Situation politique en RDC : des ONG interpellent Nikki Haley

Vendredi 27 Octobre 2017 - 15:57

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 A l’attention de l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, il est décrit la crise politique que traverse le pays depuis plus deux ans déjà, ponctuée par des violations répétées des droits de l’homme.

En marge de la visite en RDC de l’officielle américaine, 129 organisations de défense des droits de l’homme et mouvements citoyens congolais lui ont lancé, le 26 octobre, un appel urgent l’exhortant à faciliter une transition citoyenne dans le pays. Elles ont demandé, par la même occasion, aux partenaires internationaux y compris le gouvernement américain, l’Union européenne et la Monusco, de retirer leur soutien à l’actuelle équipe dirigeante de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) «qui n’a pas l’intention d’assurer la tenue d’élections crédibles ». Pour ces ONG et mouvements citoyens, le président Joseph Kabila et son gouvernement ne doivent plus être considérés comme « Autorité légitime » pouvant représenter et engager la RDC ainsi que son peuple à compter de la fin du mois de décembre.

L'appel des ONG à Nikki Haley souligne qu’alors que le pays tendait vers un processus démocratique devant permettre l'élection d'un nouveau président en décembre 2016, conformément à la Constitution, le président Kabila a usé de tous les moyens politiques, y compris la force excessive, pour ne pas organiser les élections. « C’est ainsi que depuis janvier 2015, des centaines de Congolais sont tués, d’autres arrêtés arbitrairement, détenus au secret ou jugés sur base d’accusations factices, pour avoir manifesté pacifiquement contre la modification de la loi électorale subordonnant les élections au recensement, appelé la Céni à publier le calendrier ou s’être opposés au troisième mandat du président Kabila », ont expliqués ces organisations. Elles ont noté, par ailleurs, que le régime Kabila était à la base des foyers de tensions à travers le pays qui ont occasionné une crise humanitaire sans pareille. Pour s’en convaincre, ces défenseurs des droits de l'homme ont cité, à titre d’illustration, les 80 fosses communes dénombrées au Kasaï, les 2 000 morts et plusieurs disparus à Béni (Nord-Kivu) et les 500 000 déplacées internes dans la province de Tanganyika à cause du conflit entre pygmées et bantous, etc. « Le pays risque de vivre d’autres conflits similaires (...) aux conséquences plus graves pour la population tant que Kabila restera au pouvoir », ont-ils averti.

Le processus démocratique pris en otage

Il est également rappelé à la diplomate américaine que l’Accord politique du 31 décembre 2016 prescrivant l’organisation des élections d’ici à fin décembre n’est pas appliqué. Le président Joseph Kabila et son gouvernement n’ont pas non plus appliqué les mesures de décrispation préconisant notamment la libération des prisonniers politiques et la reouverture des médias proches de l’opposition. « Ils ont usé de tous les moyens afin de retarder le processus électoral et de poursuivre la répression politique à travers le pays », ont dénoncé les ONG.

Ces activistes des droits humains et des mouvements citoyens congolais relèvent, en outre, que le président de la Céni a récemment déclaré que les élections ne pourront se tenir que dans les 504 jours suivant la fin de l’enrôlement des Congolais de la diaspora au moment où la population aspire à une alternance pacifique. Cela démontre, ont-ils dit, que les pouvoirs publics ne veulent pas organiser des élections avant 2020. « Car dans la stratégie du président Joseph Kabila et ses partisans y compris la Céni, il faut allonger au maximum le délai en vue de préparer le terrain à un referendum. Dans cette perspective, ils sont en train de préparer l’adoption d’une loi réduisant le quorum de décision de la Cour constitutionnelle et une autre pour contrôler les défenseurs des droits de l’homme », ont fustigé ces organisations.

Notant que des rapports publiés sur l’enrôlement des électeurs en cours démontrent une fraude de grande envergure qui mettrait en doute le fichier électoral en préparation et que plusieurs voix s’élèvent au sein du parti au pouvoir afin de réclamer un referendum qui permettrait au président Kabila de briguer un troisième mandat, ces activistes pensent que tout ceci, y compris le refus de respecter l’accord de la Saint-Sylvestre, constitue des manœuvres dilatoires. Ce qui les amène à rappeler la proposition de la société civile congolaise, faite en août dernier pour une transition citoyenne pouvant permettre l’organisation crédible des élections. Celle-ci pourra être dirigée par une personnalité indépendante qui ne se présentera pas lui-même à l'élection présidentielle. Cela constituerait, ont estimé ces organisations, « une parade à la mauvaise foi du président Joseph Kabila et ses partisans qui utilisent la Céni comme moyen pour arriver à leur fin».

Condamnant le fait que le gouvernement utilise les forces de défense et sécurité comme une milice pour s’attaquer aux opposants et aux acteurs de la société civile, notamment le 18 octobre à Kinshasa, 21 octobre à Mbandaka et les 22, 23, 24 et 25 octobre à Lubumbashi, ces ONG recommandent à la communauté internationale de ne plus soutenir, à partir du 31 décembre, le régime en place ni apporter une aide à la Céni qu’elles accusent de servir les intérêts de la majorité au pouvoir.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: Nikki Haley

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