G5 Sahel : un mandat renforcé réclamé à l’ONU

Jeudi 24 Mai 2018 - 12:15

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La demande a été formulée par le secrétaire permanent de la force militaire G5-Sahel, Maman Sidikou, mais celle-ci a été aussitôt rejetée par les Etats-Unis qui refusent toute implication accrue des Nations unies dans la force antidjihadiste.

L’ONU doit fournir un « apport à un niveau plus approprié » au G5-Sahel que l’actuel soutien logistique fourni par sa force de Casques bleus déployés au Mali, qui reste trop limitée, a déclaré Maman Sidikou ayant dirigé, au cours de sa carrière, plusieurs opérations de maintien de la paix de l’ONU. Ceci passe « par des contributions obligatoires » des membres des Nations unies, a-t-il estimé.

Le secrétaire permanent du G5 Sahel a insisté qu’il était nécessaire « de doter la Force Conjointe (G5-Sahel) d’un mandat renforcé » et « des ressources nécessaires pour achever son opérationnalisation et assurer sa pleine capacité d’intervention ». « Nous sommes encore loin d’avoir atteint une bonne vitesse de croisière dans la mise en œuvre concrète de notre réponse sécuritaire à la crise qui menace totalement de déstabiliser le Sahel et ses environs », a-t-il résumé. « Même si plus de 80% de nos effectifs sont déjà déployés à notre quartier-général de Sévaré et au niveau des trois zones opérationnelles, il n’en demeure pas moins que nos troupes sont encore généralement mal équipées, les bases militaires et plus globalement la logistique nécessaire à une intervention efficace font défaut », a précisé Maman Sidikou.

De son côté, la secrétaire générale adjointe aux opérations de maintien de la paix des Nations unies, Bintou Keita, a abondé dans le même sens. « Il reste encore beaucoup à faire », a-t-elle affirmé, en évoquant les « retards » pris dans la mise en œuvre de la force. Et poursuivant son propos, elle a réclamé « des contributions obligatoires » des membres de l’ONU pour assurer une aide pérenne au G5-Sahel.

La représentante de l’Union africaine auprès des Nations unies, Fatima Kyari Mohammed, a demandé également un soutien plus fort de l’ONU à l’unité militaire naissante, avec « un mandat robuste sous chapitre 7 » de la Charte qui autorise le recours à la force.

Les Etats-Unis opposés aux appels à une force plus robuste

Répondant à ces préoccupations, la diplomate représentant les Etats-Unis au Conseil de sécurité, Amy Tachco, a déclaré : « Une combinaison d’appuis bilatéraux et multilatéraux au Sahel permettra de satisfaire les besoins financiers et logistiques de la force ». Elle a opposé une fin de non-recevoir aux appels à une implication accrue de l’ONU pour aider la force conjointe, et rappelé que des millions de dollars ont été déjà apportés à la région d’une manière bilatérale par Washington depuis des années. « Nous n’accepterons aucune proposition allant dans ce sens au Conseil de sécurité », a insisté la représentante américaine, qui a demandé aux pays ayant prévu des contributions financières de « décaisser les fonds promis ».

Dans son intervention, l’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre, a fait valoir des « avancées importantes » dans la mise en œuvre de la force G5-Sahel, dont la création avait été ardemment poussée en 2017 par la France. « Les progrès sur le terrain sont réels », a-t-il assuré alors que la force a effectué deux opérations depuis sa mise sur pied.

En raison d’une opposition ancienne des Etats-Unis, premier contributeur financier aux Nations unies, à voir l’ONU s’impliquer dans la force G5-Sahel, son financement et ses moyens ne viennent que de contributions volontaires (pays fournissant les troupes ainsi que la France, l’Union européenne, l’Arabie saoudite...).  C’est pour cela que dans un communiqué, le Conseil de sécurité a appelé, le même jour, les cinq membres fondateurs du G5-Sahel à lui faire « atteindre sa pleine capacité opérationnelle dès que possible » et aux donateurs à débloquer leurs fonds « pour accélérer sans retard » la pleine aptitude de la force à agir.

Le 23 février dernier, lors de la Conférence internationale de haut niveau sur le Sahel, qui s’était tenue à Bruxelles, l’ONU, l’Union européenne et les Etats du G5 Sahel avaient signé un accord technique en vue de fournir un « soutien opérationnel et logistique » spécifique à la Force conjointe à travers la Minusma, conformément aux conditions fixées par la résolution 2391 (2017), adoptée par le Conseil de sécurité en décembre 2017. Les bailleurs de fonds s’étaient, à cette occasion, engagés à appuyer la force antidjihadiste à hauteur de quatre cent quatorze millions d’euros. Le Conseil de sécurité estime que la pleine capacité opérationnelle de cette force passe par le décaissement rapide de toutes les contributions nationales, le déploiement de toutes les troupes, la résolution des problèmes de commandement et de contrôle restants et l’opérationnalisation du cadre de conformité.

Créé en 2014, le G5 Sahel a pour objet de renforcer la maîtrise des initiatives de lutte contre les menaces qui pèsent sur la paix, la sécurité et le développement au Sahel.

 

 

Nestor N'Gampoula

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