Centrafrique : MSF s’inquiète de la situation des milliers de déplacés

Lundi 15 Janvier 2018 - 15:45

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Depuis plusieurs années, la République centrafricaine (RCA) traverse une crise politique majeure, avec pour conséquences des déplacements et la violence qui sont considérables pour la population.

Médecins sans frontières (MSF) travaille en Centrafrique depuis 1997 et s’inquiète de la situation des déplacés qui s’aggrave de jour en jour. Selon cette ONG, ils seraient plusieurs dizaines de milliers aujourd'hui et le manque de nourriture, d'eau et de capacités de soins se fait sentir. « Même si les affrontements ont baissé d'intensité, ces derniers jours, les déplacés qui fuient les récents combats entre deux groupes armés de la région arrivent en masse dans cette petite ville », a expliqué le 14 janvier, Gwenola François, cheffe de mission MSF, qui vient de séjourner dans la zone.

En effet, les besoins sanitaires sont immenses : le paludisme reste la principale cause de mortalité dans le pays, notamment chez les enfants de moins de 5 ans, le taux de prévalence du VIH  est très élevé et les besoins en santé mentale sont très importants, avec une population traumatisée par les violences, atrocités et insécurité permanentes subies depuis des années.

Alors que les taux de couverture vaccinale en RCA étaient déjà en deçà des objectifs nationaux avant 2013, la crise a encore entraîné une réduction des activités de vaccination dans le pays (13% seulement des enfants de moins d’un an sont totalement couverts et protégés en ce qui concerne la vaccination).

MSF a, en outre, rappelé qu’en 2016, elle avait entrepris, en collaboration avec le ministère de la Santé, la campagne de vaccination préventive la plus importante dans l’histoire des interventions de l’association en RCA. Toujours en cours, la campagne vise à protéger les enfants de moins de 5 ans contre un certain nombre de maladies : la poliomyélite, le tétanos, la diphtérie, la coqueluche, l’hépatite B, la rougeole et certaines formes de pneumonie et de méningite, y compris dans les zones rurales difficiles d’accès.

En septembre 2017, six cent mille personnes étaient encore déplacées en Centrafrique. A cela s’ajoutaient les cinq cent mille réfugiés centrafricains qui ont fui vers les pays limitrophes.

Bien qu’en 2015 la violence ait reculé à Bangui et dans certaines régions de la RCA, les groupes armés encore actifs et le grand banditisme rendent la situation sécuritaire très fragile. L’insécurité persistante dans de nombreuses zones du pays continue d’entraver la capacité de MSF à atteindre les personnes ayant besoin d’assistance.

En 2014, vingt-deux personnes dont trois employés de MSF ont été tuées dans l’attaque de l’hôpital de Boguila. En mai et juin 2016, un chauffeur de MSF et une autre personne faisant partie d’un convoi transportant du matériel MSF ont trouvé la mort lors de violents incidents.

C’est depuis fin décembre 2017 que des affrontements entre le MNLC d'Ahmat Bahar et un autre groupe armé, RJ (Révolution justice), se sont accentués autour de la ville de Paoua (nord-ouest de la Centrafrique), non loin de la frontière tchadienne. Cinq mille personnes seraient arrivées au Tchad. Cinqante-huit mille à Paoua même, selon les derniers chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU.

Le député centrafricain, Martin Ziguélé, natif de Paoua et ancien Premier ministre, a lancé un cri d’alarme et en appelle à une intervention militaire de la Minusca, comme elle l’a fait à Bocaranga, en octobre dernier.

« Nous voulons que la Minusca intervienne, comme cela a été fait à Bocaranga, insiste le député. La Minusca a mis en garde les troupes de Sidiki, qui avaient occupé Bocaranga. Et ces troupes-là n’ont pas voulu quitter Bocaranga et la Minusca a réagi immédiatement et fermement. C’est exactement la même chose, la même réaction, la même réactivité, la même fermeté que nous attendons de la Minusca. »

Yvette Reine Nzaba

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