Crypto-monnaie : les chances de succès s’amenuisent en RDC

Samedi 17 Novembre 2018 - 16:50

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SwissOne capital est la première société de gestion des actifs, spécialisée dans les crypto-monnaies, à lancer un fonds indiciel « tokenisé » et entièrement réglementée du marché.

La nouvelle a circulé depuis le 16 novembre dans quelques magazines d’actualité financière du pays, au point de relancer le débat sur la crypto-monnaie. Même avec toutes les protections réglementaires, les clients congolais fraîchement dupés par une société proposant les activités similaires ne sont plus prêts à s’engager dans une nouvelle aventure. 

« La structure a disparu complètement, la personne qui m’a convaincue de m’inscrire ne me donne pas des nouvelles rassurantes. Même la page internet non fonctionnelle jadis pour des raisons de maintenance n’a plu été activée. Il faut oublier cette histoire. Ce n’était qu’une arnaque », explique A.N., une des nombreuses victimes d’une structure non agréée par la Banque centrale du Congo (BCC) mais qui a collecté illégalement de l’épargne du public avant de disparaître finalement dans la nature.

Après une fermeture du site internet pour la maintenance, la réouverture prévue dans la quinzaine du mois en cours n’a jamais eu lieu, au grand dam des clients en état de choc. À ce jour, personne n’est en mesure de déterminer l’importance des devises effectivement collectées par cette structure. La circulation de la crypto-monnaie n’ayant pas été reconnue officiellement en République démocratique du Congo (RDC), la BCC a demandé aux autorités judiciaires de faire respecter les lois du pays dans toute leur rigueur.

Même sous d’autres cieux, la société désireuse d’évoluer dans la crypto-monnaie doit répondre à un certain nombre de critères avant d’obtenir un agrément auprès du ministère des Finances. Le Luxembourg qui passe pour le précurseur de la crypto-monnaie en Europe a mis deux ans pour agréer la plate-forme d’achat-revente de monnaies virtuelles, Bitstamp. En RDC, le débat n’est pas totalement clos. Mais s’inquiète un expert, il est difficile de lutter contre certains phénomènes dans un monde devenu finalement un grand village planétaire. Les frontières nationales ne font plus le poids dans ce monde unifié, où l’information traverse les pays et les continents grâce à la magie des nouvelles technologies. Le vrai travail à faire, poursuit-il, est de sensibiliser suffisamment les Congolais aux activités financières de plus en plus complexes qui se développent à l’échelle internationale afin de leur permettre de faire les bons choix financiers.

Pour la petite explication, la crypto-monnaie est 100 % électronique et virtuelle mais le principe d’échelle de valeur qui la définit est le même que celui des monnaies courantes. Par ailleurs, il s’agit d’une monnaie cryptée, c’est-à-dire comportant un système de code utilisable uniquement par la personne concernée. Ces informations sont stockées dans un système de fichiers appelé « block chain ». Ceux-ci enregistrent et conservent toutes les opérations effectuées avec la crypto-monnaie : achats, ventes, transactions, prêts, etc. Les inconvénients sont, notamment, qu’aucune de ces monnaies ne dépend d’une banque centrale et toutes les transactions du reste publiques sont conçues pour le commerce internet.

Le cas de SwissOne capital nous a paru intéressant à aborder pour la simple raison que la structure financière apporte une innovation plutôt inattendue qui peut changer la perception générale sur ce genre d’activité. En dépit de quelques cas de réussite, les crypto-monnaies n’ont pas connu un grand développement à cause de deux contraintes majeures : l’incertitude réglementaire et le manque de confiance. En fait, le cadre réglementaire est encore à construire. La plupart des Congolais, encore frileux par rapport à ce genre d’activités, ne font que rejoindre le plus grand nombre de sceptiques à travers le monde. Pour rassurer ses clients, SwissOne capital innove en mettant en place un fonds offrant le potentiel de liquidité de la "tokénisation" conjugué aux protections offertes par une reconnaissance réglementaire. Le fonds sera agréé par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers pour la distribution en Suisse. Cet agréement permet justement de rassurer davantage les épargnants. De ce qui précède, l’on se rend compte que les efforts se poursuivent pour plus de transparence et de sécurité dans cette activité. Mais la RDC ne dispose pas encore d'un environnement financier adéquat pour promouvoir la crypto-monnaie.

Laurent Essolomwa

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