Lire ou relire : " Les langues africaines dans l’œuvre romanesque de Henri Lopes "

Jeudi 20 Décembre 2018 - 18:55

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Paul Nzété, professeur de linguistique à l’Université Marien-Ngouabi, s’est intéressé à l’usage des langues négro-africaines dans l’œuvre romanesque de l’écrivain congolais. Son essai littéraire de quatre-vingt-dix-neuf pages, publié par L’Harmattan, est une étude critique qui porte particulièrement sur six romans et un recueil de nouvelles.  

« Le roman devrait prendre en charge tout le discours social : la société et les langues, le sujet et sa propre langue », déclare Alain Ricard. L’écrivain Henri Lopes, qui a évolué dans un contexte sociolinguistique complexe et varié, traîne les marques de cette influence interculturelle dans sa prose, relève le Pr Paul Nzété.

On retrouve, en effet, dans son recueil de nouvelles "Tribaliques" (1971) et dans ses romans, "La nouvelle romance" (1971), "Sans tam-tam" (1976), "Le pleurer-rire" (1982), "Le chercheur d’Afriques" (1990), "Sur l’autre rive" (1992), "Le lys et le flamboyant" (1997), une panoplie de segments et de syntagmes sur certaines langues négro-africaines à travers une écriture foncièrement d’expression française, indique-t-il dans son analyse.

Le Pr Paul Nzété poursuit que les langues dont il s’agit ici, sont par ordre de prédominance, le lingala (parlé dans les deux Congo), le kituba ou kikongo (les deux Congo et l’Angola), le lari (Congo), le kigangoulou (Congo), le mbochi (Congo), le sango (Centrafrique) et vingt autres langues vivantes africaines. Hormis deux langues vertes, fruit de la création de l’écrivain, le kibotama et le kissikimi que le lecteur rencontre dans "Le pleurer-rire", roman au programme en classe de terminale au Congo-Brazzaville.

Pour proclamer son panafricanisme et son identité congolaise, note-t-il, Henri Lopes écrit dans son livre autobiographique, "Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois" (2003), « Je me considère comme un fils d’Afrique, dans toute sa diversité (…). J’appartiens surtout à la famille congolaise ».

L’analyse du corpus par le linguiste donne une occurrence de type lexical, avec un vocabulaire usuel du genre : « moundele (personne de race blanche) », « ndumba (femme aux mœurs légères) », « matanga (veillée funèbre) », « mbongui (aéropage traditionnel) », « niain ! niain ! (une interjection)», « tchadi (pitié) », « tamboula (avance) »…soit deux cent deux lexies répertoriées, les fragments de phrases non comprises.

Cette interférence des langues africaines avec le français dans l’œuvre du romancier Henri Lopes met en évidence, comme le constate le Pr Paul Nzété, « l’incapacité des lettrés africains à s’exprimer de façon soutenue en langues africaines » (p. 78).

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Illustration

Notification: 

Non