Matières premières : plus de 50 % de baisse du prix du cobalt en douze mois

Mercredi 23 Janvier 2019 - 17:39

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La principale ressource minière exportée par la République démocratique du Congo (RDC) a chuté d’environ 55 %, passant de quatre-vingt mille dollars américains début 2018 à trente-cinq mille dollars en janvier courant (Source London metal exchange).

 

 

La situation pourrait placer les prochains animateurs de l’exécutif national dans l’incapacité de tenir leur engagement d’augmenter les recettes nationales prévues dans la loi des finances 2019 et de mettre en œuvre les nouvelles politiques nationales de rupture tant attendues. En effet, en l’espace d'une année, soit de janvier 2018 à janvier 2019, le cours international du cobalt a baissé de manière drastique. Pourtant, en mars dernier, la courbe ascendante s’était établie à quatre-vingt-quatorze mille cinq cents dollars américains la tonne. Ce qui explique, d’ailleurs, que le budget national 2019 ait prévu une production de cent mille tonnes au prix de quatre-vingt-quinze mille dollars américains la tonne.

Le pays sortait alors d’un record mondial de production de cobalt de cent quinze mille tonnes aux trois premiers trimestres de 2018. Mais le prix vient d’enregistrer une baisse extraordinaire, en s’établissant à seulement trente-cinq mille dollars le mois en cours. Ce niveau très bas risque malheureusement de baisser de nouveau avec l’entrée en production des entreprises minières exploitant le cobalt en RDC. En effet, la production de ces entreprises opérant dans le pays a connu un arrêt depuis plusieurs mois. En somme, le pire est bien à venir. 

Selon la presse internationale, la baisse actuelle est le fruit d’une surproduction mondiale du cobalt. Les ventes du minerai sont relativement inférieures aux attentes du marché. Sur le marché international, l’on enregistre une explosion de la demande pour la fabrication des véhicules électriques et autres produits écologiques. Selon diverses analyses sur la question, la baisse du prix du cobalt va bousculer finalement les prévisions budgétaires congolaises plutôt ambitieuses de 2019, arrêtées en recettes comme en dépenses à 5,9 milliards de dollars américains. Il est clair que cet objectif ne devrait pas être atteint si la tendance reste baissière. Or, poursuivent-elles, « toute baisse aurait pour effet direct d’affecter davantage la production annuelle du pays, contrairement à l’année 2018 ». Cependant, le gouvernement de la République a tablé sur une production de cobalt de l’ordre de cent mille tonnes cette année au prix de quatre-vingt-quinze mille dollars américains la tonne. A présent, toutes ces prétentions de l’actuel exercice doivent être revues. Par ailleurs, l’absence de résultats probants dans le secteur primaire empêchera à coup sûr la maximisation des recettes de l’Etat et la consolidation de la croissance.

Avec le cuivre, les deux métaux non ferreux contribuent significativement aux recettes du secteur minier. Pour la petite précision, plus de 75 % des gisements de cobalt et de cuivre se trouvent actuellement dans la province du Lualaba. Autre chiffre important, 60 % du cobalt mondial provient de la RDC, plus précisément du Lualaba. Il s’agit, soulignons-le, des seules ressources minières qui ont été mises en évidence depuis l’époque coloniale alors que le reste des provinces minières ne dispose à ce stade que des indices de richesse. Une situation qui relance le débat sur la forte dépendance de la RDC aux mines et l’urgence de diversifier la production nationale pour réduire la vulnérabilité face aux chocs extérieurs.      

Laurent Essolomwa

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