Littérature : les romans africains de la rentrée littéraire 2018

Samedi 11 Août 2018 - 12:22

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Bientôt la fin des vacances pour les amoureux des livres. La rentrée littéraire pointe son nez à l’horizon avec sa cargaison d’ouvrages. Tradition française ou francophone devrons-nous dire, cette rentrée littéraire-ci ne va pas déroger à la règle.

Dès le début du mois de septembre, 567 romans vont débarquer dans vos librairies pour votre plus grand plaisir de lecteur, dont 381 pour la littérature française, 186 en littérature étrangère et 94 premiers romans. Au fil de ces quelques semaines qui précèdent ce grand moment, nous allons avec joie vous plonger dans les quelques romans d’auteurs africains qui feront notre bonheur lors de cette rentrée littéraire. Il y aura du beau monde, les habitués comme Yasmina Khadra et bien d’autres valeurs sûres. Cette semaine, nous vous proposons deux romans et deux auteurs qui parlent des mêmes thématiques : la colonisation et le métissage.

Henri Lopes publie "Il est déjà demain"

Le nouveau roman d’Henri Lopes qui paraîtra en début septembre chez l’éditeur J.C Lattès nous plonge huit ans après l’indépendance du Congo. Le gouvernement demande à ses cadres de justifier leur filiation, de prouver qu’ils sont bien Congolais. Henri Lopes a 30 ans. C’est une déflagration. Il n’a jamais oublié cette blessure et l’indignation ressenties. Comment prouver ce que l’on est ? Quelles identités multiples et changeantes composent notre être ? Henri Lopes plonge dans l’histoire de ses parents. Ils étaient tous les deux métis, nés d’une mère «  indigène  » et d’un colon, «  nègres de préférence  » un jour, «  blancs de préférence  » un autre. Henri Lopes a hérité de leurs histoires. Il a grandi au bord du fleuve Congo et du fleuve Oubangui avant de découvrir la Loire puis la Seine. Il est rentré au Congo, est reparti, a voyagé, écrit, s’est engagé. Toute sa vie a été placée sous le signe de l’errance et du métissage. Ce récit émouvant nous livre aussi le portrait atypique d’un continent qui ne cesse jamais autant de nous émerveiller que de nous révulser.

Avec son nouveau roman, Henri Lopes renouvelle son univers romanesque, tout en nous replongeant dans les thèmes qui lui sont chers : histoire, métissage, amour de la culture. La nouveauté de ce roman réside dans son écriture qui mêle le descriptif, le sensationnel, le comique, l’élégiaque. Cela donne un récit agréable à lire qui est autant un clin d’œil à l’histoire qu’une interrogation personnelle sur le sens de la vie.

  "Camarade Papa" de l’Ivoirien Gauz

Le deuxième roman de l’écrivain ivoirien Gauz paraîtra à la fin de ce mois d’août et s’intitule "Camarade Papa".

Le récit nous emmène à Amsterdam en 1980. Un enfant d’immigrés est élevé par ses parents communistes. Sa vision du monde et son vocabulaire en portent la marque. Le jour où sa mère disparaît, il est envoyé en Afrique pour retrouver sa grand-mère et ses racines, avec une « mission » : observer le monde post-colonial, tout en restant fidèle à son éducation révolutionnaire. Là, il croise les traces d’un de ses ancêtres, Dabilly, parti cent ans plus tôt de La Rochelle tenter l’aventure coloniale. Dans une « Côte de l’Ivoire » désertée par l’armée française, les maisons de commerce forment alors le dernier bastion contre les Anglais, négociant avec les tribus locales et explorant progressivement l’intérieur de terres presque inexplorées, avec leurs légendes, leurs rituels et leurs mystères…

Le regard humain de Gauz fait vivre des personnages tout en contraste, habités par une lumière solaire, qui ne se soucièrent jamais d’occuper le devant de la scène. Ce roman est un éloge du métissage pétri de tendresse et d’humour. Une histoire de la colonisation comme on n’en lit pas souvent.

Après avoir été diplômé en biochimie et même sans-papier, Gauz a réalisé des photos, des documentaires, des émissions culturelles et des articles pour un journal économique satirique en Côte-d’Ivoire. Depuis que le succès de son premier roman, "Debout payé" (50 000 exemplaires vendus en grand format), vedette de la rentrée 2014, l’a propulsé sur le devant de la scène littéraire, il part de plus en plus souvent se recueillir à Grand-Bassam, première capitale coloniale de la Côte d’Ivoire, où démarre le présent roman.

 

Boris Kharl Ebaka

Légendes et crédits photo : 

Illustrations

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