Salon international VivaTech : les start-up africaines à l’honneur

Mercredi 23 Mai 2018 - 12:45

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A Paris, les entreprises innovantes africaines, en pleine exposition, commencent à séduire les investisseurs. La Banque mondiale recense quatre cent quarante-trois incubateurs de ces entreprises à travers le continent, alors qu'ils n'étaient encore qu'une dizaine au début de la décennie.

Selon une étude du fonds d'investissement Partech Ventures, les levées de fonds de jeunes pousses en Afrique ont grimpé de 53% en 2017, atteignant cinq cent soixante millions de dollars. L'étude a recensé cent vingt-huit opérations de levées de fonds sur le continent, une hausse de 66% sur l'année antérieure, même si les sommes investies restent très loin des dépenses américaines ou européennes.

« Il y a des petites lumières qui s'allument un peu partout » en Afrique, relève Gilles Babinet, expert de la transformation numérique auprès de la Commission européenne et bon connaisseur des start-up africaines. Mais on est encore très loin « des vingt milliards d'euros » de capital-risque levés en 2017 par les start-up européennes « et il y a encore beaucoup de travail pour constituer des écosystèmes pérennes et solides ».

Dans la finance, l'énergie, la santé, l'éducation, les start-up africaines lèvent certains des freins qui grèvent traditionnellement le développement de l'économie du continent. Un développement accéléré par l'explosion de la téléphonie mobile. Selon une étude du cabinet Deloitte, six cent soixante millions d'Africains devraient être équipés d'un smartphone en 2020, soit plus d'un habitant sur deux - même si seulement cinq cents millions de ces appareils auront accès à internet.

L'Afrique a ainsi vu se développer un ensemble unique d'applications financières utilisant les systèmes de paiements par téléphone mobile mis au point par les opérateurs télécoms comme Orange, MTN, Airtel ou Vodafone, remédiant à la sous-bancarisation du continent. Les start-up africaines « sont en train de construire des services financiers de plus en plus sophistiqués » autour des systèmes de paiements par téléphone mobile, qui vont jusqu'aux « produits d'épargne, de crédit ou d'assurance », explique Tidjane Deme, du fonds d'investissement Partech Africa, une filiale de Partech Ventures.

Au Sénégal, les français Total et Worldwide (paiements électroniques) ont investi cet été 3,7 millions d'euros dans la start-up InTouch du Sénégalais Omar Cisse. Celle-ci commercialise un agrégateur permettant aux commerçants de recevoir les versements des nombreux services de paiements par téléphone mobile existant sur le marché.

Elles sont nombreuses aussi dans la logistique, comme Trade Depot, une plate-forme nigériane accessible par téléphone mobile qui met en relation les grands fournisseurs de biens de consommation - comme Coca Cola, par exemple - avec la myriade de petits détaillants de l'économie informelle qui vendent leurs produits.

Le Nigeria, le Kenya et l'Afrique du Sud ont pris une longueur d'avance dans le développement d'entreprises viables et concentrent encore les trois quarts du montant des levées de fonds. Mais la part de ces trois champions diminue légèrement chaque année, selon l'étude de Partech Ventures. Le Rwanda, dont le président Paul Kagame visitera le 24 mai VivaTech avec son homologue français, fait aussi partie des pays où les start-up se développent, devenant une plate-forme régionale pour servir les pays voisins.

Josiane Mambou Loukoula

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