Libre échange : l’Afrique au rendez-vous avec l’histoire

Lundi 19 Mars 2018 - 13:30

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La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC), projet en gestation depuis quarante ans et dont la mise en œuvre accuse déjà une année de retard, fera du continent la plus grande union douanière au monde jamais établie depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce.

Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) se réuniront, le 21 mars à Kigali, en sommet extraordinaire à la demande du nouveau président de l’organisation, Paul Kagame. Ce rendez-vous historique sera l’occasion pour ces dirigeants de se prononcer sur le lancement de la ZLEC. « La zone de libre-échange continentale constitue un pacte historique dont la concrétisation représente une avancée majeure pour l’intégration et l’unité africaines. », rappelle le président rwandais dans sa lettre d’invitation à ce sommet.

La création d’une zone de libre-échange africaine fera du continent l’une des plus grandes économies du monde, assure pour sa part le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, qui croit dur comme fer que ce projet renforcera tant la position de l’Afrique dans le commerce international, que sa capacité à interagir sur un pied d’égalité avec les autres blocs économiques mondiaux.

En prélude à la rencontre de Kigali, une journée spéciale, baptisée « Sommet des affaires », permettra d’aborder la question de la libéralisation progressive des échanges commerciaux en Afrique dans les années à venir et les opportunités qu’elle offre aux opérateurs économiques du continent en matière de coopération.

Avec un marché africain de plus de 1,2 milliard d’habitants et un produit intérieur brut de 2,5 milliards de dollars, la ZLEC signifie, pour nombre d’experts, la prospérité et la fin de la pauvreté. Elle est aussi synonyme de création d’emplois pour les jeunes, ainsi que de paix et de sécurité pour l’ensemble de la population du contient. Mais actuellement, l’Afrique commerce beaucoup moins avec elle-même qu’avec le reste du monde. Les échanges intra-africains ne dépassent guère les 16%, contre 19% en Amérique latine, 51% en Asie, 54% en Amérique du nord et 70% en Europe.

La mise en place d’une zone de libre-échange s’avère donc indispensable pour l’intégration panafricaine. Avec sa concrétisation, le commerce intra-africain devra s’élever à 53% en éliminant les droits d’importation et les barrières non tarifaires. Ainsi, le rêve d’une Afrique sans frontières passe un cap.

Le Nigeria suspend sa participation

Le président nigérian, Muhammadu Buhari, a annulé son déplacement de Kigali. Pour cause : quelques réticences quant aux conditions de ce traité. « La décision du président veut permettre de donner plus de temps aux consultations », car certains actionnaires nigérians n’ont pas été consultés, a précisé un communiqué de la présidence, publié le 18 mars.

L'un des plus grands syndicats du pays, le Nigeria Labour Congress (NLC), a fait état de ses craintes quant à une ouverture du marché dans le pays et a demandé à être davantage impliqué dans les négociations. « Nous sommes choqués par le manque de consultation dans ce processus. », a déclaré Ayuba Wabba, secrétaire général du NLC.

Ce traité vise à intégrer les cinquatre-quatre pays africains dans une zone de libres-échanges commerciaux et doit regrouper, à terme, les zones régionales commerciales (Communauté de développement de l'Afrique australe, Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest,...).

Le retrait, au dernier moment, du Nigeria est un coup dur pour l'UA, qui veut mettre en place ce projet économique, discuté depuis 2012. Avec une population de quelque cent quatre-vingt-dix millions d'habitants, le Nigeria est un marché gigantesque. Premier producteur de brut sur le continent, il était encore la première économie en Afrique avant la chute du prix du baril en 2016.

Josiane Mambou Loukoula

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