Intégration sous-régionale : une nouvelle route pour booster le commerce entre la RDC, la Zambie et la Tanzanie

Mercredi 18 Juillet 2018 - 17:00

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L'infrastructure dont le début des travaux est annoncé pour l'an prochain permettra d'augmenter la capacité de manutention du port tanzanien de 13,8 millions de tonnes de marchandises par an, à 28 millions de tonnes d'ici à 2020, indique le journal tanzanien "Daily News".

 

 

 

 

La Zambie et la République démocratique du Congo (RDC) vont amorcer, en 2019, les travaux de construction de 182 km de la route Kasomeno-Kasenga- Chalwe-Mwenda jusqu'au port de Dar es Salaam, dans le cadre d'un partenariat public-privé. 

Ce projet évalué à 475 millions de dollars américains sera entrepris par Groupe européen de développement (GED) Afrique et comprendra un pont à haubans de 350 mètres et deux postes frontaliers à guichet unique, en RDC et en Zambie. Selon le directeur général du GED, René Hutton-Mills, cité par le "Daily News", une fois achevée, la nouvelle route offrira un itinéraire alternatif et plus court pour plus de six cents camions chargés de minéraux qui voyagent entre le Katanga et le port de Dar es Salaam.

En outre, a-t-il ajouté, la nouvelle route sera raccourcie de 32 km et sera dotée d'infrastructures et de systèmes douaniers et frontaliers modernes. Bien plus, a-t-il fait savoir, le commerce transfrontalier sera encore renforcé et rationalisé par l'introduction d'un système de transport intelligent sur mesure, développé conjointement avec Singapour Trade Services, une filiale de Crimson Logic, pour accélérer le commerce entre la Tanzanie, la Zambie et la RDC.

René Hutton-Mills a également suggéré que le nouveau corridor commercial de la Sadc pourrait favoriser une plus grande intégration régionale et relier les zones agricoles aux marchés régionaux, ce qui permettrait de débloquer la capacité de production de la sous-région. La route à péage, explique-t-on, est un projet phare pour la région de la Sadc car il s'agit du premier projet d'infrastructures de partenariat public-privé financé par l'Initiative de financement privé en Zambie et en RDC et aussi du premier projet d'infrastructure transfrontalière entre ces deux pays de la Sadc.

Cette route à péage servira d'accès au port de Dar es-Salaam et devrait être achevée et devenir pleinement opérationnelle au cours du deuxième trimestre de 2021. Duna Azfalt, le premier entrepreneur routier hongrois et Group Five, le groupe africain de construction, de concessions et de fabrication, seront les entrepreneurs conjoints d'ingénierie, d'approvisionnement et de construction, tandis que l'exploitation et la gestion de la concession seront confiées à Intertoll, opérateur d'infrastructures de péage et d'autoroutes entièrement intégré et filiale à 100% du groupe Five.

Kasumbalesa, une frontière désuète

Le GED Afrique et la Banque de développement d'Afrique australe ont commencé le processus d'évaluation environnementale du projet de route Mwenda-Kashiba de 187 km. Selon le directeur du GED-Zambie, Marcus Ascott, cité par "Daily News", un total de 221 millions de dollars américains sera financé du côté zambien et la RDC s'occupera du reste. Marcus Ascott a récemment visité la Tanzanie et a déclaré que la frontière actuelle de Kasumbalesa en RDC est ancienne, encombrée et assez loin. Il a indiqué que cette nouvelle route réduira d'au moins 312 km la distance parcourue entre l'exploitation minière du Katanga et le port de Dar es Salaam. Pour lui, avec la construction de cette route, ce port aura un avantage par rapport aux autres. « Nous devons emprunter cette nouvelle route pour explorer les provinces riches en minéraux du Katanga, qui est le plus grand producteur mondial de cobalt utilisé dans pratiquement toutes les batteries dans les appareils communs, y compris les téléphones portables, les ordinateurs portables et même les véhicules électriques. À l'heure actuelle, le Katanga compte environ dix-sept exploitations minières commerciales et dans trois ans, elle aura environ quarante mines commerciales et la Tanzanie devrait vraiment tirer profit de sa situation géographique pour exploiter cette activité », a fait savoir Marcus Ascott, tout en soulignant que le port de Dar es Salaam est concurrencé par ceux de Durban (Afrique du Sud) et Walvis Bay de Namibie et même l'Angola.

Augmenter le trafic à la frontière de Tunduma

Marcus Ascott a également déclaré avoir demandé au gouvernement tanzanien d'autoriser la création d'un passage en transit à la frontière de Tunduma, pour augmenter le trafic de transit d'au moins quatre fois. Selon lui, cette frontière de Tunduma est un casse-tête pour les transporteurs de la RDC. «C'est pourquoi nous demandons au gouvernement tanzanien de nous autoriser à créer un nouveau passage à niveau à Tunduma, ce qui contribuera à réduire la congestion car il ne faudra que trente minutes à une heure pour que les camions de transport en commun puissent passer », a-t-il expliqué. Il a rappelé qu'actuellement tous les camions, y compris ceux qui se dirigent vers la Zambie, font la file ensemble à Tunduma, où il faut au moins sept jours pour passer. Pour Marcus Ascott, il n'y a aucune raison pour que les camions qui se dirigent en RDC soient bloqués pendant tous ces jours à Tunduma, parce qu'il n'y a pas d'exigence douanière.« Les camions à destination de la RDC ne sont pas tenus de payer des droits au poste frontière de Tunduma. Il est dans notre intérêt de conduire beaucoup de trafic dans cette nouvelle route qui bénéficiera vraiment à la Tanzanie, parce que le Katanga est une merveille géologique », a-t-il soutenu.

 

 

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photos 1,2 et 3: Vues de la frontière entre la RDC et la Zambie

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