Guerre commerciale : le FMI baisse ses prévisions de croissance 2018-2019

Mardi 9 Octobre 2018 - 12:23

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L’institution financière se dit moins optimiste pour la croissance mondiale de cette période du fait du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine. Elle a jugé opportun de revoir à la baisse ses perspectives en la matière.

Alors que la guerre commerciale entre les deux puissances fait rage, provoquant une ombre au tableau de l’économie mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) a réduit ses prévisions de croissance tout en s’inquiétant d’une nouvelle intensification des tensions commerciales qui pourrait créer un peu plus d’incertitude. Ce qui peut éroder la confiance des entreprises et des marchés financiers, conduire à plus de volatilité financière et ralentir enfin les investissements et le commerce, moteurs de la croissance mondiale. L’institution a, d’ailleurs, déjà revu en baisse la croissance du volume du commerce mondial à 4,2% cette année (-0,6 point) et à 4% l’année prochaine (-0,5 point). Au total, le produit intérieur brut mondial (PIB) mondial pourrait être réduit de 0,8% d’ici à 2020 contre 0,5% estimé en juillet.

L’institution s’alarme également des risques entourant la crise des devises dans certains pays émergents. Pour ce faire, elle table désormais sur une croissance du PIB de 3,7% pour chacune de ces deux années (-0,2 point), une hausse similaire à celle de 2017. L’expansion est donc moins synchronisée entre les pays, moins d’économies y participent tandis que la dette publique et celle des entreprises atteint des nouveaux records, a fait observer le Fonds.

Lors d’une conférence de presse à Bali, en Indonésie, où se sont ouvertes le 8 octobre, les réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale, Maurice Obstfeld, chef économiste du FMI, a relevé que « la croissance économique mondiale est toujours solide comparée à ce qu’elle était plus tôt au cours de cette décennie mais elle semble avoir plafonné ». « La politique commerciale reflète le contexte politique et le contexte politique est incertain dans plusieurs pays, ce qui représente des risques supplémentaires », a-t-il averti.

Le même économiste qui doit passer la main en décembre a ajouté : « Quand les deux plus importantes économies mondiales - les États-Unis et la Chine - s’affrontent, cela crée une situation dans laquelle tout le monde va souffrir. Et la croissance est beaucoup plus inégale qu’il y a six mois ».

Il faut rappeler que le FMI avait déjà, par le passé, évoqué les risques qu’il déplore, citant en particulier les taxes douanières que l’administration Trump envisageait d’imposer sur les marchandises de ses partenaires, notamment chinois. Malgré les mises en garde de l’institution, Washington est passé des paroles aux actes : deux cent cinquante milliards de dollars d’importations chinoises sont sous le coup de droits de douane supplémentaires. De son côté, Pékin n’a pas attendu longtemps pour rétorquer en imposant des taxes sur cent dix milliards de dollars de marchandises américaines.

Les perspectives de croissance des Etats-Unis et de la Chine maintenues

Si la guerre commerciale en cours a déjà des conséquences néfastes sur certains pays, les deux premières puissances économiques du monde semblent encore en bonne position puisque les prévisions de croissance en 2018 des États-Unis et de la Chine ont été maintenues, respectivement à +2,9% et +6,6%. Quant à la croissance envisagée des États-Unis, elle se situe au-dessus de celle des pays avancés (+2,4%), alors que celle de la Chine dépasse légèrement la croissance de la région Asie en développement (+6,5%). Ce qui n’a pas empêché le FMI d’estimer que la croissance va ralentir en 2019 à 2,5% pour les Etats-Unis (-0,2%) et +6,2% (-0,2%) pour la Chine.

Les croissances des deux géants pourraient faiblir encore davantage puisque ces nouvelles prévisions n’incluent pas les autres menaces de Donald Trump, dont de nouvelles taxes sur deux cent soixante-sept milliards de dollars de marchandises chinoises supplémentaires, a indiqué le FMI. Cela reviendrait à surtaxer la totalité des exportations chinoises vers les États-Unis.

En dépit des avertissements de l’institution quant aux risques encourus par la croissance mondiale, le président américain et son homologue chinois, Xi Jinping, se sont montrés jusqu’alors inflexibles. Pour justifier son offensive, Donald Trump souligne souvent qu’il entend obtenir de Pékin un changement concernant des pratiques commerciales qu’il juge « déloyales ». Des accusations que l’administration chinoise ne veut rien entendre, soulignant qu’elle ne pourra pas négocier avec « un couteau sous la gorge ».

Aux gouvernements américains et chinois engagés dans le conflit commercial, le FMI ne cesse de les inviter à se ressaisir. « Éviter des réactions protectionnistes et trouver des solutions prônant la coopération pour promouvoir la croissance du commerce des biens et services demeurent essentiels pour préserver et étendre l’expansion mondiale », conseille l’institution financière.

Outre les deux premières puissances économiques du monde, le Fonds a également abaissé la prévision de croissance de la zone euro à 2% cette année (-0,2 point) dont celle de l’Allemagne (+1,9% soit -0,3 point) et de la France (+1,6% soit -0,2 point) dont les exportations pâtissent du ralentissement économique en Chine. Il se montre encore plus pessimiste pour l’Amérique latine et la zone des Caraïbes dont le PIB pour 2018 est désormais attendu en hausse de 1,2% (-0,4 point). S’agissant de l’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, le FMI a indiqué que la hausse récente du prix du pétrole profite aux économies exportatrices.

 

 

Nestor N'Gampoula

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