Environnement et habitat : l’ensablement continue de faire des dégâts à BrazzavilleLundi 4 Février 2019 - 14:45 Des habitations s’engloutissent sous le sable, après chaque pluie, dans certains quartiers de la ville capitale. Face à ce désastre qui ne date pas d’hier et qui prend de l’ampleur dans des zones parfois non constructibles, les habitants sont désemparés.
À Talangaï, le sixième arrondissement, et à Mfilou, le septième, les dégâts sont visibles. Le quartier ‘’Simba pelle’’, à Talangaï, est évocateur de par son nom. Là-bas, toutes les fois qu’il pleut, la population est obligée de prendre les pelles pour créer les canaux d’évacuation d’eau et désensabler les habitations piégées par des coulées de sable. A l’extrémité du marché ‘’Petit-chose’’, pas de canalisation. Sur la principale rue de ce lieu de commerce, les montagnes de sable sont érigées en guise de clôture, de maison en maison, dans le but d’endiguer la furie des eaux. « La solution n’est pas durable mais, lorsque la pluie n’est pas grande, on est quand même à l’abri », reconnaît Igor Oba, un habitant du quartier. Dans certaines zones des quartiers La Tsiémé et Jacques-Opangault, le constat est le même.
« Il n’y a pas de canalisation, nous sommes donc obligés de creuser pour faciliter le ruissellement des eaux et d’utiliser le sable comme barrière pour empêcher l’eau de rentrer dans nos parcelles », a expliqué François Ngoma, dont la maison est menacée par l’ensablement. Pourtant, cette solution n’est que provisoire car, le sable ne peut pas contenir la puissance des eaux quand il s’agit d’une grande pluie. Ces montagnes de sable empêchent, d’ailleurs, aux véhicules d’avoir accès dans la zone parce qu’elles sont érigées dans toutes les ruelles quasiment. Malheureusement, des maisons englouties par l’ensablement sont habitées, les propriétaires n’ayant pas d’alternative malgré les conditions quasiment difficiles. D’autres, par contre, n’ont pas du tout été habitées. Elles ont, en effet, été englouties juste à la fin des travaux de construction sans que les propriétaires n’y passent une seule nuit. Ainsi, sont noyés dans le sable des millions d’investissement. La réglémentation La loi n°21-2018 du 13 juin 2018 fixant les règles d’occupation et d’acquisition des terres et terrains, en son article 42, interdit d’habiter les zones non constructibles. « Les montagnes sablonneuses, les zones sablonneuses dont la pente est supérieure à 5%, les versants des montagnes sablonneuses, les aires protégées ; (…) les zones marécageuses, d’érosion, d’éboulement, d’affaissement, d’inondation, de sable mouvant » ne peuvent pas faire l'objet d'occupation, précise le texte. Visiblement, les maisons qui s’engloutissent sous le sable sont construites dans des zones à risque telles que définies par le texte de loi. Des habitations perchées sur les montagnes sablonneuses du quartier Ngamakosso, à Talangaï, en témoignent. Des occupations anarchiques dans des zones risquées où les parcelles coûtent moins cher. Dans ces zones, il est bien clair que les eaux de pluie et le sable ne font pas bon ménage. Les appels des pouvoirs publics à les libérer ne sont pas entendus faute d’alternative du côté de la population. L'Etat ne devrait pas attendre de mesurer les dégâts en termes de perte en vies humaines pour passer à la vitesse supérieure.
Rominique Makaya Légendes et crédits photo :Photo 1 : Une maison engloutie au quartier Ngambio, à Mfilou
Photo 2 : Une habitation menacée par l'ensablement, à Talangaï Notification:Non |