Lire ou relire : "Jours de Kabylie" suivi de "Le fils du pauvre"

Samedi 3 Novembre 2018 - 10:51

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L'auteur, Mouloud Feraoun, est l’un des pionniers de la littérature algérienne francophone. Pédagogue de formation, il s’est consacré, de 1950 à 1962, à une riche œuvre livresque qui continue d’inspirer les nouvelles générations qui s’aventurent dans l’écriture.

"Jours de Kabylie" et "Le fils du pauvre" sont deux textes en prose compilés par les Éditions ENAG.  C’est l’une des expressions d’une plume majeure qui renvoie le lecteur contemporain au cœur de l’Algérie paysanne, voire pastorale des années coloniales.

Le premier livre, "Jours de Kabylie", est un ensemble de chroniques de la vie algérienne vue à travers un patelin. L’auteur y montre un grand attachement à son village natal à l’instar de ses longs séjours au-delà de la Méditerranée. Le récit est entrecoupé de dialogues qui le rendent plus vivant. Il est, d’ailleurs, écrit dans un langage limpide et accrochant.

Feraoun mène le lecteur au cœur de la tradition kabyle, une tribu algérienne. Les lieux fédérateurs comme « la djemaâ », sorte de « Mbongui », sont évoqués avec une forte nostalgie.  Le conflit de générations entre conservateurs et progressistes, les intrigues politiques contrastant avec l’esprit villageois, l’anonymat et les malices du monde mercantile, la générosité de la vieille femme, le quotidien des jeunes filles et des garçonnets, bref toute la vie du bled est cernée à travers des fresques sociales qui débouchent sur l’exaltation de la vocation de l’instituteur du village dont le rayonnement suscite joie et vénération de toute la communauté.

"Le Fils du pauvre", roman qui suit le premier texte, en est en quelque sorte la continuité du récit. Témoignage de l’enfance de l’écrivain dans ses temps forts, en famille, au village et au cours de sa formation en France par le truchement d’une bourse obtenue par voie de concours et le retour chez soi. Cette autobiographie romancée est l’une des plus beaux textes de la littérature algérienne.

D’un ton simple et assez descriptif, les événements les plus ordinaires liés au sentiment rétroactif mettent en évidence la sensibilité de l’auteur face à un passé qui a inspiré son œuvre d’écrivain. Le tragique et l’ambiance naturelle de l’existence humaine se côtoient sous une peinture de mœurs qui généralisent les réalités de l’Afrique, du nord jusqu’au sud du Sahara, en la triste et belle période des indépendances. Comme Seydou Badian ou Camara Laye, Mouloud Feraoun ne démérite pas de recevoir une certaine reconnaissance même à titre posthume.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Couverture du livre

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