Interview. David Monsoh: « Quand on est numéro 1, il faut savoir se maintenir »

Samedi 13 Octobre 2018 - 19:17

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Dénicher des talents, produire des artistes, les propulser et faire consommer leurs musiques font partie des challanges quotidiens d’un producteur de musique. Pour en savoir plus, nous sommes allés à la rencontre de l'un d'eux. Epoux et père de trois enfants, l'homme à la quarantaine révolue nous dévoile les rouages du métier. Entretien.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

David Monsoh (D.M.) : Bonjour à toutes et à tous. Je suis David Monsoh, producteur de musique, président directeur général de la chaîne internationale Bblack ! Africa et grand amoureux de la musique africaine.

L.D.B.: Quel est le parcourt professionnel de David Monsoh ?

D.M. : Je n'étais pas prédestiné à la musique. Après mon BTS en tourisme, j’ai rencontré l’artiste Gadji Céli qui venait d’arrêter le football, après la Coupe d’Afrique des nations 1992 et voulait s’orienter vers la musique. A l'époque, il faisait des singles en hommage aux Eléphants de la Côte d’Ivoire. Dès qu’il a gagné cette coupe, nous avons rassemblé tous ses singles pour en faire un best of. Il me demanda alors d’être le coproducteur et manager de son album "King solo" qui fut vendu à plus de dix mille exemplaires. Voilà comme j’ai atterri dans la musique. Peu après, j’ai fait la rencontre de Gilles Obringer qui travaillait à "RFI" dans l’émission "Canal tropical", reprise par Claudy Siar. Il me présenta au propriétaire de la maison de disque SoniDisc (qui serait l’équivalent aujourd’hui de Universal pour les Africains). A ce moment, cette maison détenait les artistes africains venant du Cameroun, du Congo, de l'Afrique du Sud et même du Maghreb. Elle distribuait leurs albums et était, en même temps, productrice. Elle me demanda d’en être directeur artistique, d'où je suis le premier Africain à être chez SoniDisc. En 1999, à mon retour de vacances en Côte d’Ivoire, je rentrais en France avec un CD du groupe Magic System , "1er Gaou", qui a eu un succès fulgurant en Afrique et  en Europe. En 2007, je crée mon propre label, "Obouo music", basé en Angleterre, à travers lequel j’ai produit Fally Ipupa, Dj Arafat, entre autres. Après avoir rencontré Sébastien Gadjard, j’ai récupérée la chaîne de télévision "Be Black" pour pouvoir créer "Bblack! Africa", "Bblack Caraïbes" et Bblack international" que j’essaie d’exporter au niveau des Etats-Unis.

 L.D.B. : A quoi ressemble votre journée typique en tant que producteur ?

D.M. : Dans un premier temps, je me mets au parfum des nouvelles tendances, en écoutant de nouveaux artistes. Parmi eux, il y a toujours sans doute des futures stars. Ensuite, j’ai une séance de travail avec mon artiste, Héritier Watanabe. Une autre juste après avec mon équipe de Bblack et je finis ma journée avec des multiples rendez-vous.

L.D.B.: Quelle lecture faites-vous de la musique africaine en général et ivoirienne en particulier ?

D.M. : La musique africaine est en plein essor. La preuve en est que beaucoup d’artistes tournent de plus en plus presque partout dans le monde, sont sollicités à grande échelle chaque jour un peu plus. Et ces phénomènes contribuent à mieux faire connaître notre musique à travers le monde. Par contre la musique ivoirienne est légèrement en retrait. Il faudrait que les artistes et les producteurs prennent le risque, sinon la Côte d’Ivoire verra son panel musical mourir.

L.D.B.: Pourquoi avoir créé la chaine Bblack ?

D.M. : Le but c’est de mettre en avant la culture afro, notamment la musique, le cinéma, la mode, l’art plastique, etc. Et nous le faisons déjà à travers nos programmes dont "Zoom sur", "The Heat me JT 100% entertainment", "Clap le magazine 100%cinema" et "La télévision africaine". De nouveaux programmes sont en cours de production. La chaîne est là pour booster les artistes et leur permettre d’avoir une visibilité internationale.

L.D.B.: Quel est le secret de votre réussite dans cette grande industrie ?

D.M. : Je suis un passionné, un rigoureux et j’adore les challenges.

L.D.B.:Que représente le tourisme pour vous ?

D.M. : Le tourisme booste l’économie d’un pays quand il tourne en plein régime. Les Marocains en ont fait leur fer de lance. Aujourd’hui, le pays accueille chaque année des millions de visiteurs et beaucoup d’autres pays d’Afrique sont dans ce cas, parce qu’ils ont su bien se vendre à travers les clips, films, séries, pubs, documentaires et autres contenus vidéo. Donc, il faudrait que certains réalisateurs africains arrêtent de montrer seulement la misère de l’Afrique car nous avons des magnifiques vues à faire décoller ce continent.

L.D.B.:Où enverrez-vous un touriste pour une visite en Côte d’Ivoire ?

D.M. : En premier, c’est le club, dans la rue de jardin qui est un endroit très sympathique à visiter, en fin de journée, pour prendre l'opero. Il y a aussi le Toit, le Bushman café et la terrasse. Le dimanche, on peut se balader à Yopougon, si on a envie d'écouter de la bonne musique ivoirienne, avec du zouglou et des orchestres qui s'y produisent en live. Il y a aussi Assinnie et la Baie des sirènes, non loin. Pour moi, Abidjan, c’est le Miami de l’Afrique Francophone.

L.D.B.: Y a-t-il des difficultés à gérer un artiste ?

D.M.: Vous savez, un artiste est un énorme challenge. Forcément, vous rencontrez beaucoup des difficultés surtout si vous voulez en faire une star internationale. Et pour pouvoir gérer ces multiples difficultés, il faut rester concentrer sur l’objectif à atteindre.

L.D.B.: Qu'en est-il de la carrière de votre protégé Héritier Watanabe ?

D.M. : Ça va, il roule tranquillement sa bosse. Le public africain commence progressivement par l’adopter et j’en suis très fier. Il a su accomplir beaucoup de choses en si peu de temps.

L.D.B.:Un mot pour les artistes africains en général ?

D.M. : Croyez en votre musique, bossez chaque jour sans relâche et continuez de représenter valablement le continent comme vous le faites.

 

Karim Yunduka

Légendes et crédits photo : 

Photo:David Monsoh

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