Concubinage : une pratique très répandue au Congo

Samedi 16 Juin 2018 - 13:29

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 La plupart de couples vivent des fiançailles prolongées ou un mariage à l’essai, avec droit de vie conjugale, commnunément dénommé en langue locale "Yaka to fanda".

Les jeunes en âge de se marier préfèrent, face aux difficultés du chômage et à l'amour des mondanités, les unions consensuelles non reconnues par la loi. Nombreux attendent une stabilité financière, nécessitant beaucoup d'années d'économie, ou une intégration professionnelle pour légaliser leur situation maritale.

Dans les différentes villes du Congo, on note un véritable engouement des jeunes vers des unions libres. Sans avoir atteint la maturité nécessaire pour gérer un foyer, certains d’entre eux abandonnent les études pour s’y consacrer. Ils vivent en couple, sous un même toit, avec quelquefois une progéniture considérable.

Cela s’observe plus dans des milieux défavorisés, aussi bien dans les villes, banlieues et villages. C’est souvent le cas des mineures non instruites et des jeunes qui exercent dans l’informel.

Les raisons évoquées

Les filles qui s’adonnent à cette pratique évoquent plusieurs raisons, notamment la maltraitance, la précarité, la contrainte des parents après avoir été engrossée, le manque d’orientation et de dialogue au sein de la famille… « Ma belle-mère me privait de nourriture, afin de contourner cette situation et autres difficultés rencontrées, j'ai cédé aux avances d'un jeune contrôleur de bus chez qui je passais du temps. Résultat : j'ai manqué l’examen du brevet d’études du premier cycle et j'ai été chassée de la maison. Depuis, je vis avec mon compagnon et nos deux enfants », témoigne Grâce, une adolescente de 17 ans.

Plusieurs jeunes filles acceptent de cohabiter ainsi pour contourner les multiples contraintes matérielles. Dans les foyers où elles trouvent refuge, elles sont souvent obligées de se lancer dans des commerces de fortune pour s’en sortir.

Outre ces cas de figure, on retrouve une autre catégorie de filles ou jeunes femmes qui aspirent simplement à devenir la maîtresse d'un riche homme marié. Ces dernières font partie de celles qui considèrent la vie de couple comme une promotion sociale ou une occasion de réaliser leur maternité. Elles prennent soin de choisir des hommes qui peuvent subvenir à leurs besoins, en commençant par les déloger de leurs toits familiaux pour un abri tous frais payés.

Ce type d’arrangement non reconnu par la loi ne protège pas ces femmes qui se mettent en ménage avec leur compagnon. La plupart du temps, il engendre des complications au sein des familles que ces femmes forment avec leurs conjoints. « Le fait que ces unions libres ne soient pas réglementées, leur rupture est facilement consommée. Ce qui conduit à l'éclatement des familles. Le père et la mère se trouvant ailleurs, l'éducation des enfants issus de ces unions laisse souvent à désirer. Cette situation risque de plonger le pays dans une société d'extrême violence », déclare Jean-Pierre Banzouzi, sociologue et assistant à l'Université Marien-Ngouabi.

Les dépenses exubérantes de la dot, un des piliers des unions libres

Le code de la famille congolais a prévu des dispositions assez souples sur la question du pré-mariage (dot), mais cela n'est guère pris en compte lors du mariage coutumier. Les familles des deux conjoints attestent toujours avoir respecté le prix de la dot prévu par la loi, 50 000 francs CFA devant le maire, alors que chaque famille le fixe à sa guise.

Souvent exagérées, les dépenses relatives à la cérémonie de la dot freinent considérablement la légalisation des unions au Congo. Devrait-on exiger, en guise de témoin, un agent de la mairie ou du tribunal lors des cérémonies de remise de dot pour faire appliquer la loi ?

 

Aubin Banzouzi et Durly Emilia Gankama

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