Beauté: le cheveu, 3e poste de dépense des femmes congolaises

Jeudi 17 Janvier 2019 - 20:36

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Après le manger et l’habillement, les femmes utilisent une grande partie de leur argent dans la coiffure.  En moyenne, la Congolaise se tresse toutes les deux ou trois semaines. Que ce soit pour leur propre fierté ou pour plaire à un homme, toutes s’accordent à dire qu’il est capital pour une femme d’avoir une tête bien faite.

A cette fin, il faut y mettre le prix.  D’après Soft Sheen-Carson, filiale de L’Oréal, les femmes africaines passent en moyenne trois fois plus de temps à s’occuper de leurs cheveux. Elles utilisent neuf fois plus de produits capillaires que les femmes blanches pour entretenir leur chevelure, donc dépensent beaucoup plus.

Quand on aime on ne compte pas

Malgré les difficultés financières qu’éprouvent de nombreux ménages à Brazzaville, les femmes ne lésinent pas sur les moyens pour s’embellir. Des rajouts sur leurs cheveux aux coiffures rasta et autres perruques, il n’est pas surprenant à Brazzaville de voir des femmes qui aiment fréquemment changer de coiffures atteindre un budget estimé entre vingt mille et cent mille FCFA par mois. Les dépenses à effectuer pour les tresses varient d’une femme à l’autre, selon le modèle demandé, la qualité et la quantité des mèches à utiliser. Pour les tissages, les mèches dites naturelles ne se coiffent pas au même prix que les synthétiques. La fourchette se situe entre deux mille et dix mille FCFA pour le milieu de gamme. Elle monte en flèche pour le haut de gamme.

Actuellement, les Congolaises sont dans la fièvre d’une nouvelle génération de mèches "Lace wig, frontal ou closure". Ces mèches ont plusieurs origines. Au début, elles étaient importées du Brésil, d’Inde, du Nigeria… L’évolution du marché a attiré et poussé des commerçants libanais, chinois, coréens et indo-pakistanais à ouvrir des usines de fabrication de mèches synthétiques, semi-naturelles et même naturelles. Le continent africain est le lieu où l’importation des faux cheveux (tissages, perruques et extensions) est la plus considérable. C’est une industrie qui, d’après un article publié dans Jeune Afrique, pèse aujourd’hui dix à quinze milliards de dollars (8,5 à 12,8 milliards d’euros).

Au salon de coiffure Pauline, par exemple, huit femmes sur dix, qui veulent "changer de tête", optent pour le tissage ou perruque avec "Lace wig ou closure".  Les jeunes congolaises sont très friandes de cette nouvelle tendance aux multiples qualités (indienne, péruvienne, philippino, brésilienne…). Leur longueur s’estime en pouces de 10, 12, 14 et 18, 20, 30, etc. Pour s’en procurer et les faire poser, les Brazzavilloises n’hésitent pas à débourser des sommes allant de cinquante, cent, voire deux cent mille francs CFA ou plus.

Au pays de l’oncle Sam et au Maghreb, ça coûte les yeux de la tête

En Europe, Amérique, Asie et dans certains pays du Maghreb, les prix des coiffures pour les femmes d’Afrique noire sont souvent exorbitants. Même si le rapport qualité prix n’y est toujours pas, ces femmes sont obligées de dépenser des sommes colossales pour entretenir leurs têtes. En France, par exemple, de l’achat à la pose des mèches, celles qui optent pour les mèches au naturel peuvent facilement débourser trois cents ou quatre cents euros (196 000 ou 262 000 FCFA). Ça fait mal au porte-monnaie.

La même tendance est observée dans les pays magrébins comme le Maroc, où plusieurs étudiantes congolaises choisissent de poursuivre leurs études.  « Ici, il est difficile de trouver facilement une personne qui peut te faire des tresses à tout moment comme au pays. Moi, par exemple, je me tresse une fois le mois parce que je veux premièrement protéger mes cheveux car, l’eau avec laquelle on les lave contient du calcaire qui les casse mais aussi parce que le prix est assez élevé. Mon budget ne va pas répondre si je décide de me coiffer plusieurs fois dans le mois », témoigne Gloria Losselé, une étudiante congolaise au Maroc.

A cet effet, plusieurs d’entre elles, selon les saisons, se tressent au même rythme. En hiver, certaines portent la même coiffure pendant deux mois.

Les diktats de la beauté féminine sont nombreux et inconsciemment ou non, une majorité de femmes a déjà été sous leur influence. Rester mince, avoir de beau cheveux, une peau douce..., chaque jour, les femmes sont bombardées d’images qui fixent les codes d’une belle apparence. « La beauté est dans les yeux de celui qui regarde », comme disait l’écrivain irlandais, Oscar Wilde. Il est établi que lorsqu’un grand nombre de personnes adopte un comportement positif à une certaine tendance, d’autres emboîteront le pas. L'apparence occupe une place décisive dans les sociétés actuelles. Et même si on a tendance à l'oublier, elle a un coût considérable, pas seulement pour les femmes mais aussi pour les hommes.

Durly Emilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

Images illustratives

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