Interview. Armel Destin Freddy Ndouri: « Je souhaite l'instauration d'une Journée nationale de la sape et de la mode au Congo »

Samedi 3 Novembre 2018 - 10:58

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L’Association des sapeurs du Congo (Assaco), créée en 2007, est l’une des grandes organisations de la sape et de la mode ayant participé à plusieurs activités socioculturelles. Dans l’interview que son président a bien voulu accorder à notre rédaction, il évoque sa vision pour la sape et émet le souhait de voir organiser au Congo une journée nationale dédiée à ce concept.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Peut-on savoir, d’entrée de jeu, les grandes activités socioculturelles auxquelles votre association a eu à participer ?

Armel Destin F. Ndouri (A.D.F.N.) : L’Assaco a participé à de mombreuses activités socioculturelles, notamment celles organisées par le Conseil national de la lutte contre le sida ; le Centre national de transfusion sanguine portant sur le don du sang et puis l’activité du cinquantenaire au stade Alphonse-Massamba-Débat. Nous avions aussi participé à l’opération de salubrité dans le cadre de la Toussaint organisée par le mémorial Pierre-Savorgnan-de Brazza, sous le patronage de sa directrice générale, Bélinda Ayessa. Cette activité avait eu lieu au cimetière de centre-ville. On a participé au défilé de mode Sama d’or organisé par Chantale Ickonga au cours duquel j’ai même été membre de jury.

L.D.B.: Quel peut être votre regard sur la sape avec tous ces courants qui naissent par-ci, par-là ?

A.D.F.N.: Je regrette beaucoup le fait qu’il y a trop d’imposteurs, des voleurs d’idées et de projets encouragés par nos grands. On est en train de fabriquer des petits leaders dans tous les coins de Brazzaville. Il y a même ceux qui ne sont pas sapeurs, qui ne connaissent rien de la sape mais qui s’autoproclament sapeurs. Alors que dans le fond, ils ne sont pas du domaine. Le sapeur, on le reconnaît par sa façon d’être et par ses compétences.

L.D.B.: Quels sont les critères pour être appelé sapeur ?

A.D.F.N.: Il y a des critères pour être un vrai sapeur. Il faut d’abord avoir ses propres vêtements et ses propres chaussures ; ensuite savoir équilibrer les couleurs, enfin connaître les couleurs des temps.

L.D.B.: Nous constatons que des grands noms comme Akuisses, Frankos, Kiki la Mame, etc., ne se font plus entendre…

A.D.F.N.: Ce sont des grands que je respecte beaucoup. Ils ont fait leur temps. Aujourd’hui, c’est peut-être les occupations et les responsabilités qui font qu’ils s’éloignent petit-à-petit du mouvement de la sape. Mais, en réalité, ils sont présents parce que leurs noms circulent toujours. C’est comme Djo Balard, un nom référenciel dans la sape. Il fait partie de l’histoire. Pour moi, tous les grands noms de la sape participent à la paix et à la reconstruction de notre pays. En principe, ils ont droit à la reconnaissance de la République, pourquoi pas par le chef de l’Etat. Parce que le sapeur c’est un messager de la paix.

L.D.B.: Quelle est votre vision pour la sape ?

A.D.F.N.: La sape a évolué entre-temps mais elle s’est arrêtée en route. Ma vision c’est de coupler la sape avec la musique. Cela apportera un développement très favorable à la culture de notre pays, c’est-à-dire faire des sapeurs des musiciens et faire des musiciens des sapeurs. Mettre un sapeur-musicien sur un podium ressemblera à un spectacle inédit et sera aussi une bonne combinaison culturelle. Certes, nous savons qu’il n’y a pas de moyens aujourd’hui pour réaliser ce grand projet mais nous comptons sur des gens de bonne volonté et des connaisseurs pour sa concrétisation.

L.D.B.: Un dernier mot pour conclure notre entretien ?

A.D.F.N.: J’ai toujours souhaité que nous ayons une journée nationale de la sape et de la mode combinée à la musique au Congo Brazzaville. Avec le mouvement de la sape et de la musique, nous pouvons lutter contre la déchirure du tissu social et participer au développement du pays dans un cadre strictement culturel. A ma connaissance, le sapeur n’a pas de frontières ethniques et n’est pas aussi rancunier.   

Propos suscités par A. Ferdinand Milou

Légendes et crédits photo : 

Armel Destin Ndoudi

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