Journée de l’enfant africain : des ONG alertent le gouvernement sur le non-respect des droits

Vendredi 15 Juin 2018 - 18:00

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Le Réseau des intervenants sur le phénomène des enfants en rupture (Reiper) et Apprentis d’Auteuil ont présenté le rapport de l'Examen périodique universel (EPU) 2018, soulignent le non-respect des droits fondamentaux des enfants.

La 28e Journée de l’enfant africain est célébrée le 16 juin sur le thème « Aucun enfant laissé pour compte pour le développement de l’Afrique ! » Au Congo, l’évènement sera officiellement fêté au ministère des Affaires étrangères et donnera lieu au lancement de la Politique nationale d’action sociale. Le Reiper, qui a lancé le 15 juin le projet « Appui au développement des actions de prévention et d’assistance aux enfants vulnérables », en partenariat avec l’Union européenne, a interpellé les autorités sur le non-respect des droits fondamentaux des enfants.

En effet, selon cette ONG et son partenaire Apprentis d’Auteuil, le Congo a ratifié les principaux textes internationaux portant protection de l’enfance et doté d’un arsenal juridique national important. Mais il a encore beaucoup à faire. « Malgré l’existence de cet arsenal juridique et la promulgation de la loi n-°4-2010 du 14 juin 2010, huit ans après, ses décrets et arrêtés d’application n’ont toujours pas été signés et déployés, freinant la mise en œuvre effective des droits de l’enfant dans le pays », note le rapport rendu public en termes de recommandations.

D’après ces associations, les acteurs de terrain constatent une aggravation des difficultés rencontrées dans la prise en charge des enfants. Il s’agit là des conséquences d’une méconnaissance des droits des enfants par les autorités locales et parfois centrales ainsi qu’un manque de moyens matériel et humain. «Les personnes ou les institutions qui violent les droits des enfants n’ont, d’ailleurs, jamais été inquiétées par les tribunaux », souligne le document.

Non-respect des droits fondamentaux des enfants 

S’agissant des droits fondamentaux, le Reiper et Apprentis d’Auteuil notent des violences faites aux enfants ; l’enregistrement des naissances ; la santé et l’éducation. Pour eux, les acteurs de la société civile observent, ces dernières années, une régression du respect des droits des enfants. En effet, les cas de violences et de maltraitance à l’encontre des enfants sont très fréquents dans la société congolaise. « Une étude nationale réalisée en 2014-2015 par le gouvernement et l’Unicef révèle que 82,5% des enfants subissent une agression psychologique ou châtiment corporel. Selon les données du guichet unique porté par Action de solidarité internationale (ASI), membre du Reiper, et Azur développement, 46% des cas recensés à Pointe-Noire, de mai à octobre 2017, le sont pour des violences sexuelles, physiques ou psychologiques exercées sur des mineurs », détaille le document.

Quant à la situation de l’enregistrement des naissances, elle reste également, ont ajouté les deux ONG, préoccupante. Car d'après cette étude gouvernementale, 4% d’enfants n’avaient pas été déclarés à la naissance ou enregistrés à l’état civil. « Le Reiper constate que 60% des enfants, parmi le millier d’enfants accueillis dans les centres d’accueil de ses associations membres, n’ont pas leur acte de naissance. Concernant le droit à la santé, la loi sur la protection de l’enfant interdit la privation des soins à un enfant en raison des considérations financières dans les hôpitaux subventionnés et prévoit des sanctions pénales, disciplinaires et administratives. Or, aucune formation sanitaire ne prodigue des soins gratuits aux enfants », a dénoncé le coordonnateur du Reiper, Joseph Likibi.

Des enfants incarcérés dans des mauvaises conditions

La République du Congo ne dispose pas de centres de rééducation, tel que prévu par la loi portant protection de l’enfance. Tous les mineurs en conflit avec la loi sont systématiquement placés, indiquent ces ONG, dans les maisons d’arrêt, dans les mêmes quartiers que les adultes. « La surpopulation carcérale est constatée à la prison de Brazzaville où la fréquentation atteint parfois 200% des capacités d’accueil de la cellule pour mineurs. 90% des mineurs en rupture familiale ne reçoivent aucune aide et se retrouvent confrontés à de nombreux problèmes alimentaires, sanitaires, psychologiques et juridiques. Cette surpopulation carcérale est renforcée par une administration de la justice pour mineurs défaillante car en sous-effectif. Avec plus de cinq cents dossiers par an à administrer par l’unique juge des enfants de Brazzaville, l’examen diligent des dossiers s’avère impossible », constatent-elles.

Concernant la question des enfants vivant avec handicap, elle serait aussi préoccupante dans la société congolaise. « Considérée comme tabou, la présence d’un enfant handicapé dans une famille est vécue comme une malédiction, un sortilège, une punition divine », ont déploré les deux ONG.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Les enfants autochtones d’Enyellé ; les participants à la cérémonie du lancement du projet /Adiac

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