Énergie : la Corap lance une campagne de sensibilisation au projet Inga

Samedi 5 Mai 2018 - 15:15

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L'action menée par la société civile vise à amener la population congolaise à s'imprégner des enjeux et de l’avenir du chantier et de soutenir l’appel à un moratoire y relatif.

Réunies au sein de la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et l’action publique (Corap), des ONG ont réitéré leur appel à un moratoire sur le projet Inga 3. Tout en confirmation la cessation de leur soutien à ce projet, elles ont lancé, à l’issue de la conférence de presse du 3 mai tenue dans les installations du Cenadif à Gombe, une campagne de sensibilisation de la population et de plaidoyer sur les enjeux et l’avenir de ce projet.

En plus d’informer la population sur les enjeux de ce projet, l’objectif général, pour la Corap, est d’en obtenir un moratoire. « Nous avons constaté que la population, voire l’élite congolaise, n’est pas bien informée sur le projet Inga 3 ou le Grand Inga. Nous voulons donc amener la population à se prendre en charge ou à revendiquer ses droits. Nous voulons également que le débat sur le Grand Inga puisse devenir un débat de société », a expliqué le secrétaire technique de la Corap, Emmanuel Musuyu, qui a ajouté que cette campagne est une réflexion que la Corap et ses organisations membres veulent mener avec la population.

Un problème de gouvernance au pays

Développant les raisons qui ont conduit la société civile à retirer son soutien à ce projet initié pour améliorer la desserte en énergie dans le pays, la Corap a signifié qu'il était inopportun, estimant qu'il est susceptible d’apporter plus de problèmes à la population congolaise que des bienfaits, « étant donné qu’il se pose un problème de gouvernance dans le pays ». Pour s’en convaincre, ce regroupement d’ONG a évoqué les conséquences sociales et économiques du barrage d’Inga et d’autres infrastructures qui n'ont été que d’éléphants blancs pendant la deuxième République. « Les étudiants congolais d’une certaine époque et ceux d’aujourd’hui ne bénéficient plus de la bourse d’études, parce que supprimée en vue de payer la dette contractée pour la construction de ces éléphants blancs. Donc, on ne peut pas prendre le risque de laisser à ce gouvernement dont le mandat pose problème de gérer ce dossier pour lequel, comme l’a souligné la Banque mondiale, le risque de corruption est très élevé », a soutenu Justin Mobomi chargé des programmes au Cenadep. Emmanuel Musuyu a, quant à lui, rappelé que malgré la construction du barrage d’Inga, l’accès de la population congolaise à l’électricité est évalué à 15 % alors que les villageois qui ont été déplacés pour permettre la construction de cette centrale hydroélectrique continuent à errer sans qu’une solution soit trouvée à leur problème.

Une campagne qui s’étale sur tout le mois de mai

Cette action vise à créer un mouvement national entre dans le cadre de la continuité des activités menées depuis 2013 par la Corap qui s’est lancée dans le suivi des réformes dans le domaine de l’électricité avec un regard soutenu sur le projet Inga 3. Elle devra se poursuivre tout au long de ce mois, à Kinshasa et au Kongo central. Pour la capitale, la Corap a prévu cinq mini projets à mener avec cinq organisations membres.

La première activité, selon la Corap, est une descente de sensibilisation dans les quartiers populaires de Kisenso et de N’sele. La deuxième sera constituée des échanges universitaires avec les étudiants de deux institutions techniques de Kinshasa dont l’ISTA et l’ISPT, alors que la troisième, axée sur le genre et l’énergie face au projet Inga, prévoit la sensibilisation des femmes de Mbiti, un quartier de la commune de Ngaliema. La quatrième activité vise une campagne médiatique sur cette question et la cinquième sera une sensibilisation  des jeunes leaders. Pour atteindre ses cibles, la Corap voudrait, en plus de l’organisation des tribunes d’expression populaire et des conférences universitaires, imprimer des prospectus, des T-shirts, des calendriers et banderoles, réaliser un documentaire et lancer officiellement le site internet sur les énergies (Congo Energie).

Sur un autre aspect, cette campagne vise également les décideurs ou les autorités du pays en charge de ce projet. Un message leur sera lancé en vue d’adopter un moratoire sur le projet Inga 3 voire le Grand Inga, « parce que beaucoup de choses posées comme préalables ne sont pas élucidées ».

Il est noté que dans son communiqué du 30 janvier annonçant la cessation de son soutien au projet Inga 3, la Corap a motivé sa position par le contexte politique, social et économique que traverse actuellement le pays. Ce regroupement d’ONG avait rappelé avoir soutenu, en son temps, ce projet, tout en relevant cinq grandes préoccupations relatives à l’accès de la population à l’information, l’implication réelle de la société civile à tout le processus, aux études d’impacts sociaux et environnementaux du projet, au dédommagement des victimes d’Inga I et II ainsi qu’au quota réel d’énergie à attribuer à la population. Mais se sentant, à maintes reprises, flouée et remarquant que l’intérêt de la population n’était pas sérieusement pris en compte, cette coalition a décidé d’arrêter son soutien à ce projet, en exigeant un moratoire, « jusqu’à ce que les cinq revendications trouvent gain de cause, jusqu’à ce que soit prouvé le bénéfice réel pour la population et pour les générations futures ».

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Anderson Muamba, Emmanuel Musuyu et Justin Mobomi, face à la presse/Adiac Photo 2: La banderole annonçant la conférence de presse/Adiac

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