Education : le GABC veut faire évoluer les infrastructures scolaires publiques

Vendredi 21 Septembre 2018 - 19:08

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La scène se déroule à Mfilou en ce mois de septembre. À quelques jours de la rentrée scolaire, un père de famille se rend dans l’école privée où il a inscrit ses quatre enfants pour annoncer au directeur d’études qu’il les retirait pour les inscrire dans une école publique, notamment au lycée de la Réconciliation.

Au-delà des raisons économiques, le père de famille qui serrait la ceinture depuis quelques années pour assurer l’éducation de ses enfants dans une école privée, a pris sa décision en observant, jour après jour, les travaux de réhabilitation et de modernisation du lycée de la Réconciliation qui a eu à subir dans un passé récent plusieurs actes de vandalisme et dont les installations ne permettaient plus aux enseignants de faire des cours dans des conditions convenables.

Les travaux de réhabilitation et de modernisation de cet établissement public sont l’œuvre d’un groupement d’association appelé « Bana Congo » qui, depuis près de deux ans, s’est lancé le défi d’appuyer les pouvoirs publics pour aider à améliorer les conditions d’études des élèves congolais, en réhabilitant ou en construisant des infrastructures scolaires et de loisirs. Les efforts de cette association plaisent de plus en plus à la population directement touchée par ces changements dans les établissements scolaires où est intervenue cette association.

Pour preuve, après son passage en septembre 2017 au collège Angola libre, à Makélékélé, où elle avait procédé aux travaux suivants : réhabilitation des bâtiments abritant les salles de classe, de la bibliothèque et de la salle informatique ; construction des sanitaires ; construction de plusieurs portails métalliques et du mur séparant les habitations des responsables de l’établissement et le collège ; construction de la place de la République ainsi que la confection des tables-bancs, la directrice de cet établissement, Laure Patricia Oumba, nous a confié que suite à ces travaux qui ont grandement amélioré les infrastructures de son établissement, elle a enregistré, en l’espace d’un trimestre, une demande de plus de mille inscriptions supplémentaires.

Redorer le blason de l’école publique

L’école publique congolaise voit son image ternie depuis quelques années. Nombreux sont les parents qui ont du mal à faire des économies chaque année car ayant inscrit leurs enfants dans des écoles privées où ils estiment que tant les enseignements mais surtout les conditions d’études sont meilleures. Pourtant, en observant l'école publique congolaise, l’on se rend compte que le grand problème dont elle souffre est la vétusté de ses infrastructures. Le Groupement d'associations Bana Congo (GABC), comme le rappelle son président exécutif, Roch Akindou, ne se substitue pas aux pouvoirs publics et ne se lance pas non plus dans des travaux lourds. Elle apporte juste sa modeste contribution pour essayer de bâtir un « modèle » d’école publique du futur.

Si l'on prend l’exemple du lycée de la Réconciliation de Mfilou, dont le chantier est fini et qui sera officiellement remis au ministre de l’Enseignement primaire et secondaire, le 24 septembre, lors d’une cérémonie officielle, les travaux effectués par l’association dans cet établissement ont consisté à : l’élévation de murs dotés de fils barbelés, l’installation de l’électricité avec des projecteurs, la construction d’un bâtiment de trois salles de classe ainsi que des toilettes et de la pose des claustras. Il y a aussi la construction de deux terrains de l’aire de jeu, la pose des grilles et de trois portails ainsi que la réfection de l’étanchéité et de la peinture.

On le voit bien, l’association ne fait rien d’exceptionnel mais ces petits détails font une différence si importante qu’ils redonnent un attrait et un sentiment de nouveauté à ces établissements. Ces travaux d’embellissement rassurent aussi à la fois parents d’élèves et enseignants qui se retrouvent dans un cadre de travail moderne et agréable. Et pour le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’alphabétisation, Anatole Collinet Makosso, l’apport du GABC dans la réhabilitation des écoles ne peut être vu que d’un bon œil au moment où pour lui, l’école congolaise appelle à des appuis tous azimuts.

L’Etat peut-il s’appuyer sur le modèle du GABC ?

A l’orée de la rentrée scolaire, le GABC s’apprête à livrer au ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et de l'alphabétisation deux établissements qui ont bénéficié de plusieurs travaux de modernisation : le lycée de la Réconciliation à Mfilou et l’école Nkéoua-Joseph à Bacongo. Les élèves de ces écoles retrouveront donc des murs fraîchement peints et auront le plaisir dorénavant de s’adonner aux activités sportives sur les terrains multisports (basket-ball, handball, tennis, volley-ball) construits par l’association et qui font défaut à la majorité des écoles publiques.

Le modèle de construction d’école publique moderne, à l’instar du lycée de la Révolution à Ouenzé réalisé par les entreprises chinoises, demande une mobilisation importante de capitaux à l’Etat. En attendant d’en arriver à cette étape, le gouvernement ne gagnerait-il pas à s’inspirer du modèle du GABC pour essayer tant bien que mal de moderniser ses établissements scolaires ?

Faire évoluer les infrastructures scolaires publiques

Bien qu’appuyé par un président d’honneur en la personne de Denis Christel Sassou N’Guesso, le GABC promeut depuis son lancement, en mars 2017, un financement participatif pour ses actions. Chaque citoyen est encouragé à y apporter sa contribution tant matérielle que financière. Le but final étant, comme le martèle son président d’honneur, « de faire évoluer les infrastructures scolaires  publiques en les adaptant aux exigences d’aujourd’hui, contribuer de façon générale à la formation des jeunes issus du système éducatif classique, donner une alternative considérée comme une véritable seconde chance pour les jeunes sortis du système scolaire, faire des loisirs de nos enfants un élément important de notre réflexion et de notre action, vivre le monde d’aujourd’hui dans toutes ses exigences, en ces temps de mondialisation ».

Dix établissements déjà réhabilités  

Depuis deux ans qu’il s’est mis en branle, ce groupement a déjà livré dix chantiers au gouvernement congolais. Et ses actions, bien que pour l’instant focalisées sur la capitale, couvrent tous les arrondissements. Avant les deux dernières livraisons évoquées ci-dessus, il y a eu entre 2017 et 2018 des travaux de modernisation dans les établissements suivants : Collège Angola libre (Makélékélé), Grande école de Poto-Poto, lycée Thomas-Sankara « A » et « B », collège et lycée Nganga- Edouard, lycée technique et industriel.

Tout en réfléchissant à la possibilité de reproduire le modèle à l’intérieur du pays mais cette fois en souhaitant un accompagnement concret du ministère de tutelle, le GABC a déjà entamé un nouveau chantier ; le lycée Chaminade, dans lequel il va travailler en reproduisant un modèle qui semble à la fois bien maîtrisé et surtout bien marcher. 

 

Boris Kharl Ebaka

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