G5 Sahel : 2,4 milliards d'euros pour endiguer les violences djihadistes

Lundi 10 Décembre 2018 - 16:30

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Réunis à Nouakchott en Mauritanie, les partenaires de l'organisation régionale ont porté, le 6 décembre, à 2,4 milliards d'euros leur aide pour la mise en œuvre d'une quarantaine de projets de développement destinés à endiguer les violences djihadistes dans cette vaste zone au sud du Sahara, a-t-on appris.

''Les partenaires du G5 Sahel ont fait des annonces de financement pour un montant total de 2,4 milliards d'euros, correspondant à 127 % de l'objectif de mobilisation initial", a indiqué l'organisation régionale à l'issue d'une conférence des donateurs. "Ces engagements de nos partenaires couvrent largement les besoins globaux du programme d'investissement prioritaire", a déclaré le président nigérien, Mahamadou Issoufou, président en exercice du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Burkina Faso, Niger).

Avant la conférence, le G5 avait estimé à 1,9 milliard d'euros les fonds nécessaires pour financer son Programme d'investissements prioritaires (PIP) pour la période 2019-2021, qui vise en particulier les régions frontalières où les djihadistes tirent parti des carences des Etats pour s'implanter. En construisant des écoles, des centres de soins ou en offrant un accès à l'eau, les gouvernements espèrent fidéliser la population déshéritée susceptible sinon de céder aux sirènes djihadistes.

L'Union européenne a ajouté cent vingt-deux millions d'euros "d'argent frais", portant sa participation à huit cents millions d'euros, selon le commissaire à la Coopération internationale et au développement, Neven Mimica. Paris, qui avait déjà engagé deux cent quatre-vingts millions d'euros, a également promis une rallonge de deux cent vingt millions.

Au total , la France (...) investira cinq cents millions au profit des priorités. L'Arabie saoudite a annoncé, de son côté, une aide de cent millions de dollars pour le PIP et de cinquante millions de dollars pour la force conjointe antidjihadiste du G5 Sahel. Les pays membres du G5, parmi les plus pauvres du monde, avaient déjà annoncé qu'ils prendraient 13% des besoins à leur propre charge.

"La sécurité avait pris le dessus sur le développement au sein du G5 Sahel ", relevait une source diplomatique française, en référence à la force conjointe, réactivée en 2017. "Notre souhait, c'est d'asseoir vigoureusement le second pilier stratégique et décisif de notre action commune, le développement économique et social du G5 Sahel ", a souligné le président Issoufou Mahamadou.

Dans un rapport, des ONG ont alerté sur les risques du " lien entre sécurité et développement". Selon elles, "il est inquiétant de voir que la réponse se focalise sur le développement économique, sans prendre autant en compte les griefs légitimes de la population autour des problèmes de gouvernance, d'inégalités, de distribution des richesses et de justice de genre ".

Les groupes djihadistes, en grande partie chassés du nord du Mali par l'intervention militaire de la France, ont depuis regagné du terrain, en particulier dans le centre du pays, et le phénomène s'étend au Burkina Faso ainsi qu' au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.

Trois priorités de ''développement d'urgence'' 

Vu la dégradation de la situation, le G5 Sahel a réactivé son projet de force conjointe, sans réel impact. La pauvreté et les changements climatiques alimentent aussi les tensions intercommunautaires. Les forces armées sont, par ailleurs, régulièrement accusées d'exactions. Dans ce contexte, le G5 Sahel a défini un "programme de développement d'urgence" axé sur trois priorités: l'hydraulique, la gestion des conflits intercommunautaires et la sécurité intérieure. L'accent est mis sur le nord du Burkina Faso, le centre du Mali, la région des Hodh en Mauritanie ainsi que celles de Tillabéri au Niger et Kanem au Tchad. Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, s'est rendu au sud-est de Nouakchott pour visiter deux projets financés par l'Agence française de développement qui s'inscrivent dans cette logique du G5 Sahel: une centrale solaire et thermique, inaugurée en avril, et un centre de santé maternelle.

Noël Ndong

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