Promotion et défense des droits de l'homme : le top 10 des champions de l'IRDH

Mardi 11 Décembre 2018 - 15:45

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L’Institut de recherche en droits humains (IRDH) vient de rendre publique sa liste des dix Congolais dont les actions de  promotion  et de défense des drtois de l'homme impactent l’opinion nationale et peuvent être un modèle pour d’autres pays, au terme d'une campagne menée sur l'ensemble du territoire.

 

 

 

La campagne de l'IRDH avait trois objectifs: encourager ceux qui entreprennent, avec enthousiasme, la promotion et la défense des droits humains; montrer des modèles de défenseurs des droits de l’Homme; inspirer les autres à emboîter le pas.

L'étude entreprise par l'ONG classe au top 1 le directeur de la Fondation Panzi et de la « Mukwege Foundation » de Bukavu, le Dr Denis Mukwege Mukengere. Du Congolais Prix Nobel de la paix 2018, il est reconnu qu'il administre, dans son hôpital, des soins aux victimes des viols et violences sexuelles. A travers ses deux fondations, l’IRDH relève qu' il dénonce, avec bravoure, les viols et violences sexuelles utilisés comme arme de guerre, tout en s’investissant à restaurer la dignité humaine des milliers des femmes victimes d’atrocités. « Ce travail lui a valu le Prix Nobel de la Paix 2018 », a précisé l’IRDH.

Le top 2 est occupé par le président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj), Me Georges Kapiamba. Ce juriste et activiste des droits de l’homme, a-t-on souligné, fait un plaidoyer remarquable pour accroître la redevabilité du gouvernement et du président Joseph Kabila, par rapport au droit d’accès à la Justice. Il interpelle constamment, par ses lettres, le ministre de la Justice et le procureur général près la Cour de cassation, sur les arrestations arbitraires et détentions illégales des opposants politiques, fait savoir l'IRDH

Me Georges Kapiamba est suivi par les huit dirigeants du Comité laïc de coordination (CLC). Ils sont classés au Top 3, ayant su matérialiser les différents appels des évêques de l’Eglise catholique à la prise de conscience citoyenne. « Ils ont organisé des marches pacifiques demandant le respect de l’Accord politique de la Saint-Sylvestre 2016 qui consacre une rallonge d’une année au mandat échu du président Kabila (2016-2017), la décrispation politique et la libération des prisonniers politiques. Ces manifestations ont contribué à pousser le président Kabila à renoncer au troisième mandat présidentiel inconstitutionnel », justifie l'enquête. Il s’agit ici de Léonie Kandolo, des Prs Thierry Nlandu Mayamba, Isidore Ndaywel è Nziem, Justin Okana, Gertrude Ekombe Ekofo, du frère Julien Lukengu Dibinga, de  Jonas Tshiombela Kabiena et de Franklin Mbokolo Nsepe.

Le directeur exécutif de Journaliste en danger de Kinshasa (JED), Tshivis Tshivuadi, est le top 4. Ce dernier milite pour la protection des journalistes dans l’exercice de leur métier. L’IRDH reconnaît qu’il publie remarquablement des rapports annuels sur l’état de la liberté de la presse en République démocratique du Congo (RDC). En 2018, a indiqué cette association, Tshivuadi a fustigé les « menaces, agressions, arrestations et la censure » contre des journalistes. Son organisation, JED, a dénoncé cent vingt et un cas de violations des droits d’informer et d’être informé, le même nombre de cas recensés en 2017.

La cinquième marche de l’échelle est occupée par la présidente de Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral (Sofepadi) de Beni, Julienne Lusenge. Elle est parmi les premières à dénoncer les viols massifs contre les femmes de l’Ituri par des miliciens dirigés par le Général Bosco Ntaganda. Julienne Lusenge, note l’IRDH, continue d'encadrer les victimes des viols et violences sexuelles dans l’est de la RDC, à travers son association le Fonds pour la femme congolaise.

La directrice de Synergie des femmes pour les victimes des violences sexuelles de Goma, Justine Masika Bihamba, est classée sixième. L'étude montre qu'elle s'emploie, sans relâche, à faire connaître la dégradation continue des conditions de vie des femmes victimes des viols commis par des miliciens en milieux ruraux, dont ceux du Rassemblement des Congolais pour la démocratie, du Congrès national pour la défense du peuple et du Mouvement du 23-mars (M23), au Nord-Kivu.

Le top 7 est le président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) de Kinshasa, Me Jean-Claude Katende. On lui reconnaît son rappel continuel et public du devoir du chef de l’Etat à rendre compte à la population ainsi que sa responsabilité personnelle, par rapport à la mauvaise gouvernance politique et économique de la RDC. Pour l’IRDH, cet activiste diffuse quotidiennement des « opinions libres » dans les médias sociaux.

La huitième position est tenue par la présidente de la Concertation de la femme congolaise de Kinshasa, Rose Mutombo Kiese. Elle milite contre les discriminations à l’égard de la femme en se fondant sur les lois congolaises. Sa mobilisation pour la parité Homme-Femme, relève l’IRDH, se focalise sur les pratiques qui assujettissent la femme aux contraintes sociales et culturelles qui la privent de sa liberté.

Jacques Tshimbalanga de la Coalition nationale de l’éducation pour tous de Kinshasa vient à la neuvième position. Il est salué son engagement, depuis des décennies, en faveur de la « la réforme du financement de l’éducation », en collaboration avec le Réseau des professionnels des médias pour l’éducation pour tous. En particulier, soulignent les initiateurs de l'enquête, il vise « la suppression des frais de scolarité imposés aux parents dans les écoles publiques et l’abandon des pratiques qui portent atteinte à l’éducation au pays ». 

Gloria Sengha Panda Shala des mouvements des jeunes Lutte pour le changement et Vigilance citoyenne (Kinshasa) clôture le Top 10. Cette enquête a relevé son initiative de la campagne avec un mégaphone, dans les rues et marchés de Kinshasa, appelant au changement du comportement citoyen en faveur des valeurs démocratiques, sur le terrain et non seulement dans les médias sociaux. Ses multiples arrestations par la police attirent l’attention de la communauté nationale et internationale sur l’état des droits de l’Homme en RDC.

Les critères de sélection des champions ont eu trait au risque, à la portée, à la fréquence, à la qualité, à la constance et à la bravoure. Le champion, ont expliqué les enquêteurs, fournit l’effort pour faire connaître les cas de violations des droits de l’Homme, nonobstant la menace que profère le présumé violeur. Son travail est de portée nationale. Il impacte l’opinion nationale et peut être répliqué dans d’autres pays. Il rappelle constamment les violations commises, jusqu’à ce qu’intervienne une décision de l’autorité compétente.

Le travail du champion est, en outre, une leçon et un modèle qui inspire d’autres défenseurs des droits de l’Homme. Le champion n’est pas associé à un parti politique et reste au pays, fidèle aux valeurs, principes et standards universels. Il peut avoir agi une seule fois, de manière exceptionnelle et héroïque.

Lucien Dianzenza

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