Côte d’Ivoire : le camp présidentiel crée un parti unifié

Mardi 17 Juillet 2018 - 12:30

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Dénommée Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la formation politique lancée le 16 juillet à Abidjan, au terme d’une assemblée générale constitutive, sera dirigée par l’actuel président ivoirien, Alassane Ouattara.

D’après un communiqué, les délégués de plusieurs formations politiques et des personnalités favorables au nouveau parti unifié ont adopté, « à l’unanimité », les statuts après une heure de débat et désigné sans surprise comme leader Alassane Ouattara qui était le seul candidat déclaré. Un congrès constitutif entérinera la création de ce parti d’ici à la fin de la l’année, a indiqué un responsable, précisant qu’il s’agit là d’une deuxième étape dans la concrétisation tant souhaitée du parti unifié, lancé une semaine après un remaniement ministériel.

Le nouveau parti regroupe le Rassemblement des Républicains (RDR), la formation du président Ouattara; l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (six députés), présidée par Albert Toikeusse Mabri; et des personnalités d’autres partis. C’est dire que toutes les formations politiques de la majorité présidentielle actuelle en Côte d’Ivoire n’ont pas adhéré à la création du RHDP. C’est le cas du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), l’une des deux grandes formations de la coalition au pouvoir, qui avait soutenu Alassane Ouattara aux précédents scrutins présidentiels de 2010 et 2015.

Le parti d’Henri Konan Bédié a refusé d’adhérer au RHDP, mécontent des termes de l’alliance proposée, notamment parce que le nouveau parti exigeait comme préalable à l’union qu’une personnalité issue de ses rangs soit le candidat unique à la prochaine présidentielle. Malgré le refus du PDCI, un certain nombre de ses élus et cadres ont choisi de faire marche commune avec le parti unifié puisqu’une douzaine d’entre eux ont été nommés ministres dans le nouveau cabinet.

Conscient du poids que représente le PDCI, l’actuel président ivoirien a lancé un appel à son président. « Il faut que nous restions ensemble (…). C’est ce que je vais dire à mon ainé », a déclaré Alassane Ouattara. Il a, en outre, rappelé les victoires passées obtenues grâce à l’union, en particulier pendant les heures sombres de la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait conclu la décennie de crise politico-militaire des années 2000. Evoquant l’élection présidentielle de 2020, le chef de l’Etat ivoirien a martelé : « Nous allons gagner » avec le RHDP. Et parlant de sa succession au terme de son deuxième mandat, il a dit : « Nous devons travailler, le président Bédié et moi, pour transférer le pouvoir à une nouvelle génération en 2020 ». Ce qui a suscité des applaudissements nourris dans l’assistance.

Présent à l’assemblée générale des Houphouëtistes, Guy Kanga, secrétaire d’une section PDCI à Bouaké, la deuxième ville ivoirienne, a déclaré : « Moi je veux le rassemblement. Il faut poursuivre les discussions entre les deux présidents (Bédié et Ouattara). On ne veut pas retomber dans la violence ». Le politologue Sylvain N’Guessan, directeur de l’institut de stratégie d’Abidjan, a, quant à lui, commenté:« Il est difficile de parler de grand parti unifié, puisque le RDR se retrouve avec des partis satellites ne représentant que quelques pourcentages de l’électorat. Ce n’est pas ce dont rêvait le président Ouattara. Il a attiré des décideurs du PDCI mais la base de ce parti reste réfractaire ». 

Agé actuellement de 76 ans, Alassane Ouattara avait laissé planer le doute sur son intention de se représenter en 2020 pour un troisième mandat, en principe interdit par la Constitution de 2016 qui n’en autorise que deux. Aujourd’hui, même si la rédaction de cette loi fondamentale laisse un flou juridique sur la question, tout porte déjà à croire que l’actuel président sera candidat à sa propre succession pour avoir déclaré, la semaine dernière, qu’il indiquerait son intention précise lors de son allocution à la nation le 6 août, la veille de la fête de l’indépendance. Quant à Henri Konan Bédié, octogénaire, qui dirige le deuxième grand parti de la coalition au pouvoir, il reste mystérieux sur ses intentions pour 2020.

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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