Rapport annuel sur les droits de l'homme en RDC : forces de sécurité et donneurs d'ordre pointés du doigt

Mercredi 27 Septembre 2017 - 17:25

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Rendue publique le 26 septembre à Genève, cette déclaration onusienne accable les autorités de Kinshasa directement mises en cause pour les dernières vagues de répression meurtrières menées dans le pays.

Rapport accablant. C’est le moins qu’on puisse dire du rapport annuel sur la situation des droits de l'homme en RDC rendu public le 26 septembre à Genève. Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies n’a pas fait dans la dentelle pour stigmatiser la façon dont les droits de l’homme s’exercent en terre congolaise sur fond des violations intempestives par les forces de défense et de sécurité. Dans cette déclaration musclée, les autorités du pays sont directement mises en cause du fait de leur apathie et de leur nonchalance face aux répressions meurtrières qui se sont succédé ces dernières années en RDC. « Peu de choses ont été faites pour mener des enquêtes crédibles, impartiales et indépendantes sur les graves violations des droits de l'homme commises par les forces congolaises de défense et de sécurité dans le Kasaï », fait remarquer le Conseil.

Et de regretter, par ailleurs, que Kinshasa ne se soit pas saisi des informations transmises au sujet des 87 fosses communes recensées dans le Kasaï et que l'action des forces congolaises, avec un usage jugé « disproportionné » de la force, ait conduit à « l'une des pires crises humanitaires du monde » : 5 000 morts et 1,6 million de déplacés et réfugiés en un an, selon l'organe onusien. D’où l’appel à l’ouverture d’une enquête judiciaire pour que les responsabilités soient clairement établies tant au niveau des groupes armés que de la police nationale et des Fardc impliqués dans des violations des droits de l’homme, y compris à tous les niveaux de la chaîne de commandement.

Dans le même ordre d’idées, le rapport onusien voit l’ombre des autorités de Kinshasa qui entretiendraient une instabilité politique avec comme corollaire  l‘émergence de plusieurs foyers de tension notamment dans l’ex-Kivu et au Tanganyika. Au plan politique, le Conseil dénonce le manque de volonté politique dans l’application sans faille de l‘Accord de la Saint-Sylvestre censé conduire le pays vers l’organisation des élections présidentielle et législatives d’ici fin 2017. Ce qui a été mis en place à l'issue du dialogue national de décembre dernier est « l'antithèse » de l'accord signé, avec une répression systématique des opposants politiques, des défenseurs des droits de l'homme et des journalistes, fait remarquer le Conseil. En un mot, Kinshasa ne souhaite pas « réellement poursuivre un processus démocratique pacifique », conclut le rapport.

Régissant à ce tableau peu reluisant du pays tel que peint par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, la ministre congolaise des Droits humains a tout rejeté en bloc estimant que ceci est loin de refléter la réalité que vivent au quotidien les Congolais. Et pourtant, on respire malgré tout en RDC, a nuancé Marie-Ange Mushobekwa comme pour faire remarquer qu’il existe, encore et toujours en RDC, quelques espaces de liberté qui permettent aux gens de s’exprimer. « (…) On y exerce des activités économiques, des enfants vont à l’école, les ONG exercent leurs activités, et même près de 600 partis politiques et une soixantaine de chaînes de télévision fonctionnent en toute liberté », a-t-elle indiqué. Et d’ajouter que « l’accord du 31 décembre 2016 est en train d’être mis en œuvre ».

Alain Diasso

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