Léon Alfred Opimbat : « C’est un livre témoignage qui nous permet de partager avec le public nos six années d’expérience à la tête du département des Sports »

Vendredi 20 Avril 2018 - 18:54

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Actuellement premier vice-président de l’Assemblée nationale, Léon Alfred Opimbat a été, de 2011 à 2017, ministre des Sports et de l’éducation physique. De ces six années à la tête de ce département, il en a sorti un livre intitulé : « Sports et éducation physique en République du Congo, mon témoignage pour bâtir ». Il le présente au public ce 21 avril à Brazzaville et, à cette occasion, a bien voulu répondre à nos questions.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Pouvez-vous nous présenter le livre que vous venez de publier ?

Léon Alfred Opimbat (L.A.O.) : J’aimerais commencer en vous remerciant pour cette démarche. C’est un livre de 276 pages structuré en quatre parties et subdivisé en seize chapitres que nous avons voulu organiser autour d’un concept appelé « match ». Le match étant retenu ici comme étant un défi puisqu’au cours de ces six années où j’ai été à la tête du ministère des Sports, nous avons eu à faire face à plusieurs types de défis. Chaque chapitre de l’ouvrage représente donc un match. Dans la première partie, nous parlons des matchs gagnés, donc des objectifs que nous estimons avoir pu atteindre selon la mission que le président de la République nous avait confiée en 2011, qui était de relancer les sports et d’organiser les onzièmes jeux africains. La deuxième partie parle, quant à elle, des matchs perdus car, bien entendu, tout en reconnaissant qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, nous admettons qu’il y a des défis que nous n’avons pas pu relever. La troisième partie est consacrée à ces matchs que nous considérons qu’ils devraient être à rejouer. Enfin, la quatrième et dernière partie du livre nous l’avons appelée « La troisième mi-temps » car il s’agit ici de poursuivre la réflexion autour d’un certain nombre de thèmes importants que nous avons pu identifier durant toutes ces années.

L.D.B. : Dans la première partie consacrée aux matchs gagnés, vous développez le thème " Redevenir africain", qu’avez-vous voulu en ressortir ?

L.A.O.: Comme je l’ai dit plus tôt, le président de la République, en me nommant à la tête du département des Sports, m’avait instruit de relancer ce secteur et d’organiser, dans les meilleures conditions, les onzièmes jeux africains. La relance des sports dans mon esprit passait forcément par notre détermination à réinscrire le nom du Congo dans les compétitions continentales, particulièrement dans le football où avant mon arrivée, notre équipe nationale n’avait plus participé à une phase finale de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) depuis longtemps. Redevenir africain consistait donc à qualifier nos équipes nationales et nos clubs pour les phases finales des compétions continentales. Ainsi, nous pouvons dire que l’objectif de redevenir africain a été atteint puisque nous avons participé à une phase finale de CAN en Guinée équatoriale et à deux phases finales du Championnat d'Afrique des nations, pour ne parler que du football.

L.D.B. : Que pouvez-vous nous dire sur les échecs constatés dont parle le livre ?

L.A.O. : Dans la partie du livre consacrée aux matchs perdus, nous parlons de ces échecs. L’une de nos grandes défaillances aura été notre incapacité à pouvoir préparer les athlètes aux différentes compétions dans lesquelles ils étaient engagés. C’est un échec que nous reconnaissons et identifions car nous estimons que c’est une faiblesse qui devra être corrigée à l’avenir. Un autre élément des matchs perdus et qui aura été un des problèmes auxquels nous avons dû consacrer beaucoup d’énergie, c’est celui lié à la gestion administrative des fédérations sportives qui fonctionnent souvent dans une cacophonie où il n’est plus possible de faire avancer le sport. L’illustration de ce problème est visible quand on voit ce qui se passait à la fédération de judo et cela a aussi été le cas aux fédérations de football, de handball ou de basketball. Les conflits qui existaient au sein même des fédérations étaient un réel problème auquel nous étions confrontés et sur lequel il faut continuer à réfléchir sérieusement pour leur trouver des solutions pérennes.

L.D.B.: Et au sujet des matchs à rejouer dont vous parlez dans la troisième partie de l’ouvrage ?

L.A.O. : Par match à rejouer, nous voulons simplement identifier les défis que nous avons essayé de relever mais que nous n’avons pas pu terminer. Un exemple concret: les contrats d’objectifs que nous n’avons réellement pas pu mettre en place entre les pouvoirs publics et les mouvements sportifs. Autre défi que nous avons essayé de relever mais qui reste encore un vaste chantier, c’est celui de l’économie du sport. Comment, dans notre pays, rendre le sport attractif à la fois pour le public et pour les sponsors afin que les financements des activités sportives ne proviennent pas toujours des pouvoirs publics. Il y a plusieurs défis que nous avons identifiés, sur lesquels nous avons commencé à entamer des démarches mais qui méritent d’être poursuivis.

L.D.B. : Vous qui êtes médecin de formation, qu’avez-vous tiré de votre passage au ministère des Sports, à la fois sur le plan professionnel et sur le plan humain ?

L.A.O.: Je suis arrivé à la tête de ce département en reconnaissant que j’étais un profane dans ce domaine. Mais tout en sachant aussi que je suis un cadre de la République et si le chef de l’État avait jugé utile de me confier ce département, cela signifiait qu’il estimait que je pouvais pleinement accomplir cette mission. En six ans, j’ai appris beaucoup de choses du monde sportif, notamment les exigences des sportifs dans un environnement assez difficile car le sport dans notre pays n’a pas encore atteint le niveau professionnel. J’ai découvert des mécènes, des passionnés du sport qui sont voués à la tache et qui y mettent vraiment leur cœur. Et puis, il y a tous ces cadres du département des sports qui sont engagés dans leur travail. J’ai compris et pu toucher moi même du doigt la complexité de la gestion des sports dans notre pays car, avec tous les défis à relever, le sport n’est pas une priorité pour nos États mais il faut reconnaître que le président de la République a beaucoup fait pour le développement du sport au Congo en bâtissant partout des infrastructures modernes. Finalement, l’appréhension que je pouvais avoir au départ s’est vite transformée en détermination et ce fut une expérience très enrichissante, surtout avec la tenue réussie des onzièmes jeux africains à Brazzaville.

L.D.B. : Y a-t-il un message que vous souhaitiez transmettre à la jeunesse sportive congolaise à travers ce livre ?

L.A.O.: C’est un livre témoignage, qui nous permet de partager avec le public notre expérience. C’est un livre qui peut permettre aux uns et aux autres d’avoir la possibilité d’analyser et d’améliorer ce qui est considéré comme « expérience positive » et de mettre dans la poubelle de l’histoire ce qui est considéré comme des échecs. À la jeunesse sportive congolaise, c’est simplement marteler une fois de plus que le sport est un élément important du développement d’un pays et qu’il faut se lancer dans sa pratique et dans les métiers du sport avec détermination et passion. Aujourd’hui, le président de la République a doté notre pays d’infrastructures sportives modernes qui permettent à nos sportifs de travailler dans les mêmes conditions que ceux des pays développés. C’est donc à cette jeunesse de savoir capitaliser tous ces investissements.

L.D.B .: Votre mot de la fin ?

L.A.O. : Par la publication de ce livre, je tenais à marquer la fin d’une riche et belle expérience avec ses hauts et ses bas. C’est donc la page qui est tournée. L’image qui pour moi symbolise ce département des sports dans lequel j’ai passé six ans, c’est celle d’une course de relais. Pour que l’on puisse gagner dans le relais, il faut que les autres relayeurs puissent maintenir et ensuite améliorer la vitesse du premier relayeur qui vous passe le témoin.

Propos recueillis par Boris Kharl Ebaka

Légendes et crédits photo : 

Photo1:Léon Alfred Opimbat lors de l'interview

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