Enjeux électoraux : mauvais temps à la Céni

Mercredi 20 Juin 2018 - 16:45

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La démission du directeur du Centre national de traitement (CNT) de la Centrale électorale continue à faire jaser dans l'opinion qui craint que le départ de cet ingénieur-informaticien  ne puisse compromettre un processus assorti d’un fichier électoral corrompu, présentant de nombreuses anomalies telles que décelées par les experts de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).      

La démission-surprise du directeur du CNT de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), à moins de six mois des élections prévues d’ici à décembre, inquiète. Jonathan Seke Mavinga quitte la Centrale électorale à un moment crucial, mieux, à la veille de la convocation du corps électoral, le 23 juin, et de l'appel à candidatures. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? A la Céni où l’on joue à la tempérance, la tendance est de relativiser la démission du responsable de la cellule informatique qui, dit-on là-bas, n’aura aucune incidence sur le processus électoral. Au niveau du bureau, la version qui circule est celle de l’état de santé précaire de cet agent informatique. Dans sa lettre de démission datant du 9 juin, l’intéressé aurait justement évoqué son « état de santé » qui ne lui permettait pas « d’être efficace et de donner un bon rendement à son poste de directeur informatique » de la Céni.

Cette version est celle brandie officiellement par le bureau de la Céni pour justifier le départ de son directeur qui aurait introduit sa démission en bonne et due forme, laquelle a reçu le quitus de l’institution en vue de son évacuation à l’étranger. Et pourquoi avoir acté seulement aujourd’hui la sortie du pays de Jonathan Seke Mavinga ? La Céni indique que cela ne pouvait être possible pendant que l’audit de l'OIF était en cours d’exécution. « Une fois les conclusions satisfaisantes de cet audit ont été rendues publiques, l’option a été levée d’accepter sa démission », rapporte une source proche de la Céni.

Ces explications sont cependant loin de convaincre une opinion publique de plus en plus critique et qui pense qu’il y a anguille sous roche. En effet, plusieurs interrogations continuent de tarauder les esprits quant à cette démission pour le moins inattendue. Jonathan Seke Mavinga a-t-il démissionné de son poste ou a-t-il été contraint à le faire ? Nul ne le sait. Néanmoins, il y a un certain nombre des faits dont l’agencement laisse perplexes maints analystes qui ont du mal à décrypter les dessous des cartes. Des indiscrétions laissent entendre que les rapports n’étaient plus au beau fixe entre le bureau de la Céni et son informaticien-maison qui n’était pas très chaud à l'idée de recourir à la machine à voter qui, selon lui, ne présentait pas des gages de fiabilité. Face à l’obstination de sa hiérarchie à vouloir à tout prix utiliser ces engins, le 23 décembre, l’intéressé aurait préféré rendre le tablier. Les mêmes indiscrétions font état des remontrances que Corneille Naanga et les membres du bureau de la Céni auraient fait subir à l’ingénieur informaticien, reproché d’avoir remis aux experts de l’OIF le fichier électoral contenant six millions d’électeurs inscrits sans empreintes digitales ou partielles.

D'autres langues allèguent que Jonathan Seke Mavinga, actuellement retranché aux Etats-Unis d’Amérique, serait parti avec, dans ses bagages, le logiciel de base du système informatique qui régit l’opérationnalisation de la machine à voter. Des allégations que continue de rejeter la Céni pour qui la démission de son chef informatique est un fait mineur qui ne peut remettre en cause le travail effectué jusqu’ici. Et, d’ailleurs, la Centrale électorale s’activerait déjà à combler le vide laissé par le départ de Jonathan Seke Mavinga, cherchant à lui trouver un remplaçant.    

Expert en développement de système de traitement des résultats électoraux, Jonathan Seke Mavinga, pour rappel, était parmi les membres de la Céni qui présentaient et expliquaient le principe de la machine à voter. Il était en première ligne dans la promotion de cet outil, notamment à l’Assemblée nationale. Il était chargé, à travers sa structure, de centraliser, traiter et consolider des données biométriques au sein de la Céni.

Alain Diasso

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