Demande d’asile : une association des réfugiés rwandais dénonce la "partialité" et la "complicité" du HCR

Mardi 19 Juin 2018 - 19:45

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 Au cours d’une conférence de presse animée le 19 juin à Brazzaville sur le thème "Cri d'alarme des réfugiés rwandais contre la complicité et la partialité du HCR", l'association "Espoir" s'est dit très préoccupée de la situation des réfugiés rwandais vivant en République du Congo après la fin de leur statut de réfugié, depuis le 31 décembre 2017.

Association apolitique et à but non lucratif, regroupant les réfugiés Hutu depuis 1990 à nos jours, « Espoir » n’a pas ménagé le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qu’elle taxe de partiale et de complicité avec les autorités rwandaises dans la résolution de leur situation. « Nous dénonçons l’injustice de ce dernier dans l’application des solutions durables qui nous permettraient d’avoir un statut juridique. Après la clause de cessation de notre statut, le 31 décembre 2017, nous sommes aujourd’hui dans une situation d’irrégularité sur le sol congolais, contrairement à la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés », a fustigé le coordonnateur de cette association, Jean Bosco Mugemana, qui a coanimé cette conférence.

Selon lui, conformément au protocole de 1967 de la Convention de Genève et la Convention de l’OUA de septembre 1969, le réfugié ne peut pas se trouver dans une telle situation au regard du devoir et des attributions du HCR dont la mission primordiale est de protéger les réfugiés. « Mais, aujourd’hui, nous constatons que le HCR a complètement ignoré ses responsabilités et principes d’humanisme sur lesquels se fondent cette organisation onusienne, optant pour un choix politique, c’est-à-dire être en complicité avec les autorités de Kigali et sacrifier les réfugiés rwandais en les déshumanisant comme cela est de coutume depuis notre fuite qui remonte aux années 1990. Nous ne pouvons pas garder silence face à ce drame humanitaire dont nous sommes victimes », a-t-il martelé, au nom de plus de 8 460 réfugiés vivant dans cette situation.

En effet, les animateurs de cette conférence de presse, qui s’est tenue au Centre d’information des Nations unis, sont longuement revenus sur les devoirs du HCR envers les réfugiés ; la clause de cessation du statut de réfugié ; l’applicabilité de la clause de cessation. Ils ont aussi évoqué les conséquences socio-humanitaires et sécuritaires de la cessation du statut de réfugiés rwandais, insistant que cette clause a été évoquée prématurément, injustement et mal appliquée. Ce qui engendre actuellement d’énormes conséquences dans tous les domaines de la vie quotidienne des réfugiés rwandais.

Des suggestions

Après avoir dépeint ce tableau et dénoncé ce qu’ils considèrent comme des irrégularités, les conférenciers ont fait quelques suggestions. Ils ont, par exemple, demandé l’implication du HCR Genèse ainsi que du secrétaire général de l’ONU pour qu'ils puissent garder leur protection internationale. Il s’agit notamment de la reconnaissance du statut de réfugié à tous les Rwandais réfugiés de 1994 jusqu’à aujourd’hui car, ont-ils dit-il, la clause de cessation est prématurée, mal organisée et mal appliquée. Au gouvernement congolais qui les a accueillis depuis plus de vingt ans, ils ont suggéré l’application des conventions internationales relatives aux réfugiés et la reconnaissance de tous les réfugiés rwandais sans aucune distinction. « Car nous avons tous fui la même cause ; ceci en emboîtant le pas de tous les pays limitrophes du Rwanda comme l’Ouganda, la RDC, le Burundi et la Tanzanie qui n’ont pas appliqué la clause de cessation, parce qu’ils savent que les circonstances qui ont fait que nous soyons réfugiés existent encore », ont-ils ajouté.  

L’association « Espoir » a, enfin, demandé aux tribunaux internationaux, notamment à la Cour pénale internationale, d’arrêter et juger les auteurs des crimes contre l’humanité et du génocide à l’encontre des réfugiés rwandais Hutu de 1990. Les ONG d’action humanitaire et autres bienfaiteurs ont, quant à eux, été invités à venir en aide aux réfugiés rwandais en situation de détresse tels que les femmes enceintes ; les orphelins ; les personnes âgées ; les personnes vivant avec des maladies chroniques et handicap physique et mental ; les enfants non-scolarisés et démunis.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Les conférenciers ; une vue des réfugiés présents à la conférence de presse /Adiac

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