Couleurs de chez nous : tenue de ville exigée

Samedi 16 Juin 2018 - 13:35

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C’est l’instruction polie qui accompagne certaines invitations, notamment pour les cérémonies officielles. De la même façon que pour se faire distinguer ou projeter d’elles une bonne image, certaines administrations et entreprises imposent une tenue à leurs agents ou employés. Les banques et les compagnies aériennes sont championnes en la matière. Sans compter des corporations et métiers qui sont connus pour la caractéristique ou les couleurs de leurs uniformes.

Au Congo, les nouveaux médias ont permis de sortir des archives la note circulaire n°113 –PR-CAB du 19 mai 1962, signée par le président Fulbert Youlou. S’adressant aux ministres, secrétaires d’Etat, directeurs généraux, directeurs, chefs de cabinet et chefs de services, cette circulaire attire l’attention de ces derniers sur le port obligatoire de la cravate, condamnant au passage des tenues qui ne reflètent pas l’éthique ou le rang du fonctionnaire.

Remise sur la toile et partagée par des internautes congolais, cette note pose le problème de notre apparence physique partout où nous sommes. Bien plus,  elle soulève une problématique née d’une inquiétude : le laisser-aller vestimentaire dans notre société et, désormais, dans nos administrations. Il n’est pas rare que le passage d’un fonctionnaire suscite des interrogations et des critiques, parce que la tenue portée ne rime ni avec son statut ni avec son âge.

En effet, même si l’habit ne fait pas le moine, on reconnaît le moine à son habit. C’est ainsi que, sans sommation de leur administration, certaines personnes se donnent cette exigence d’être soignées sur le plan vestimentaire. D’ailleurs, aux gens bien vêtus, il est accordé une attention particulière et d’autres soins spéciaux. 

Devant l’anarchie vestimentaire constatée à la morgue municipale de Brazzaville, les autorités de cette structure ont vite fait d’imposer une mesure sur la tenue. Les femmes en sont les principales victimes lorsqu’elles s’y présentent en pantalon ou avec une tenue qui laisse voir la poitrine ou les avant-bras, etc.  Autres personnes interpellées : les porteurs de « bras-cassés ». Cette expression, chez nous, désigne un maillot de corps sans manches. Le paradoxe, c’est que ce qui est interdit à la morgue est généralement admis aux funérailles. Une violation de la mesure et de la norme sociale convenue.

Aussi, faute de consignes dans ce sens, d’autres individus ont pris goût d’atterrir dans des administrations, vêtus à leur manière. Les effets de la mode s’ajoutant, de plus en plus de jeunes, voire des adultes, s’imposent des tenues qui choquent les mœurs. Il faut dire que la problématique vestimentaire n’étant plus régulée, il revient à chaque individu de s’imposer une discipline. Je vous partage cette scène entre un adulte et une jeune fille que celui-là a renvoyée à cause d’une tenue qui laissait voir le dos. Je vous laisse imaginer le débat que ce renvoi a provoqué entre la jeune dame et l’homme qui a voulu joué les moralisateurs.

En réalité, la tenue traduit l’éducation et la culture de chacun et de tous. Cependant, quelle que soit la tenue, la forme et les couleurs restent déterminantes dans le jugement que l’on portera sur chaque individu. Et les Congolais n’y échappent pas. Au-delà des apparences.
 

Van Francis Ntaloubi

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