si tout ceci n’est pas fait avec le quitus de l’autorité morale. 

Tirant les leçons de cette déconfiture, le Palu envisage, d’ores et déjà, de rompre son alliance avec la MP. Le parti d’Antoine Gizenga serait même prêt, à en croire des indiscrétions, à demander à tous ses membres de quitter les institutions à cause de la duplicité entretenue par Minaku dans ce dossier nébuleux. Aux dernières nouvelles, il nous revient que le Palu a donné un ultimatum de trois jours à Joseph Kabila - en tant qu’autorité morale de la MP - à dater de lundi 28 août  pour réparer « l’aventure » de la province du Kwilu au sujet de l’élection du gouverneur dans cette province. C’est ce qui résulte de la réunion du bureau politique du Palu tenue le dimanche 27 août autour du patriarche Antoine Gizenga. « À l’issue de cet ultimatum si la réponse n’est pas positive, l’Alliance serait remise en cause car elle ne répond plus aux objectifs que nous nous sommes fixés depuis 2006 qui était de sauvegarder les acquis de la démocratie par la consolidation de la gauche congolaise pour la conquête du pouvoir par les socialistes et les lumumbistes », dit le Palu dans le communiqué ayant sanctionné ladite réunion. « Cet échec est de la responsabilité du secrétaire général de la MP, Aubin Minaku. C’est anormal d’autant que c’est le Kwilu qui est le bastion du premier allié de Joseph Kabila », réfléchit un cadre du Palu. Il est d’avis que le secrétaire général de la MP a menti au chef de l’État qui s’était pourtant rendu la veille de l’élection auprès d’Antoine Gizenga pour consolider le partenariat scellé entre le Palu et la MP. Notons que le nouveau gouverneur élu du Kwilu, un ancien du Palu, était commissaire spécial de cette province. Professeur d’université de son état, Balabala Kasongo jouit d’une certaine popularité pour avoir réussi, durant son mandat, à mettre le Kwilu sur orbite en termes du développement en restructurant notamment la régie provinciale des recettes.